Philippe CosteEntrepreneur chevronné

Connu de l’écosystème des start-up, ce quinqua est depuis 2018 associé chez At Home, après avoir boosté la notoriété du réseau Epitech et réalisé une carrière d’entrepreneur. Au lendemain du Covid-19, il promeut plus que jamais l’esprit d’entreprendre.

Il y a ceux qui rêvent du monde d’après, ceux qui en parlent, et ceux qui restent ancrés dans la réalité à l’instar de Philippe Coste, qui a rejoint l’équipe permanente de l’incubateur At Home en tant que « partner » en 2018. Pour lui, après cette épidémie qui a ébranlé le monde, et face à d’autres crises à venir, développer l’esprit d’entreprendre reste fondamental, « sans oublier la mixité, la diversité, l’impact climatique, la solidarité, qui sont autant d’axes à approfondir pour être raccord avec le monde de demain et les futurs talents qui déclineront les offres si ces enjeux ne trouvent pas d’écho ». Un discours « convenu » mais nécessaire pour ce quinquagénaire pour qui l’entrepreneuriat n’a plus de secret.

Né aux Antilles, Philippe Coste a nourri ses souvenirs d’enfance et d’adolescence dans la cité de Pau avant d’expérimenter la vie d’étudiant au cœur de la Ville rose à 20 ans. « Petit, j’étais bercé par les chansons de Claude Nougaro. Mes parents, professeurs de maths, se sont rencontrés à Toulouse et me parlaient beaucoup de cette ville. » Cet automaticien de formation intègre d’abord l’université Paul Sabatier où il explore les champs des possibles de l’Intelligence Artificielle, domaine confidentiel à l’époque – robotique, reconnaissance des formes et du langage, technologies intégrées dans l’automatique des systèmes et de l’informatique – dans lequel il avait l’impression d’inventer l’avenir. « On parlait beaucoup de robotique autonome, avec par exemple, la perspective d’envoyer des robots en exploration lunaire à l’époque. Par ailleurs, j’ai réalisé un stage chez Total, anciennement ELF où l’IA servait à analyser des images sismiques pour identifier les événements géologiques et aider les géologues à trouver du pétrole. J’avais l’impression d’être au centre de la marmite qui allait changer le monde », se souvient-il. Puis, il ajoute un E à son cursus pour intégrer l’IAE et approfondir les rouages du monde de l’entreprise et de l’économie.

En 1994, alors que le marché de l’emploi fléchit dans son secteur, le jeune homme saute sur une occasion en or, quelques bagages en main. Ce n’est alors pas une carrière de musicien qu’il embrasse – un rêve après une pratique assidue de la flûte et de la guitare – mais plutôt celle d’entrepreneur, avec pour première expérience une reprise d’entreprise, Interprim. Au-delà d’une permanence téléphonique composée de trois salariés qui géraient l’agenda de clients dans le paramédical, des experts, des indépendants, etc. l’entrepreneur héberge aussi d’autres entreprises dans ses locaux : l’amorce de ce qui deviendra plus tard un nouvel engagement professionnel. Un chapitre de sa vie, à la marge des technologies qu’il laisse à son tour, sept ans plus tard. « J’avais atteint mon niveau de compétences, il me manquait d’ailleurs une culture financière et puis c’était un engagement personnel fort mais usant ». En parallèle de cette expérience, il cofonde une autre entreprise, Phil & Ass Services (aujourd’hui Cofidoc) qui permettait de « mutualiser les informations concernant les tournées des infirmières libérales et d’organiser la télétransmission des feuilles de soins. Un dispositif qui commençait à se mettre en place », mais l’aventure tourne court.

Le trentenaire se tourne vers d’autres horizons, après une occasion fructueuse. « J’ai toujours fait des rencontres déterminantes qui m’ont poussé vers l’entrepreneuriat, surtout qu’à l’époque la notion de pairs pour vous conseiller était moins évidente. » Il est chargé de la direction de l’atelier secondaire toulousain de l’entreprise 5 Sept Etiquette, une PME située en Provence qui fabrique des étiquettes adhésives. « Mon objectif était de ramener l’entreprise à l’équilibre, booster le développement commercial, assurer sa pérennité, étoffer l’équipe, etc.». Dans son nouveau costume depuis six mois, le manager affronte la catastrophe AZF. « J’ai vu l’explosion sous mes yeux, j’ai eu très peur pour mes salariés, l’usine et le matériel ont été touchés. Il a fallu plus de six mois pour relancer la machine. Nous avons fortement été soutenus par la maison mère », se remémore- t-il. Un moment fort dans une vie professionnelle, mais une histoire qui durera cinq ans. Les objectifs de rentabilité, de modernisation et de management atteints, « ne se sentant plus à sa place », il décide de revenir à ses premiers amours.

En 2007, il rejoint le réseau Epitech où il restera 11 ans. D’abord en tant que directeur du développement régional pour faire fructifier l’entité toulousaine et assurer sa notoriété avant de porter des innovations à l’échelle du réseau national pendant quatre ans. « Aujourd’hui, Epitech est devenue une école de référence qui comprend 13 campus en France. Le défi était ambitieux, mais l’école était basée sur un modèle pédagogique novateur et inspirant. Au départ, je m’occupais du rayonnement de l’école , de l’interaction avec les entreprises car la notion de stage ou de temps partagé était très importante, des promotions, etc. Puis en tant que chef des opérations d’innovations, d’implémenter des tiers lieux. Je faisais en sorte que le réseau puisse être plus fort en travaillant de concert avec des initiatives locales, proposer des workshops, etc. C’était une époque où l’innovation devenait le sel des entreprises : nous planchions sur la cyber sécurité, la réalité augmentée, le développement de plateformes, etc. détaille Philippe Coste pour qui cette aventure au sein d’une école presque familiale fût très formatrice. J’avais aussi beaucoup d’interaction avec les écosystèmes locaux où étaient implantés les campus, ce qui a fortement nourri les projets ». En parallèle, il s’engage dans des associations d’entreprises et devient directeur délégué de la French Tech Toulouse tout en continuant d’instiller l’envie d’entreprendre et de développer les métiers du numérique. D’ailleurs, depuis son entrée dans l’écosystème des start-up et la labellisation de la Ville rose, le regard de l’entrepreneuriat a bien évolué. « Le fait d’intégrer des petites entreprises, de prendre rapidement des responsabilités est par exemple une vraie révolution. L’avenir ne passe pas que par les grands groupes avec des commandes publiques », pointe-t-il.

Quittant l’aventure Epitech, il renforce l’équipe de l’incubateur At Home comme associé, avec l’envie de se frotter à de nouveaux challenges et d’apporter des conseils en stratégie auprès d’une trentaine d’entreprises membres, le double aujourd’hui. At Home qui a désormais deux locaux, Toulouse et Paris – une demande des entreprises adhérentes –, a déménagé en juillet dernier sur un site plus adapté et poursuit ses projets pour la Cité, la Région l’ayant sélectionné pour louer et animer ce grand tiers lieu pendant 12 ans. « Notre objectif est d’implanter un restaurant, un amphithéâtre, des salles de réunion dédiées à des conférences, des ateliers, etc. dès que possible. Nous envisagions avant le confinement d’accueillir 300 personnes d’ici à 2021, une majorité de start-up mais aussi une dizaine d’entreprises classiques. Nous souhaitons d’ailleurs créer un club d’entreprises avec des grands groupes et des ETI qui cherchent à contribuer à l’innovation collaborative et durable ». At Home projette aussi de proposer avec son partenaire Spring Lab des programmes de transformation des entreprises selon les nouveaux enjeux économiques, sociétaux et environnementaux. Par ailleurs, l’incubateur poursuit ses actions pour le collectif AI qui rassemble l’écosystème toulousain de l’intelligence artificielle afin d’encourager la créativité et l’entrepreneuriat. « Une cartographie des TPE-PME productrices de solutions et qui ont intégré l’IA, va notamment être publiée d’ici fin juin », précise-t- il.

La boucle est ainsi bouclée pour ce passionné d’innovations et du monde de l’entreprise. « Être entreprenant, c’est une étape nécessaire pour être force de proposition, avoir envie de conquérir et moins subir une carrière, etc. Entreprendre, c’est un choix de vie avec ses complications, mais c’est une bonne école, encore plus indispensable aujourd’hui », conclut-il.

Parcours

1969 Naissance à Schoelcher en Martinique
1992 Obtient un DESS IRR (Intelligence Artificielle, Reconnaissance des Formes, Robotique) à l’université Paul Sabatier
1994 Abandonne l'IAE pour reprendre l’entreprise Interprim
2001 Devient bunisess manager chez 5 Sept Etiquette
2007 Rejoint Epitech en tant que directeur du développement régional Toulouse puis, à partir de 2014, devient Head of Schools Office (Innovation Réseau Écoles)
2014 Devient directeur délégué de la French Tech Toulouse
2018 Rejoint At Home comme « partner » et reste toujours contributeur de la French Tech, pour le programme toulousain de French Tech Tremplin, en collaboration avec Nubbo