Le nouveau garde des Sceaux était dans l’Aube, à Clairvaux, pour annoncer une série de mesures au niveau national.
Depuis l’annonce officielle de la fermeture programmée de la centrale de Clairvaux pour le début de 2023, les ministres de la Justice se succèdent dans l’Aube. En juillet dernier, Nicole Belloubet était venue visiter cette prison accueillant une cinquantaine de détenus condamnés à de longues peines.
Un an plus tard, c’est son successeur, fraîchement nommé, Éric Dupond-Moretti qui s’est rendu à Clairvaux. Une visite qui avait un seul objectif pour le garde des Sceaux : rendre hommage aux personnels pénitentiaires décédés dans l’exercice de leur fonction et annoncer des mesures renforçant la sécurité dans les prisons françaises. « Par son histoire, Clairvaux est un établissement emblématique au même titre que les Baumettes ou la Santé », rappelle le ténor du barreau. Un établissement qui possède aussi une histoire tragique puisque c’est le dernier qui a vu un agent pénitentiaire tué en service lors d’une tentative d’évasion sanglante, en 1992.
En 1971 déjà, une infirmière et un surveillant pris en otages avaient été tués par deux détenus. Depuis, une cérémonie a lieu tous les ans dans la cour centrale, pour rendre hommage aux victimes. « Je n’oublie pas aussi ceux qui se font agresser, parfois violemment, parmi les 40 000 agents de l’administration pénitentiaire », a ajouté le ministre de la Justice. Éric Dupond-Moretti a dévoilé une panoplie de mesures pour lutter contre la montée de la violence dans les prisons. Parmi celles-ci l’installation de brouilleurs de portables à l’intérieur d’une quarantaine de prisons supplémentaires dans les mois qui viennent.
REVALORISER LA FONCTION PÉNITENTIAIRE
Des ELSP (équipes locales de sécurité pénitentiaire) chargées du maintien de l’ordre au sein des prisons seront déployées dans 19 prisons cette année, et 44 autres l’année prochaine. Un groupe de travail a aussi été mis en place afin de réfléchir à des propositions pour améliorer la sécurité des personnels pénitentiaires dans les prisons. Éric Dupond-Moretti insiste également sur la volonté du gouvernement d’augmenter le budget de la Justice, de revaloriser la fonction de surveillant et de lancer un plan de recrutement.
« Je veux que ce métier reprenne tout son sens et que le surveillant, qui n’est pas un simple gardien des clés, devienne un surveillant acteur dans une détention sécurisée, participant à l’exécution des décisions pénales, contribuant à l’insertion ou la réinsertion des personnes détenues, à la prévention de la récidive et à la sécurité publique », conclut-il.
En revanche Éric Dupond-Moretti s’est montré beaucoup plus discret sur l’avenir du site de Clairvaux après la fermeture de la centrale, qu’il n’a pas souhaité évoquer. Plusieurs projets sont en lice, parmi lesquels celui porté par des représentants des surveillants proposant le maintien d’une activité pénitentiaire tournée vers la réinsertion et la formation de détenus en fin de peine.
Certains élus locaux espéraient même que cette « visite-surprise » soit motivée par un report de la décision de fermeture de la prison centrale auboise, un miracle qui n’a pas eu lieu à l’abbaye de Clairvaux.
