Flap : pas de Cabaret vert mais de nombreux projets en cours

Les festivaliers attendent avec impatience et fébrilité le retour du Cabaret sur la plaine de Bayard.

Directeur de Flap, organisateur du Cabaret vert, Julien Sauvage évoque ici l’annulation successive de deux éditions et les nombreux projets sur lesquels l’association travaille quotidiennement.

Après l’annulation de l’édition 2020, l’association Flap a du se résoudre la mort dans l’âme à une seconde année blanche. Vitrine culturelle du département, le Cabaret vert qui a l’habitude de drainer régulièrement plus de 100 000 festivaliers en quatre jours à Charleville-Mézières n’aura pas lieu du 19 au 22 août.

« Suite à la réunion du 18 février avec la ministre de la Culture, nous avons jeté l’éponge et décidé de reporter la manifestation à 2022. On ne pouvait pas organiser un festival au rabais avec une jauge limitée à 5000 places assises alors qu’en enregistrant d’ordinaire 25.000 spectateurs par jour, soit un taux de remplissage de 95 à 96%, on a déjà du mal à équilibrer les comptes. Il était donc impossible pour nous de maintenir le Cabaret dans un cadre aussi contraint et restrictif. C’était budgétairement intenable et incompatible avec la programmation envisagée » explique Julien Sauvage, directeur de Flap.

Malgré ces deux gros coups durs successifs, Flap qui compte aujourd’hui 14 salariés, 2 500 bénévoles et un budget de 6,5 millions d’euros est en mesure de survivre et de passer ce cap difficile.

« Les collectivités publiques sont restées à nos côtés et grâce à l’exceptionnelle mobilisation des partenaires privés, de notre centaine d’adhérents, de différents donateurs (dont des riverains et des festivaliers) et enfin grâce aux aides de l’Etat à travers le fonds de solidarité et l’activité partielle qui, on l’espère, seront prolongées, notre festival pourra rester debout », indique le fondateur de l’évènement ardennais. La première annulation a d’ores et déjà pu être digérée. « Si déficit il y a, ce sera suffisamment faible pour qu’il soit absorbable ».

Concernant le second report, le fait d’avoir pris très vite la décision a permis à Flap d’engager moins de dépenses et notamment d’acomptes aux artistes. Ce qui a sérieusement amoindri la casse même s’il est encore trop tôt pour chiffrer exactement les dommages collatéraux.

REBONDIR SUR UN PLAN B DANS UN LIEU ÉPHÉMÈRE

Heureusement, Flap peut compter sur plus de 400 000 euros de subventions publiques (6 à 7% de ses ressources), un peu plus d’un million d’euros de fonds privés grâce à 400 entreprises partenaires (20 % du budget) –« ce qui montre l’importance de notre réseau et prouve toute notre crédibilité » – et 75% de recettes diverses dont bien sûr la billetterie, principale source de revenus.

« Reste que nos fonds propres sont extrêmement limités puisqu’ils s’élèvent au bout de 17 ans d’existence à seulement 120 000 euros » constate la tête pensante du festival carolo.

Voulant éviter un vide estival, Flap malgré le manque de visibilité travaille sur un scénario de remplacement. Ce format bis, intiulé Face B, forcément différent du Cabaret vert, même si l’ADN restera le même, aura lieu de mi-août à fin septembre sur le site de La Macérienne. Si le cadre de cette manifestation reste encore flou, ce lieu culturel éphémère à ciel ouvert fera la part belle à la projection de films, aux débats, à des tables rondes et à l’univers de la BD, souvent vampirisé durant le festival par les têtes d’affiches internationales, et bien sûr à la musique.

« On veut profiter de cet évènement ambitieux pour faire connaître le site où on travaille au quotidien et ses 10 000 m2 de bâtiments en y organisant des moments journaliers d’animations et de vie. L’accès sera gratuit. Ce sera un endroit « after work » et convivial où les gens pourront venir tous les jours après le travail pour se détendre, se distraire et boire un verre ou se restaurer si l’évolution de la pandémie et la montée en puissante de la vaccination peuvent le permettre. Chaque week-end sera axé sur la musique et il y aura un gros temps fort musical avec la jauge minimale de 5000 places assises voire mieux si cela s’avérait possible », détaille Julien Sauvage en précisant « c’est un pari, une prise de risques car contrairement au Cabaret, on n’a pas de retour d’expériences. Mais c’est l’événementiel qui veut ça ».

PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ, CRÉATION D’UN TIERS LIEU ET EXTENSION DU SITE DU FESTIVAL

Hormis Face B, Flap profite aussi des effets de la crise sanitaire pour avancer dans d’autres projets.

Avec Ardennes Métropole et Helliogreen, l’association a créé une SAS pour réhabiliter l’ancienne centrale hydroélectrique de La Macérienne avec l’objectif de produire de l’électricité pour la réinjecter dans le réseau. « On espère atteindre l’équivalent de la consommation d’une centaine de foyers ».

Toujours en connivence avec la communauté d’agglomération et sur le même site, Flap y prépare l’installation d’un tiers lieu et la création d’équipements de musiques actuelles tout en prenant part à la rénovation du Forum en centre-ville.

Enfin, parallèlement à tout cela, Flap entend mener à bien l’extension du site du festival en prolongeant l’emprise actuelle du stade Bayard vers la rue de l’industrie jusqu’aux usines Hanon Systems et Arden Equipement. « On a déjà consulté une bonne partie des propriétaires fonciers. C’est une étape absolument nécessaire à notre développement. Pour que le Cabaret vert soit viable, rentable et donc moins fragile, il faut qu’on gagne de la surface sinon on aura toujours le couteau sous la gorge », déclare Julien Sauvage qui se réjouit déjà de la fin des travaux de dépollution et du début des ouvrages de pré-voirie effectués à Bayard. Ce chantier vertigineux pour lequel une étude d’impact environnemental a déjà été lancée est plutôt vue avec bienveillance par les élus locaux d’autant que l’aménagement de chemins piétonniers et de deux à cinq ponts flottants sur la Meuse pour relier les plaines de Bayard et Montjoly au milieu de 40 hectares de verdure présente aussi un attrait pour les Carolomacériens et les touristes en servant de voie de déplacements.

Entre la tenue des prochains festivals, les salariés de Flap ont beaucoup de grain à moudre…

OSMOSE AVEC LE FESTIVAL MONDIAL DES MARIONNETTES

Du 17 au 26 septembre prochain, à l’occasion de la 21e édition du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, les deux plus grands festivals de la Région Grand Est vont coopérer pour la première fois. En cette année de crise, les deux associations uniront leurs forces en réfléchissant et en agissant de concert à la conception d’une offre conjointe artistique, ludique et festive : Face B. Cela afin de participer artistiquement, médiatiquement et touristiquement à une dynamique de territoire exceptionnelle. Cette coopération qui est une grande première permettra d’étendre les propositions de spectacles de marionnettes pendant le Festival. Celui-ci investira la Macérienne, lieu culturel éphémère animé par Flap, de spectacles, conférences et autres surprises marionnettiques autour d’une thématique bien spécifique.

Ce qui permettra de faire découvrir au public cette ancienne usine appelée à redevenir un véritable pôle d’attractivité dans les années à venir. Dès lors, Charleville-Mézières, Capitale Mondiale de la Marionnette et Cité des Festivals du Grand Est, deviendra-t-elle également en cette fin d’été la Capitale française de la culture ?