Fortunes de mer

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Cédric Rosemont a cofondé Next4, dont le système de tracking permet de suivre les péripéties d’un container maritime pendant son trajet.

Lorsqu’on envoie des marchandises à travers le monde dans le container d’un bateau, c’est peu dire qu’il peut arriver toutes sortes d’imprévus. Le container peut être ouvert, perdu en mer, envoyé ailleurs par erreur… Autant d’aléas que la start-up Next4, fondée en mars de l’année dernière par Cédric Rosemont et Nicolas Séjourné, entend surveiller. Les deux hommes se sont connus au sein d’Axible Technologies, que dirigeait Cédric Rosemont, une start-up de Labège spécialisée dans l’internet des objets qui s’est fait par exemple connaître pour avoir développé le premier objet communicant intégré aux sacs LouisVuitton, permettant de suivre leur déplacement lors des voyages en avion.

« Grâce à cette expérience, on a pu voir quel intérêt avait le fait de géolocaliser des objets à l’échelle internationale, ce qui aujourd’hui n’est pas aisé et ce que tous les protocoles de communication ne permettent pas de faire, explique Cédric Rosemont. Donc nous avons décidé de créer Next4 pour porter ce savoir-faire dans le monde de la logistique maritime » grâce à un « tracker » bardé de capteurs qui, installé pour moitié à l’extérieur, pour moitié à l’intérieur d’un container, « permet de le géolocaliser sur des points clé, car notre produit est capable d’identifier des changements de mode de transport, ou le moment du chargement – on a par exemple enregistré les mouvements de grues » pour les reconnaître.

Le tracker, baptisé N4View, identifie aussi les ouvertures de portes en plein trajet en cas de vol (sachant qu’aujourd’hui, « la valeur moyenne d’un container est autour de 120 K€, mais ça peut monter jusqu’à 1 M€ ! »), ou des inclinaisons trop importantes du container, ainsi que la température et l’hygrométrie – une problématique d’autant plus importante que Next4 vise, parmi ses marchés, l’import-export de vins et de spiritueux. Pensé pour être commercialisé en mai aux alentours de 80 €, « le retour sur investissement est évident, y compris en ce qui concerne les assurances », ajoute Cédric Rosemont, sachant que celles-ci constituent entre 0,2 et 0,4 % du prix total de la marchandise… Mais Next4 ne compte pas s’arrêter là : un laboratoire commun sera bientôt mis en place avec l’École des Mines d’Albi pour développer les services de prédiction des risques selon les trajets pour les sous-traitants.

Après avoir reçu le soutien de BPI-france, qui lui a alloué un financement de 650 K€, la start-up compte recruter quatre salariés pour les parties commerciale, de développement logiciel et support, et vise un chiffre d’affaires d’1,2 M€ pour l’année prochaine – et même 8 M€ en 2022, en pariant sur le fait que chaque année, un gros industriel comme Michelin envoie par exemple « 100 000 containers » à l’étranger. En attendant, Next4 prépare une seconde levée de fonds – après une première réussie en fin d’année – pour 2020.