Anaïs TestartFaire vivre la culture locale

Anaïs Testart, directrice du Théâtre municipal de Charleville.

Le théâtre municipal de Charleville-Mézières dirigé par Anaïs Testart, a rouvert ses portes, vendredi, après six mois d’arrêt. Sa directrice s’épanche sur le travail en amont de son équipe.

Anaïs Testart, 35 ans, originaire de Saint-Quentin (02) dirige le Théâtre municipal de Charleville (TCM) depuis décembre 2018. Construit entre 1835 et 1839 par l’architecte Louis-Clément et, aujourd’hui, inscrit Monument Historique, le TCM est un équipement culturel majeur au sein de la Préfecture des Ardennes.

Après sept ans d’études passés en classe préparatoire littéraire (hypo-khâgne et khâgne), une licence en langue et littérature étrangère espagnole, une licence professionnelle patrimoine, tourisme et environnement et un Master histoire de l’Art, Anaïs Testart a travaillé en collectivités locales en tant que responsable de la communication et de l’événementiel des mairies de Saint-Quentin en 2010 et Noisy-le-Sec en 2012. Avant d’avoir l’opportunité, en mai 2014, d’intégrer le théâtre « Le Chevalet » à Noyon comme directrice adjointe.

« Dans l’Oise, durant quatre ans, j’ai participé à la programmation et à la gestion des équipes et du budget administratif, de la coordination des évènements accueillis au théâtre tout en m’occupant de la « com » et des déclarations de droits d’auteur ». Un acquis qui l’a sûrement mise en confiance pour postuler en fin d’année 2018 au poste de directrice du théâtre carolomacérien où elle a succédé à Eric Belkhirat. « Après avoir fait l’expérience d’une scène conventionnée, j’ai voulu franchir un palier supplémentaire en menant un véritable projet de territoire. J’ai pris cette fonction dans les Ardennes alors que la saison 2018-2019 était déjà largement entamée. J’en ai donc profité pour faire l’état des lieux de la maison, mieux découvrir le personnel en place et sa manière de fonctionner, tout en me familiarisant avec l’infrastructure et en m’activant sur le développement de la campagne suivante ».

Dans son nouveau rôle, Anaïs Testart encadre une équipe composée d’un régisseur général, de cinq techniciens, d’une employée administrative et de chargées de communication et de billetterie auxquels vont bientôt s’ajouter deux agents actuellement en cours d’embauche : l’un pour les relations publiques et actions culturelles, l’autre pour l’entretien. Soit douze personnes au total.

Enchantée d’exercer dans un lieu aux nombreuses richesses culturelles avec, bien sûr, le Festival mondial des marionnettes, le J -365 et le Cabaret vert mais aussi des événements locaux tel que « La nuit blanche », la Biennale des Ailleurs et Plein Sens, la jeune femme s’est projetée avec enthousiasme et envie dans ce nouveau programme. « Dans la conception du programme artistique et culturel 2020-2021 dont on vient de présenter la plaquette au public, j’ai voulu rééquilibrer les disciplines, intégrer davantage de spectacles pour le jeune public et notamment la petite enfance, proposer des spectacles vivants accessibles à tous en prise avec le monde d’aujourd’hui et reflétant l’actualité. Cela tout en m’appuyant sur les attentes et demandes des spectateurs ».

45 SPECTACLES ET 80 REPRÉSENTATIONS

Après une fin de saison 2019-2020 trop vite stoppée par la crise sanitaire, « après de bons retours sur les spectacles que nous présentions et une augmentation sensible de la fréquentation, nous avons été contraints d’arrêter le soir de la pièce « Je clique, donc je suis » sans pouvoir donner la deuxième représentation, le lendemain. On est donc tous impatients d’ouvrir à nouveau le rideau et rebondir après cette traversée du désert », Anaïs Testart a profité de ce grand vide culturel en occupant ce repos forcé pour entreprendre différents chantiers. Comme la remise en état de la scène, des travaux de maintenance et la rénovation de la façade principale.

Et, cette semaine, la nouvelle saison va prendre son envol avec une jauge limitée à 370 places. 45 spectacles et 80 représentations sont d’ores et déjà fixées.

Avec une programmation dense, éclectique et pluridisciplinaire (musique, danse, marionnettes, cirque, magie, récit, humour, one man show et théâtre), Anaïs Testart proposera, grâce à un budget artistique de 240 000 euros servant à assurer les contrats des artistes, de faire voyager le spectateur plus haut, plus loin dans et hors les murs.

LE REFLET DE LA SOCIÉTÉ

« Cette campagne sera rythmée. Elle permettra d’aborder des questions d’identité et d’engagements comme la place de la Femme, l’immigration ou les notions de quête et d’odyssée, à l’image des problématiques qui traversent la société et interrogent l’humanité. Chacun pourra naviguer de comète en comète, avec des créations régionales inventives, des propositions hexagonales de grande qualité ou encore des œuvres anglaises, espagnoles, canadiennes, suisses et syriennes ».

Parmi les temps forts : « Un cœur Moulinex », « André Y Dorine » « Dom Juan », « Mes fruits avec Patti », « La vie et la mort de J. Chirac, roi des Français », « L’enfance à l’œuvre » de et avec Robin Renucci qui fera entendre des textes de Marcel Proust, Romain Gary, Paul Valéry et bien sûr Arthur Rimbaud et « Ad Vitam » d’Alex Vizorek.

Le fruit d’un travail de réflexion de plusieurs mois réalisé en amont et qui implique d’adhérer à des réseaux de programmateurs et professionnels, d’effectuer des déplacements à Paris et en Province pour scruter des festivals ou répondre à des invitations de compagnies et d’artistes.

« En complément de cette mission où je privilégie la vision des spectacles, c’est toute une chaîne qui œuvre aussi au quotidien pour accueillir au mieux les artistes retenus, apporter du rêve, de l’émotion et de la sensibilité à nos 850 abonnés, préparer les contrats et assurer la médiatisation et la billetterie ».

L’activité de ces différents maillons fait dire à Anaïs Testart que son « poste explore de multiples facettes. C’est une chance de faire ce métier passionnant où il y a beaucoup de liens, de partage et d’échanges afin d’arriver à monter un projet global et cohérent. Un fil qu’on tire sur plusieurs saisons en étant curieux et en éveil ». Sur ses temps libres, les passions d’Anaïs Testart restent étroitement liées à son parcours professionnel. « J’aime beaucoup me rendre à des concerts, visiter des expositions et aller au cinéma. »

Parcours

1985 Naissance le 23 juillet 1985 à Saint-Quentin (02).
2010 Entre au service spectacle vivant et événements culturels de la ville de Saint-Quentin.
2014 Devient directrice adjointe du théâtre du Chevalet à Noyon.
2018 Prend la direction du théâtre municipal de Charleville-Mézières.