Basée dans le Gard, la start-up développe des solutions destinées au grand public comme aux professionnels de santé.
Une poignée de services d’urgence est aujourd’hui connectée à UrgencesChrono, la solution développée par la start-up gardoise Focus Santé mais sa cofondatrice, Céline Jardy-Triola, espère bien voir ce chiffre rapidement décoller. Médecin urgentiste pendant huit ans aujourd’hui médecin généraliste, elle a participé le 17 novembre dernier à la 16e édition d’Occitanie Invest, ces rencontres entreprises investisseurs organisées par Ad’Occ, l’agence de développement économique de la Région. L’occasion pour Céline Jardy-Triola d’amorcer une levée de fonds de 1,5 M€. Un montant qui doit permettre à la pépite, créée en 2016, d’accélérer son développement en musclant dans un premier temps sa force commerciale et ensuite en renforçant son équipe technique.
Disponible sur iOS et Android, l’application UrgencesChrono géoréférence « tous les centres sans rendez-vous où les patients peuvent se présenter pour des soins urgents », détaille Céline Jardy-Triola (services d’urgence, publics comme privés, maisons médicales de garde, centres de premiers recours et pharmacies de garde), et restitue pour chacun le temps d’attente. « Les gens peuvent ainsi s’orienter vers celui qui est le plus disponible et être pris en charge plus rapidement, poursuit le médecin. L’autre intérêt, c’est que les soignants qui sont déjà débordés, évitent de recevoir encore du monde. »
EXPÉRIENCE PATIENT
Cette remontée d’informations, à l’origine communautaire (basée sur les déclarations des patients et des soignants), est désormais entièrement automatisée. « Nous avons développé notre propre logiciel qui peut s’interfacer avec n’importe quel logiciel de gestion des urgences », détaille Céline Jardy-Triola. Il permet de calculer ce temps d’attente, lequel est transmis au patient via l’application UrgencesChrono mais aussi affiché dans la salle d’attente des urgences. Un affichage bienvenu selon Céline Jardy-Triola, car explique-t-elle, « les patients manquent souvent d’informations et cela génère de l’anxiété et de l’agressivité envers les soignants, les secrétaires, etc. ».
Focus Santé répond ainsi à une attente de plus en plus forte des établissements de soins « qui sont de plus en plus préoccupés par l’expérience patient, la qualité de l’accueil. Il y a donc une vraie cohérence à leur fournir un logiciel qui permet d’améliorer le service ».
QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL
Mais au-delà de l’application grand public, la start-up développe surtout des solutions dédiées aux professionnels de santé, disponibles en mode SaaS et vendues par abonnement. L’une, UrgencesChrono Pro, fournit aux services d’urgences un tableau de bord qui leur permet d’optimiser leur organisation. « Les professionnels savent en permanence combien de personnes sont en attente dans le service, combien sont prises en charge, les délais d’attente. Mais nous proposons également du prévisionnel sur la journée. Le médecin chef sait ainsi quels sont les passages prévus dans la journée afin d’anticiper soit en matériel soit en moyens humains. Ils ont aussi connaissance du nombre de lits disponibles dans l’établissement grâce à une option de bed management, sachant que les médecins passent beaucoup de temps à chercher ces fameux lits d’aval. Ils peuvent faire une réservation directement dans le service pour gagner du temps », détaille Céline Jardy-Triola.
Parallèlement, Focus Santé a développé UrgencesChrono Régul, dédiée aux Samu. « L’interface permet de remonter toutes les informations des services connectés à l’échelle du département. Elle permet ainsi au Samu de mieux orienter les patients, puisqu’il a une visibilité instantanée sur chaque service et sur les lits disponibles. C’est un véritable outil de pilotage et d’optimisation du réseau de soins à l’échelle d’un département », poursuit-elle.
En test dans un établissement pilote, l’hôpital de Bagnols-sur-Cèze dans le Gars, depuis mars, les solutions développées par Focus Santé, qui compte aujourd’hui cinq collaborateurs, sont commercialisées depuis septembre. Quatre établissements du groupe héraultais Cap Santé sont déjà équipés, « et nous sommes en train de faire des devis pour équiper une région ». Ces solutions intéressent également « les Agences régionales de santé, qui y voient la possibilité, à leur échelle, de piloter l’offre de soins. »
« Tous les établissements ont intérêt à optimiser leur fonctionnement, assure Céline Jardy-Triola, à la fois pour accueillir plus de patients dans de bonnes conditions, améliorer l’expérience patient mais aussi améliorer la qualité de vie au travail pour les équipes, sachant que c’est très dur de travailler aux urgences. Le ROI pour les chefs d’établissement est donc à plusieurs niveaux. »
