Fabrice Gillotte prépare Pâques et l’avenir

Deux mois après l’incendie qui a détruit le site de production de Norges-la-Ville, Fabrice Gillotte et ses équipes se sont totalement réorganisés pour honorer Pâques. Un challenge qui a été possible grâce à une grande solidarité, comme en témoigne aujourd’hui le chocolatier.

«On va revenir encore plus beau et plus fort. » Il est 13h45, mardi 19 janvier lorsqu’un incendie se déclare dans la fabrique de Fabrice Gillotte. Trois heures plus tard, le site de production du chocolatier à Norges-la-Ville est totalement détruit. « Dès le lendemain, nous travaillions sur la réorganisation et nous avons eu la chance de pouvoir reprendre la production quatre jours plus tard à Paris, chez Patrick Roger qui a accueilli nos équipes pendant 15 jours », explique Fabrice Gillotte. Au total, dix collaborateurs sont partis dans des conditions d’hébergement et de restauration compliquées et dix intérimaires ont été recrutés sur place pour pouvoir produire quatre tonnes des célèbres bonbons de chocolat. Le temps pour le meilleur ouvrier de France dans sa catégorie de transformer l’entrepôt de stockage jouxtant la fabrique en site de production. « Heureusement, à l’époque, nous avions tout prévu aux normes agroalimentaires, mais nous avons dû tout déménager, acquérir de nouvelles machines et équiper le bâtiment, grâce au travail exceptionnel des entreprises Binet, Boch et Curot construction. Quant au stockage, nous avons eu la chance de pouvoir déménager sur la zone du Marché de l’agro, grâce à Jérôme et Hugo Meunier qui nous ont mis à disposition un espace de 400 mètres carrés. Sans toutes ses personnes et cette solidarité, nous serions morts… », confie Fabrice Gillotte. Aujourd’hui, les équipes du chocolatier produisent et conditionnent sur une surface de 200 mètres carrés : « Ça demande une certaine organisation qui est différente de lorsque nous avions 1.200 mètres carrés, mais on sait aussi d’où on vient ! On n’est pas né dans 2.000 mètres carrés mais plutôt dans un placard de 50 mètres carrés ».

TOUT RECONSTRUIRE POUR ÉCRIRE UNE NOUELLE PAGE

Si en un mois et demi, Fabrice Gillotte a pu, grâce à la générosité de ses fournisseurs, récupérer 50 % du matériel nécessaire à la production, il se projette déjà dans l’avenir. « On a aujourd’hui l’impression de faire du camping, mais d’ici six semaines, nous allons agrandir tout autour de notre site actuel avec quatre nouvelles cellules pour doubler notre surface de production et nous organiser pendant les 15 mois à venir », développe-t-il. En effet, pendant ce temps, l’ensemble du site sinistré sera déconstruit pour laisser place à une nouvelle fabrique. « Nous allons totalement modifier la structuration et les flux de l’atelier. Ce qui était notre site de stockage et qui est aujourd’hui notre site de production temporaire sera demain entièrement consacré à la pâtisserie, pour que le nouveau site qui sortira de terre d’ici 2022 soit lui consacré au chocolat, avec une partie stockage », révèle Fabrice Gillotte. Un chantier qui pourrait bien se chiffrer à plusieurs millions d’euros mais qui permettra surtout au chocolatier et à ses collaborateurs de prendre un nouveau départ. « Lorsque nous allons revenir, nous allons être énervés, concède-t-il, non sans une certaine détermination. Il va falloir rattraper le temps perdu et émerveiller encore plus les gens qui nous suivent, nous soutiennent ou nous découvrent ». Si dans les 15 prochains mois, Fabrice Gillotte ne pourra proposer l’ensemble de sa gamme de produits dans ses trois boutiques (Dijon, Beaune et Besançon), ainsi que sur sa boutique en ligne qui a rouvert depuis début mars, il compte aller encore plus loin grâce à l’ensemble de ses fournisseurs qui lui permettront de s’équiper de ce qui se fait de mieux en matière de technologie avant-gardiste sur le marché mondial.

PÂQUES EN UN TEMPS RECORD

« Au lendemain de l’incendie, nous n’imaginions même pas pouvoir faire Pâques. Et se rendre compte que finalement, nous arrivons à le faire, c’est exceptionnel et c’est grâce à tous nos collaborateurs qui ne lâchent rien. » Alors qu’habituellement il leur faut huit semaines, les équipes de Fabrice Gillotte auront, cette année, réussi le pari de produire plus de 35.000 moulages en cinq semaines et dans des conditions bien différentes qu’à l’accoutumé. Seule pièce manquante au tableau, les célèbres statues en chocolat exposées dans les vitrines des boutiques : « elles ont péri dans l’incendie… ». Au programme, cette année : Pâques sous l’océan. « Pâques, c’est le début du printemps, le renouveau de la nature… Et chaque année, nous choisissons un message autour de la nature. À travers la poésie et la gourmandise, nous voulons sensibiliser les consommateurs sur la fragilité des écosystèmes et les efforts à faire pour préserver la nature. » Cette conscience écologique est aussi prise en compte dans les réflexions autour du futur atelier : « Nous l’avons plus globalement autour de notre marque puisque depuis 18 mois, nous n’utilisons plus aucun colorant de synthèse mais seulement des colorants issus de denrées alimentaires. Nous limitons aussi l’utilisation de plastique dans nos emballages et nous produisons maintenant notre propre miel grâce à nos 250.000 abeilles ».

fabricegillotte.com