Front commun pour défendre le Champagne

À quelques semaines de la vendange, Maxime Toubart (au centre) insiste sur la gravité de la situation pour la filière Champagne.

Les Régions Grand Est et Hauts-de-France ont présenté leur front commun pour défendre la filière Champagne, quasiment oubliée comme l’ensemble de la viticulture française par le Gouvernement.

Accueillis par Maxime Toubart au nom du CIVC, Jean Rottner et Marie-Sophie Lesne, Président du Grand Est et Vice-présidente des Hauts-de-France sont venus dire leur soutien à la requête de la viticulture champenoise en matière de fiscalité. Le Président du Syndicat Général des Vignerons a redit l’importance de la filière en quelques chiffres, une filière qui selon lui « navigue à vue et dans le brouillard ».

La première AOC au Monde en valeur (plus de 5 Mds€ de chiffre d’affaires), près de 300 millions de bouteilles en 2019, 10 Mds€ en cave, 300 Maisons de Champagne, 140 coopératives, 18 000 vignerons, 6 000 salariés en CDI, 1 000 emplois salariés dans les coopératives, 40 000 contrats saisonniers et près de 100 000 contrats pour les vendanges… Voilà pour le portrait rapide de la filière.

Et du jour au lendemain, cette évocation du Coprésident du CIVC : « La consommation de Champagne s’est arrêtée au premier jour du confinement. Le vin le plus impacté par la crise. Aujourd’hui, nous avons perdu 30 millions de bouteilles. Nous prévoyons une baisse au bilan 2020 de 100 millions de bouteilles, soit entre 25 et 30% de nos ventes en moins. Une perte de 1,7 milliard d’euros. Avec des conséquences sur les opérateurs, le tourisme et l’économie régionale en bloc. Une crise inédite pour le Champagne ».

250 MPOUR LA VITICULTURE

Pascal Bobilier Monnot, Directeur Général du SGV rappelle l’aide gouvernementale à la viticulture française : « Comparée aux 15 Mds€ pour l’aéronautique ou aux 8 Mds€ pour l’automobile, l’aide à la filière viticole n’est que de 250 M€, dont 100 M€ pour l’exonération de charges sociales… Pour les seules entreprises ayant subi une baisse de 80% du chiffre d’affaires, entre le 15 mars et le 15 mai ». La filière viticole champenoise demande une exonération à 100% pour les baisses de chiffre d’affaires de 60% et de 50% pour toutes autres entreprises.

À quelques semaines de la vendange, Maxime Toubart explique la gravité de la situation : « On va devoir baisser les rendements de manière importante. On va devoir donc baisser aussi nos charges. D’un côté, on va perdre 1,7 Md€, d’un autre, on nous propose 50 M€ de baisse de charges. Le compte n’y est pas. On ne demande pas de l’argent, on demande des exonérations de charges. Nous souffrons de l’image d’un vignoble riche. La casse ne sera pas supportable ».

L’IMAGE TROMPEUSE DU LUXE

Marie-Sophie Lesne, Vice-présidente de la Région Hauts-de-France évoque un front commun : « Le Champagne est une filière éminemment importante pour nos deux régions. Nous avons 10% de l’AOC Champagne dans les Hauts-de-France, plus précisément dans l’Aisne, un peu plus de 3 000 hectares de Champagne et plus de 800 exploitants, plus de 6 millions de bouteilles expédiées en 2019 ».

« Derrière l’image de luxe du produit, ajoute-t-elle, nous pensons aux vignerons et à leurs exploitations parfois modestes et qui ne sont pas aussi solides que l’image du Champagne qu’ils produisent. La filière est en danger. D’autant que très peu d’exploitations agricoles ont fait appel aux prêts garantis par l’Etat ».

CHAMPAGNE, UNE MARQUE MONDIALE

Le Président du Grand Est est revenu sur sa phobie du rouge « La couleur rouge du confinement a fait du mal à notre territoire et encore plus au Champagne et à son activité à l’exportation. Nous devons apparaître aujourd’hui comme la région qui a évacué l’épidémie. Le Gouvernement doit prendre en considération le fait que le Champagne est une marque française qui compte dans le Monde ». Jean Rottner estime quant à lui que cette aide sur les charges est normale, pour le Champagne et pour la Champagne, pour son œnotourisme et sa gastronomie. Faut-il parler de la politique de transition environnementale de la Champagne ? « Nous sommes ici dans un vignoble exemplaire qui prévoit sa transition vers la Haute Valeur Environnementale d’ici à 2025. Et pour cela, il faut permettre aux acteurs du Champagne les moyens d’investir en ce sens ».

Le Ministre de l’Agriculture a été invité par le Président du Grand Est et Maxime Toubart a le mot de la fin : « C’est un appel solennel au Gouvernement. La filière Champagne n’a pas utilisé les aides au chômage partiel. Elle n’a pas à rougir quand elle fait aujourd’hui une demande d’exonération de charges ».

Un nouveau tandem à la tête du Syndicat des Courtiers

Philippe Launois intègre la co-présidence aux côtés de Franck Hagard.

Lors de son assemblée générale qui s’est tenue vendredi 3 juillet, le Syndicat Professionnel des Courtiers en Vins de Champagne a nommé une nouvelle co-présidence. C’est Philippe Launois, membre du Bureau depuis 2009, qui accède à la co-présidence en succédant à Jean-Pierre Dargent aux côtés de Franck Hagard. Depuis 2014, la présence de deux co-présidents a permis au Syndicat des Courtiers d’insuffler une nouvelle dynamique en termes d’animation de la vie interne et de visibilité du rôle central du courtier.

Une organisation qui a permis de nombreuses réalisations telles que la mise en place d’une communication récurrente sur les actions et les positions du Syndicat, la création de sessions de formation interne régulières à destination des membres du Syndicat, le lancement de rencontres techniques baptisées destinées aux professionnels champenois (traçabilité, cybersécurité…), la mobilisation pour la défense de la profession de Courtier, la prise en charge de l’organisation à Reims du Congrès national des Courtiers en 2016, et une présence renforcée sur des sujets interprofessionnels comme le renouvellement des accords, le bon de livraison ou encore la décision interprofessionnelle n°187 dans laquelle sera d’ailleurs intégrée une nouveauté : « la proposition préalable à la signature » qui place le courtier en position centrale.

« Grâce à notre démarche proactive envers les représentants des familles champenoises depuis six ans, notre représentativité et notre reconnaissance au sein de la profession champenoise ne sont plus des sujets », commente Jean-Pierre Dargent.

Dans le contexte actuel post-COVID 19 et la crise économique liée, le SPCVC rappelle l’indispensable cohésion dont doivent faire preuve les Champenois : « Unis, les Champenois parviendront à passer cette crise en misant sur la qualité avant tout », insiste Franck Hagard. Au cœur de cette crise, la dynamique de valorisation et l’objectif de qualité sont des facteurs que le Syndicat des courtiers partage depuis longtemps. Par leur rôle d’intermédiation, de garants de terrain des règles interprofessionnelles mais aussi par leur indépendance et leur approche à 360 degrés de la Champagne, ils sont des acteurs centraux de ce mouvement, qu’ils continuent d’accompagner au quotidien.

Pour les mois qui viennent, la nouvelle co-présidence a déjà plusieurs projets sur la table comme le toilettage des statuts du Syndicat.

« Nous allons bien entendu continuer d’entretenir nos relations de proximité avec les différentes organisations professionnelles ».