EnchèresVO conforte sa place sur le marché national

Guillaume Arnauné, commissaire priseur et dirigeant d’EnchèresVO.

Le groupe toulousain, spécialisé dans la vente aux enchères de véhicules d’occasion, est le 4e acteur français, avec 30000 unités vendues et 210 M€de chiffre d’affaires réalisé en 2019.

L es ventes aux enchères n’échappent à l’hyper-spécialisation, cette tendance de fond qui touche de nombreux secteurs d’activité. Exemple dans la Ville rose avec Toulouse Enchères Automobiles, un groupe, spécialisé depuis près de 40 ans dans la vente aux enchères de véhicules d’occasion. Présent également à Bordeaux et Marseille, le Toulousain, fondé par un duo de commissaires priseurs, Paul Arnauné et Éric Prim, est aujourd’hui l’un des leaders sur le marché national.

Le groupe, qui réunit aujourd’hui plusieurs enseignes : Toulouse Enchères Automobiles, Aquitaine Enchères Automobiles, Aix-Marseille Enchères Automobiles, Enchères Mat et un site de vente en ligne dédié aux professionnels de l’automobile, AutoCerti, a décidé de regrouper l’ensemble de ses marques sous une bannière commune EnchèresVO. Une manière pour le groupe d’accroître sa visibilité dans l’Hexagone et à l’international.

40 ANS D’HISTOIRE

« Historiquement, nous sommes une société de commissaires priseurs, la SCP Arnauné-Prim, détaille Guillaume Arnauné, commissaire priseur et dirigeant d’EnchèresVO. Dans les années 70, au gré des ventes aux enchères pour le tribunal et des saisies, la structure a commencé à se spécialiser dans les ventes aux enchères automobiles, qui étaient à l’époque un peu le parent pauvre, les ventes aux enchères étant plus connues pour les objets d’art. Petit à petit, c’est devenu la spécialité de la maison et à l’issue d’un voyage en Angleterre au milieu des années 80, mon père, Paul Arnauné, a essayé d’importer en France le modèle déjà bien en place dans les pays anglo-saxons, et a créé au début des années 90 à Beauzelle, le plus gros centre de ventes aux enchères de France. En 2002, la structure s’est également implantée à Bordeaux. Au même moment, sous la pression de l’Europe, le marché des ventes aux enchères a fait l’objet d’une déréglementation, ce qui nous a ouvert de nouvelles perspectives. Nous nous sommes ensuite positionnés sur la vente en ligne qui représente aujourd’hui 40 % de notre activité. Enfin, il y a quelques années nous avons ouvert une nouvelle structure à Marseille. »

Le groupe EnchèresVO compte aujourd’hui trois associés commissaires priseurs et deux commissaires priseurs salariés ainsi qu’une équipe de 48 collaborateurs. Il réalise plus de 30 000 ventes de véhicules d’occasion par an pour un chiffre d’affaires de 210 M€ (chiffres de 2019), ce qui en fait le 4e acteur sur le marché français. « Nous bataillons avec des gens qui font le même métier que nous mais n’abordent pas la vente de la même façon, détaille Guillaume Arnauné. Nous le pratiquons effectivement de deux manières : la vente aux enchères physique, notre métier historique, et la vente aux enchères en ligne. En face de nous, nous avons, parmi les plus gros, des acteurs qui font exclusivement de la vente en ligne ou bien des gens qui ne font que de la vente aux enchères physique. Nous sommes le plus gros acteur dans le sud de la France, mais notre rayonnement, s’agissant des fournisseurs, est national voir européen. C’est ce qui nous a conduits à changer de nom : lorsque nous discutons avec nos interlocuteurs de projets internationaux, “Toulouse Enchères Automobiles” apparaît comme un peu réducteur. »

LE DERNIER DES MOHICANS

Sur ce marché très concurrentiel de la vente de véhicules d’occasion, le groupe toulousain, par sa nature, fait un peu figure d’original. « Nous faisons partie des derniers des Mohicans, explique Guillaume Arnauné. Nous sommes parmi les derniers, dans ce métier-là, à être issus des rangs des commissaires priseurs. Aujourd’hui nos concurrents sont essentiellement des fonds d’investissement, des industriels. Mais parmi les indépendants et les commissaires priseurs, nous sommes quasiment les derniers. »

Un statut qui ne l’empêche pas de rivaliser avec ses puissants homologues, notamment grâce à une offre de services très étendue. « La partie vente aux enchères reste notre ADN, assure en effet Guillaume Arnauné. Nous avons cependant évolué d’un concept de vente sans garantie en l’état, à une méthode d’achat de véhicule sécurisée. Nous avons en effet mis en place un système qui permet, à travers les expositions, les contrôles techniques, les équipes présentes pour renseigner les clients, les garanties offertes pour tous les véhicules de moins de 160 000 km et de moins de 10 ans d’âge, de faire en sorte que l’achat en vente aux enchères n’est plus un acte risqué. C’est un achat ouvert à tout le monde, que l’on soit néophyte dans le domaine automobile ou non. C’est notre force : nous avons été capables de démocratiser la vente aux enchères automobile. »

PHÉNOMÈNE DE MODE

L’engouement actuel pour les ventes aux enchères en général n’est pas étranger à cette évolution. « Le fait que les émissions de télé sur les ventes aux enchères fleurissent nous a aussi beaucoup aidés. Le concept de vente aux enchères, extrêmement ancien puisqu’il remonte à l’antiquité romaine, a trouvé un regain d’intérêt, à travers les ventes en ligne, d’une part, mais aussi à travers les médias – qui ont fait basculer ce métier, c’est vrai en particulier pour les ventes aux enchères automobiles – dans la catégorie des bons plans, avec cette idée: « j’achète différemment, je reprends la main sur mon pouvoir d’achat. »

La crise de la Covid-19 n’a, qui plus est, que peu perturbé cet engouement pour les enchères. « Pendant le confinement alors que nous étions fermés, nous étions inquiets de savoir si les clients allaient répondre présents à la réouverture. Nous nous sommes donné les moyens pour respecter les contraintes sanitaires et tout de suite, les gens sont revenus. En définitive, porté par un marché automobile qui a été au rendez-vous, nous avons fait une année plus que correcte par rapport à des secteurs d’activité totalement sinistrés. On s’en tire plutôt pas mal dans le contexte actuel. »

Si les services ont évolué, l’offre de véhicules également, le judiciaire ne représentant plus que 2 % de son activité. «Nous travaillons historiquement avec les établissements financiers, mais nous avons développé des relations avec tous les acteurs qui aujourd’hui ont des véhicules d’occasion à revendre, précise en effet Guillaume Arnauné, à savoir : les constructeurs automobiles pour leur surplus de stocks, les loueurs longue durée pour les véhicules de flotte qui arrivent en fin de contrat. Nous accompagnons également les concessionnaires dans la reprise de véhicules. Nous sommes ainsi amenés à aller chercher des véhicules aux quatre coins de la France et pas seulement dans notre périmètre géographique naturel. On déplace comme cela plus de 25 000 véhicules par an. »

80 % DE PARTICULIERS

Côté acheteurs, contrairement à une idée très répandue, les ventes aux enchères automobiles ne sont pas réservées à un public de professionnels très averti. « 80 % des acheteurs lors des ventes aux enchères physiques sont des particuliers, affirme Guillaume Arnauné. Les gens qui franchissent le pas ne sont pas arrêtés sur un produit en particulier mais raisonnent en termes de budget. Ils trouvent chez nous une offre très large de véhicules puisque nous mettons en vente près de 650 véhicules par semaine. Qui plus est nous proposons une offre à livre ouvert : l’acheteur est libre de porter enchère, il connaît précisément les frais qui s’appliquent. De fait, nous ne sommes pas propriétaires des véhicules, nous ne poussons pas à l’achat, pas plus à prendre un crédit ou une garantie… Par rapport aux réseaux de distribution qui ont souvent une offre très packagée, nous sommes dans une logique très ouverte. »

S’il s’est si bien installé sur le marché des particuliers, « c’est aussi parce que nous proposons un véritable accompagnement, ajoute le commissaire priseur. De fait, face à une offre de plus de 600 véhicules, certaines personnes peuvent éprouver le besoin d’être prises en main. Nous pouvons ainsi conseiller les acheteurs en fonction de leur budget. Ils peuvent prendre un rendez- vous privé pour voir le véhicule. Et cela va jusqu’à la livraison sur rendez-vous également. Notre équipe de conseillers se déplace ainsi sur chacun de nos sites. »

S’agissant des professionnels de l’automobile, le groupe toulousain a développé une plateforme dédiée, EnchèresVO Pro. Via ce site, « nous adressons les concessionnaires, les indépendants, les exportateurs, tous les gens dont le métier est d’acheter des véhicules, détaille Guillaume Arnauné. Nous accompagnons tous ces acteurs pour leur trouver des véhicules. Et dans ce cadre, notre sourcing se fait en France et en Europe ». Les ventes aux professionnels représentent 6 000 à 7 000 véhicules sur un total de 30 000 par an. Le groupe a également une activité de vente de matériels et de véhicules professionnels qui se déroule en physique sur son site de Bruguières.

En passe de refondre totalement son système de vente en ligne pour le grand public, le groupe toulousain a des ambitions bien au-delà du grand sud. « Même si pour cette année ce n’est pas d’actualité, nous ne nous refusons pas de regarder d’autres projets d’implantation », assure Guillaume Arnauné.