Hugues JardinEntre mer et terre

Hugues Jardin

Loin de la mer, Hugues Jardin continue à se mettre au service des autres.

Après avoir navigué sur toutes les mers, il a jeté l’ancre à Dijon. Cet ancien commandant de frégate a choisi la Bourgogne Franche-Comté pour créer Axeo Services, une entreprise de services à domicile. Une nouvelle carrière dans laquelle ses qualités maritimes s’avèrent utiles.

L’appel de la mer, Hugues Jardin y a répondu à 18 ans, en quittant la banlieue parisienne pour intégrer l’école navale de Brest. « Mon frère et moi avions fait une école d’ingénieur mais quand lui a rejoint les pont et chaussées, j’ai eu besoin d’être sur le terrain. Je me voyais davantage sur la passerelle d’un bateau. » Pourtant, personne dans la famille n’avait suivi de carrière dans la marine. Ses vacances estivales dans le Var lui avaient cependant permis de s’initier à la voile, éveillant chez lui le goût pour le monde nautique. « Quand on a 20 ans, on se fait aussi une image du marin, de la navigation, de l’outre-mer et ces représentations donnent envie de voir le monde. » En sortant de l’école, Hugues Jardin s’incorpore dans l’armée. Comme de coutume dans la marine, il change de poste tous les deux ans et aspire à commander un navire un jour. Traditionnelle également, sa carrière qui passe par Brest et Toulon, les deux principaux ports militaires français. L’ancien marin et sa famille ont également posé leur paquetage à Papeete en Polynésie ou encore à Norfolk aux États-Unis en tant que contribution française dans l’état-major de l’OTAN. Hugues Jardin a pu vivre sereinement ces délocalisations grâce au soutien de son épouse. « Sophie a quitté sa carrière dans l’enseignement. Elle a accouché seule de notre premier enfant à Tahiti. Heureusement, pendant mes absences, sans internet à l’époque, elle a pu compter sur la grande famille de la marine. Un soutien essentiel pour elle avec quatre enfants nés dans des ports différents. » Un bateau navigue en moyenne 100 jours par an, jusqu’à 130 jours avec les escales mais ces périodes peuvent être plus longues si les missions l’exigent. Aspirant à ses débuts dans la marine devenu capitaine de vaisseau, Hugues Jardin a pris le commandement de son premier bateau en 1994. Jusqu’en 2005, il aura en charge trois navires et leurs équipages : le Drogou, le Lafayette et le Dupleix. Un aviso et deux frégates pouvant peser 4.000 tonnes et compter 250 marins. « Outre le côté technique et opérationnel, je garde un souvenir fort de l’esprit d’équipage, unique. Soudés et solidaires, les hommes et les femmes connaissent leur rôle et traversent les mêmes difficultés. »

SÉCURISER ET SECOURIR

Fier d’être à la tête de ses équipages, Hugues Jardin a rempli des missions de tout ordre. « Après le tsunami en Indonésie en 2004, nous avons réalisé une mission humanitaire. » Mais le capitaine de vaisseau s’est également rendu à Saint-Pierre-et-Miquelon pour assurer une surveillance des pêches ou encore dans le golfe arabo-persique pour accompagner les navires marchands afin de réduire le risque de piratage mais aussi pour lutter contre les trafics de drogues et d’armes. Une activité professionnelle qui a tout autant pu recouvrir un champ environnemental. « Nous avons arraisonné un navire qui avait déballasté ses soutes d’huile en pleine mer afin de le dérouter vers le port le plus proche pour répondre de ses actes. » Après avoir navigué sur tous les océans, Hugues Jardin rejoint l’État-Major à Paris pour finir sa carrière militaire. « Il faut garder des équipages jeunes ! », sourit-il en évoquant sa retraite prise à 50 ans après 30 ans dans la marine. Désireux de rester actif et d’apporter sa pierre à l’édifice de l’économie nationale, l’ancien militaire veut reprendre ou créer une activité. « Je voulais participer à la création d’emploi, être de l’autre côté de la barrière. C’était aussi une façon de rattraper du temps avec mon épouse. » Il abandonne alors Paris avec sa femme pour s’installer à Dijon. « Quitte à changer de vie, autant choisir une région diamétralement opposée à ce que nous connaissions. On savait aussi que la Bourgogne était belle même si on ne connaissait pas. » Loin de la mer, où il se rend pour les vacances ou de longs week-end, le couple cherche un secteur d’activité qui lui correspond.

SERVIR AUTREMENT

« Nous nous sommes retrouvés devant une feuille vierge avec l’envie de faire quelque chose en couple. Je cherchais comment transposer mon expérience de marin. » Après avoir envisagé l’hôtellerie-restauration, Hugues et Sophie Jardin se tournent vers les services à domicile. « Sur un bateau, un lieu de vie en communauté, la propreté est essentielle dans un environnement où tout est fait pour salir. D’ailleurs, un marin passe son temps à briquer son bateau », dit- il se souvenant des équipages assignés chaque matin au nettoyage du navire. L’expertise de l’ancien capitaine de vaisseau à garder sa frégate propre et vivable, Hugues Jardin a voulu la mettre au service des particuliers tandis que sa femme, mère au foyer des années durant, venait compléter son regard. « Nous voulions aussi nous occuper des autres. En mer ou à l’étranger, je n’ai pas pu prendre soin de mes parents. Ça m’a marqué. » Séduit par Axéo Services, le couple Jardin rejoint en 2011 un réseau qui compte aujourd’hui 200 agences indépendantes. Devenu dirigeant d’entreprise, le militaire retraité emploi 25 salariés, répartis de façon égale entre des assistantes ménagères et des assistants de vie. « Notre activité se divise entre l’aide-ménagère chez des actifs et l’accompagnement de seniors, souvent isolés, dont la famille a besoin d’un relais à proximité pour faciliter le maintien à domicile. » Présent sur la métropole dijonnaise, Hugues Jardin et ses équipes savent qu’une personne âgée qui reste chez elle, vit mieux et vieillit plus heureuse tout en coûtant moins cher à la société. Pour assurer au quotidien les nouvelles missions confiées, l’ancien commandant de navire s’appuie sur son nouvel équipage. « Au commencement, il n’y avait qu’une personne. Nous avons mis du temps à recruter mais nos salariés sont des pépites qui se rendent précieuses auprès de nos clients. Le métier peut parfois se montrer ingrat et demande un savoir-être essentiel dont ils savent faire preuve. » Comme sur un navire, les hommes et les femmes d’Axéo Services partagent les mêmes difficultés et les mêmes satisfactions. Heureux d’exercer sa nouvelle carrière dans une ville qui gâte ses seniors, au quotidien sur le bureau voisin de celui de son épouse, Hugues Jardin s’épanouit désormais sur la terre ferme.

Parcours

1960 Naissance, le 12 décembre à Neuilly-sur-Seine.
1978 Tout juste âgé de 18 ans, il intègre l’école navale de Brest.
1994 Il prend les commandes de son premier navire. Durant toute sa carrière, il naviguera à bord du Drogou, du Lafayette et du Dupleix.
2010 Après quelques années à l’État-Major, à Paris, Hugues Jardin prend sa retraite militaire.
2011 Il s’installe à Dijon et ouvre une agence Axéo Services avec sa femme.