Export : la viticulture en mutation

Les experts de la Caisse d’Epargne Grand Est Europe et de BPCE informent, conseillent et accompagnent les professionnels du champagne à l’international, parfois en lien avec des partenaires privés. (Photo : Benjamin Busson)

Face à un marché en pleine mutation, la viticulture en Champagne est tentée de miser sur l’export. Un marché international riche en opportunités mais qui ne s’improvise pas.

Depuis 2017, le poids des exportations de champagne (en volume) a pour la première fois de l’histoire dépassé celui du marché français. Le début d’une nouvelle ère placée sous le signe de l’international pour toute une filière. « En 2018, les exportations (expéditions hors France) de Champagne représentent 154,83 millions de bouteilles. Ces exportations ont généré 2,9 milliards d’euros (HT départ Champagne) », explique Fabrice Schutz, Chargé d’affaires international à la Caisse d’Epargne Grand Est Europe. « C’est l’équivalent de 28 Airbus A320 », indique-t-il.

Face à ces opportunités de marché, la Caisse d’Epargne Grand Est Europe a organisé une rencontre entre ses experts et les professionnels du champagne sur le VITeff, dans l’intention de souligner les enjeux de l’export, les opportunités à saisir mais aussi les risques à anticiper et les écueils à éviter.

« La Belgique en particulier est un marché de proximité à ne pas négliger : il représente 9 millions de bouteilles, à mettre en parallèle avec une population de 11,2 millions d’habitants… Avec le grand avantage d’être un marché francophone ».

Si la langue est donc un paramètre à prendre en compte, la culture en est un autre, au même titre que la prospection, les normes locales, les coûts de transport, les problématiques douanières, les devises, les intermédiaires.
« Trouver le ou les bons marchés, c’est beaucoup d’investissement personnel et financier. Il faut aussi trouver les bons partenaires sur place… Vendre et se développer à l’international c’est très important mais ce qui l’est encore plus c’est d’être payé… L’idée c’est de trouver un mode de règlement qui soit simple d’utilisation pour le vendeur et pour l’acheteur », précise Fabrice Schutz qui n’hésite pas à rappeler que lui et ses collègues disposent de nombreux outils pour prévenir des risques au quotidien. « Un des métiers du banquier c’est aussi de couvrir contre les risques de change », livre-t-il en exemple.

DIVERSIFICATION ET AGROÉCOLOGIE

Si l’export est un relais de croissance pour les Champenois, il n’est pas le seul. C’est ce qu’il résulte de l’étude
« Agriculture/viticulture : mutations et enjeux », menée par BPCE L’Observatoire. « De plus en plus de viticulteurs sont engagés dans une démarche de diversification », souligne Perrine Lantoine, responsable de projets stratégie à la Direction Etudes et Prospectives pour le groupe BPCE. « En Champagne, ils sont 10% à être engagés dans l’agritourisme et 9% envisagent de s’y engager dans les 5 prochains années. 42% des viticulteurs champenois sont déjà impliqués dans la vente directe et 8% sont engagés dans la production d’énergie ». Quant à la transition agroécologique, elle fait l’objet d’une forte dynamique particulièrement en Champagne où 61% des viticulteurs sont déjà engagés dans la démarche (contre 51% au niveau national) et 18% pensent s’y engager prochainement. « 444 exploitations viticoles sont déjà certifiées Haute Valeur Environnementale. La Champagne connaît une forte montée en puissance sur ces sujets, avec une augmentation des exploitations engagées », précise Emmanuel Franco, responsable du Département AgriViti à la CEGEE.

Une tendance à la hausse qui devrait s’amplifier dans les prochaines années, poussée notamment par les attentes des consommateurs, de plus en plus sensibles à la proximité et aux enjeux environnementaux.