Fondation du Patrimoine : le mécénat se porte bien

Pierre Possémé, président de la Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne, entouré de Noémie Coibion et de Bernard de Lauriston, chargés de mission. (Photo : Benjamin Busson)

La Fondation du patrimoine Champagne-Ardenne enregistre des dons en hausse d’année en année.

Délégué régional de la fondation du Patrimoine, Pierre Possémé l’avoue : son territoire aime le patrimoine et le prouve année après année : « Il y a une vraie générosité et nous constatons une hausse des dons, en dehors même du dossier Notre-Dame de Paris. Nous avons enregistré 880 000 euros de dons en 2018. Cette année, nous avons déjà collecté plus de 242 000 euros. Nous dépasserons dons très certainement le million d’euros, sachant qu’il y a toujours une accélération en fin d’année, au moment des impôts… ».

Pour le premier semestre 2019, la section Champagne-Ardenne de la Fondation enregistre en effet une progression de +42% des dons par rapport à la même période en 2018. Au niveau des adhésions également, avec 274 dons déjà enregistrés en 2019 contre 150 l’année précédente, la progression est spectaculaire (+66%).

Une poussée de l’intérêt des Français et aussi Champardennais pour le mécénat patrimonial qui ne se dément pas depuis cinq ans avec des exemples marquants en région. « La Chapelle Saint-Joseph de Reims a été un des plus beaux dossiers au niveau national et un des plus beaux exemples de mécénat avec 100% des travaux payés par les mécènes. Tout comme le dossier de la Croix de Lorraine de Colombey-les-deux-Eglises qui a récolté davantage que le montant nécessaire aux travaux grâce à plus de 3000 donateurs ». Musée Renoir (Essoyes, Aube), Musée Rimbaud (Charleville, Ardennes), Château-Perrier (Epernay, Marne) sont eux aussi des dossiers suivis par la Fondation.

NOMBREUX PROJETS EN COURS

« Le patrimoine ne concerne pas que les bâtiments : les souscriptions peuvent être aussi lancées pour des objets, comme pour le Cahier bleu de Georges Bataille, la locomobile de Vendeuvre (Aube), et bientôt l’avion Broussard de Bétheny ou le Pressoir d’Aÿ. Cela peut concerner également des beaux jardins ou du patrimoine industriel ». Après avoir accompagné le théâtre de Bar-le-Duc en 2018, la « Mission Bern » (Le Loto du patrimoine 2018 a reversé 313 000 euros à la Champagne-Ardenne) sera destinée cette année dans la région Grand Est au dossier du Moulin de Bar-sur-Seine. « Le moulin fournit l’équivalence de la population de la commune. C’est un projet à caractère écologique qui colle parfaitement à l’air du temps », souligne Pierre Possémé, également séduit par le dossier des Thermes gallo-romains de Warcq (Ardennes), qui prévoit la mise hors d’eau du chantier et la création d’un circuit de visite pour le public. « On parle beaucoup de la Grande Guerre dans notre région et c’est bien normal, mais il y a également des choses à faire en matière de tourisme vert et notamment un circuit touristique sur l’histoire gallo-romaine de notre territoire ».

Le président de la Fondation du Patrimoine va également lancer un appel à projets avec l’APIC (L’Association pour le Patrimoine Industriel de Champagne-Ardenne) pour monter un dossier sur la thématique du patrimoine industriel auquel les Français sont très attachés. Mais la Fondation accompagne également les particuliers et les collectivités dans leurs projets de rénovation grâce à des crédits d’impôts à hauteur de 50% du montant des travaux pour les premiers et à des subventions pour les secondes. D’autant que tous les chantiers engagés sont synonymes d’activité pour les entreprises spécialisées dans la construction et la restauration, comme le rappelle Pierre Possémé : « Le patrimoine est consommateur de main d’œuvre et ce sont surtout des emplois non délocalisables. Et les visites de monuments d’exception permettent de faire fonctionner tout un pan de l’économie, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ».

UN EFFET NOTRE-DAME ?

Si certains de ses homologues craignaient que l’épisode de la Cathédrale Notre-Dame et son afflux inattendu de dons de très grande ampleur pénalise les sections locales de la Fondation, il n’en est rien. « Nous avons reçu beaucoup de chèques de 10, 20, 30 euros voire plus, pour Notre-Dame que nous avons fait suivre à Paris, pour un montant de l’ordre d’une centaine de milliers d’euros. Mais il y a surtout eu de très gros mécènes tels que Total ou les familles Arnault et Pinault, par exemple, qui se sont mobilisés pour ce chantier ». Pour Pierre Possémé, fondateur de l’entreprise Le Bâtiment Associé à Muizon (Marne), ancien président de la Fédération Française du Bâtiment de Champagne-Ardenne, le chantier de reconstruction de Notre-Dame n’atteindra pas le milliard d’euros. Les nombreux dons envoyés, s’ils ne peuvent être réaffectés à d’autres chantiers patrimoniaux, ne seront pas perdus pour autant : « Chaque année, Notre- Dame fait l’objet de subventions de la part du ministère de la Culture. Cet excédent de dons sera donc alloué à ce monument pour plusieurs années ».

Quant à la volonté du Président de la République de réaliser le chantier dans les cinq ans, Pierre Possémé réagit : « La reconstruction peut être réalisée d’ici là. Mais la rénovation prendra beaucoup plus de temps. Le chantier lié à la statuaire ou aux vitraux qui ont brûlé va nécessiter un budget en taille de pierre et de sculpture bien plus important que celui de la flèche ! Aujourd’hui ce qui est intéressant c’est que ces travaux ne manqueront pas de moyens. Il faudra rebondir sur ce chantier exceptionnel pour monter un grand plan de formation et donner envie aux jeunes de se diriger vers nos métiers ».

7 MEN 15 ANS
En Champagne-Ardenne, la Fondation du patrimoine a accompagné 630 projets publics et privés pour un montant total de plus de 97 millions d’euros de travaux réalisés. Depuis 2003, plus de 7 millions d’euros de dons ont été recueillis grâce aux particuliers et aux entreprises pour 2913 emplois main- tenus ou créés en Champagne- Ardenne.

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