Entreprendre dans la culture : c’est possible !

Fin 2019, s’est tenu le forum « Entreprendre dans la culture » proposé par le ministère de la Culture et organisé en région par la Coursive Boutaric et le Centre pour le Management des Arts et de la Culture de BSB.

L’insertion des jeunes artistes, la recherche de sources de financement face à la baisse des subventions publiques, le positionnement sur les appels d’offre, l’accès à la formation professionnelle… autant d’enjeux auxquels se confronte l’entrepreneuriat culturel et créatif. Ce secteur économique majeur est en pleine phase de renouvellement, pour cela il peut compter sur les nombreuses actions du pôle d’entreprise créatives La Coursive Boutaric à Dijon, véritable guichet unique d’information, de diagnostique, d’orientation, de formation, d’accompagnement, de structuration, d’attractivité et d’accélération de la filière.

L’entrepreneur culturel et créatif est un entrepreneur comme les autres, mais le secteur dans lequel il évolue est spécifique. « Si l’accompagnement standard peut garantir une certaine efficacité, il doit aussi prendre en compte ces spécificités », affirme Aurélie Miller, directrice de la Coursive Boutaric à Dijon, structure rassemblant une vingtaine d’entreprises culturelles et créatives, labellisée pôle territorial de coopération économique (PTCE), par l’État. L’accompagnement d’un projet à son stade le plus précoce est la clé d’un développement viable, d’autant que la plupart des entrepreneurs ne se déclarent peu ou pas compétents dans certaines étapes du processus de création d’entreprise. Autres constats : l’entrepreneur et l’artiste exercent souvent plusieurs activités autour d’un métier principal, posant des difficultés de gestion (combiner des régimes différents) et de développement (fonction commerciale peu déployée), sans compter que la réglementation française propre au secteur est complexe et souvent mal connue du créateur. « L’entrepreneur culturel, souvent isolé est porté par son projet, il est peu familiarisé avec le vocabulaire du développement économique (business modèle, caneva…). Son accompagnement doit être réfléchi de manière différente ». Concrètement, La Coursive Boutaric propose un ensemble de services dédiés aux entreprises culturelles et créatives pour accéder à de nouveaux marchés : promotion d’une offre de services mutualisée en direction des acteurs publics et privés, portail de vente de compétences, veille et réponse commune aux marchés publics, accompagnement personnalisé… Réaliser des économies d’échelle : location de bureaux à loyers modérés, espace coworking, mutualisation de matériels et services, groupement d’achats responsables.. Mais aussi adapter les compétences aux mutations du secteur : état des lieux annuel des entreprises, programme de formations-actions, bourse d’échange de compétences…

Fin 2019, La Coursive Boutaric organisait la cinquième édition du forum entreprendre dans la culture en Bourgogne Franche-Comté. Un évènement pour découvrir des initiatives inspirantes, mais aussi un espace d’échange d’expériences et de rencontres entre professionnels de la culture, étudiants, chercheurs et institutionnels. Peu de temps avant se tenait les Rencontres professionnelles de Dijon, deux journées pour tenter de dresser un portrait fidèle de ce secteur si particulier et de mettre en avant ses principales spécificités et enjeux. Une synthèse que l’on retrouve ci-dessous.

Les spécificités du secteur culturel et créatif

  • La force de son écosystème local : réseaux et financements de proximité.
  • Un secteur risqué : économie de prototype, pas d’étude de marché, accès difficile aux financements d’amorçage.
  • La décision de mutualiser est influencée par la proximité géographique, esthétique et surtout idéologique.
  • La revendication d’un entrepreneuriat culturel et créatif et sa représentation sont récentes.
  • Diversité de profils d’entrepreneurs.
  • L’entrepreneur culturel et créatif est souvent autodidacte et doit acquérir des connaissances et compétences entrepreneuriales.
  • La création de son entreprise n’est pas basée sur un modèle mais s’organise autour de l’idée ou de l’opportunité.
  • Son but est autant la création de richesse que la création de valeurs artistique, idéologique et éthique.

57,8 milliards

La culture est un secteur à forte valeur ajoutée : ces 57,8 milliards représente une somme sept fois supérieure à celle de l’industrie automobile.
Le créatif en France compte 1,3 millions d’emplois directs et indirects et non délocalisables pour la plupart.
La baisse des financements publics place l’entrepreneuriat culturel et créatif dans un entrepreneuriat dit « de contrainte » et l’oblige à repositionner sa stratégie de développement et son modèle économique.
Source : EY/France créative, 2015


Portrait robot des PME/TPE culturelles et créatives

  • Un modèle économique mixte relevant à la fois de l’intérêt général et de l’initiative privée.
  • Une petite taille : trois salariés en moyenne.
  • Une gestion centralisée par une seule personne.
  • Une faible spécialisation des tâches : polyvalence des salariés.
  • Une stratégie intuitive et peu formalisée : basée principalement sur la vision de l’entrepreneur.
  • Un marché local.

La culture une ressource méconnue pour le territoire

Un atout pour le rayonnement des territoires

  • Les entreprises culturelles et créatives remplissent des missions d’intérêt général destinées à faire face à des enjeux sociétaux importants.
  • La culture participe à la stratégie globale de définition des politiques publiques.
  • Ces entreprises véhiculent les valeurs d’un territoire et contribuent à son attractivité : elles permettent aux entreprises locales d’attirer des talents.
  • L’activité de la filière engendre des retombées économiques majeures sur un territoire (hôtellerie, restauration, transports, etc.).
  • Le regroupement d’entreprises culturelles et créatives sur un territoire favorise son développement : aménagement urbain, dynamisme culturel et économique.

Un laboratoire pour l’innovation

  • Les entreprises culturelles et créatives innovent sur plusieurs plans : organisationnel, technologique, social.
  • Elles utilisent naturellement des processus collaboratifs et participatifs pour stimuler l’intelligence collective et ainsi générer des innovations.
  • Elles intègrent des innovations technologiques à leur créations et les rendent ainsi accessibles au grand public.
  • Elles sont affectées par les nouvelles technologies, notamment numériques, et doivent repenser leur modèle d’entreprise.
  • La pluridisciplinarité et la transversalité de la filière culturelle et créative sont des atouts à l’innovation.

Pourvoyeur d’un nouveau modèle organisationnel : la coopération

  • La coopération, pratique intrinsèque à l’innovation sociale, peut être une réponse à la fragilité des entreprises culturelles et créatives. Elle n’exclut pas la compétition entre les acteurs publics et privés d’un territoire.
  • La combinaison des savoir-faire génère de nouvelles ressources.
  • La coopération permet la prise en compte des spécificités du territoire : sociologique, culturelle, démographique.