Filière viticole : deux « ministres », sinon rien

Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Franck Riester (à droite sur la photo), le secrétaire d’État chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne (deuxième à gauche), ainsi que Guillaume Gomez (au centre) - le chef historique du palais de l’Élysée - représentant personnel du Président de la République pour la gastronomie française se sont rendus à Chablis, mardi 20 juillet, pour échanger avec les viticulteurs bourguignons. Crédit photos : Judith Litvine - MEAE.

Franck Riester et Jean-Baptiste Lemoyne se sont rendus à Chablis, mardi 20 juillet, pour assurer aux producteurs, aux acteurs de l’œnotourisme et aux élus locaux le soutien de l’État.

Le Bureau inter-professionnel des vins de Chablis (BIVC) était en effervescence mardi matin. Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité et le secrétaire d’État chargé du Tourisme s’étaient conviés mardi à une réunion de travail incluant les professionnels du secteur viti-vinicole et des représentants des collectivités territoriales, à laquelle participait également Guillaume Gomez – le chef historique du palais de l’Élysée – représentant personnel du Président de la République pour la gastronomie française. Annoncée, la présence de Clément Beaune, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, a finalement été annulée à la dernière minute.

Ce transport ministériel intervient dans un contexte économique particulier pour les viticulteurs français et en premier lieu pour producteurs du Chablisien. Sur le plan des exportations, si l’annonce d’un accord entre l’Union européenne et les États-Unis gelant pour les cinq prochaines années les surtaxes liées à la guerre commerciale entre Airbus et Boeing constitue une bonne nouvelle, la crise sanitaire, puis les gelées tardives du printemps, ont fortement ébranlé les exploitants icaunais dont certains doivent faire face à des besoins impérieux de trésorerie. « Des suggestions ont été formulées comme le dégrèvement des taxes locales lors des deux ou trois prochaines années », a souligné Franck Riester qui a, par ailleurs, mis en avant le volet export du Plan de relance gouvernemental.

L’ŒNOTOURISME, UN LEVIER ÉCONOMIQUE ESSENTIEL

Parmi les premiers territoires à avoir obtenu le label national « Vignoble et découverte », le Chablisien fait figure de bon élève en matière d’offre œnotouristique. À l’heure où le Gouvernement promeut un été « bleu-blanc-rouge » après un dernier exercice placé sous le signe de la crise pandémique, Jean-Baptiste Lemoyne, qui occupait naguère la présidence du Comité départemental du tourisme (CDT) de l’Yonne, a rappelé que « l’œnotourisme représente à lui seul dix millions de touristes par an dont la moitié de clientèle étrangère ». Un marché porteur donc, qu’il convient d’accompagner : « Dans l’Yonne, des entreprises se sont positionnées sur ce secteur et proposent de découvrir le vignoble avec différents moyens de transports. » L’Icaunais a indiqué qu’il plaiderait auprès du Président de la République pour que l’œnotourisme figure parmi les piliers du plan de reconquête du tourisme qui sera dévoilé cet l’automne. À l’issue de cette réunion aux allures d’opération de communication, les représentants du Gouvernement ont visité la cuverie de la coopérative La Chablisienne qui commercialise près de dix millions de bouteilles par an.

Deux poids, deux mesures

Dûment accrédité comme il est l’usage lors des visites protocolaires, Le Journal du Palais a répondu favorablement à l’invitation du cabinet interministériel pour échanger avec les membres du Gouvernement, à l’instar d’une demi-douzaine d’autres représentants des médias. S’il est de plus en plus fréquent, depuis la crise sanitaire, de réserver l’exclusivité de la couverture photographique à un « pool » limitant drastiquement la possibilité de réaliser des clichés, les journalistes, une fois sur place, ont eu la désagréable surprise d’apprendre que la seule « interview officielle » serait accordée au quotidien historique local, Le Journal du Palais – unique hebdomadaire régional d’informations économiques en Bourgogne Franche-Comté – devant se contenter d’attendre comme ses homologues que les deux ministres, visiblement très surpris, eux aussi, par la manière de faire, veuillent bien lui accorder quelques minutes d’attention. La liberté d’informer, ce matin-là, était visiblement aux « abonnés absents ».