L’entreprise de transport d’électricité RTE a présenté le bilan 2018 de la production et de la consommation dans la région.
Certes, ce n’est pas demain que l’on détrônera la centrale nucléaire de Golfech, qui a produit 17,7 téra-wattheures d’électricité en 2018 ( TWh, 1 térawattheure étant égal à un milliard de kilo-wattheures, kWh). Mais petit à petit, les énergies renouvelables (EnR), en particulier l’éolien et le solaire, couvrent une part de plus en plus importante dans la production – et donc dans la consommation, sachant que l’Occitanie couvre 97,6 % de ses besoins énergétiques.
En 2018, les énergies renouvelables ont ainsi représenté 47,7 % de la consommation régionale totale, ce qui, selon l’entreprise publique RTE chargée des réseaux d’électricité, confirme l’Occitanie « à sa place de deuxième région productrice d’électricité renouvelable » de France avec 17,1 % de la production nationale – l’Auvergne-Rhône-Alpes restant en tête. Plus particulièrement, les productions d’origine éolienne et solaire ont crû l’année dernière, respectivement, de 4 et 6,3 %, grâce à des conditions météorologiques propices, et aux parcs éoliens et solaires qui ont également augmenté pour atteindre une puissance installée de 1517 mégawatts (MW, +7,6 % par rapport à 2017) et 1811MW(+15,2%). « Ce qui traduit un signal faible, à savoir que la croissance du parc solaire est plus simple que celle de l’éolien terrestre », estime toutefois Erik Pharabod, délégué de RTE pour le Sud-Ouest.
Mais si le développement des énergies renouvelables est une bonne chose, celles-ci ne sont pourtant pas près de concurrencer le nucléaire… Car comme le souligne le représentant de RTE, on pourrait certes se dire qu’une « centrale solaire de 1 800 MW, cela représente beaucoup de puissance installée comparé à deux tranches des anciens réacteurs nucléaires qui faisaient 900 MW, ou un peu plus que Golfech, qui fait 1300 MW. Mais une centrale solaire ne produira que rarement à pleine puissance – voire même, jamais. Lorsqu’il y a un pic d’ensoleillement, on peut atteindre 70 ou 80 % de puissance maximum ; mais la nuit, on reste à zéro, en hiver on n’atteint pas de tels niveaux ; et si on fait une moyenne annuelle, une centrale solaire produit 15 % de sa puissance installée – contre 70 à 80 % pour une centrale nucléaire. Ce qui veut dire que, si on veut produire autant qu’elle avec une centrale solaire, il faudrait cinq fois plus de puissance installée ! ». Même chose avec l’éolien, poursuit Erik Pharabod : même si son rendement est un peu meilleur, « pour 1 000 MW d’énergie nucléaire, il faudrait 3 000 MW de puissance installée ! »
Pour autant, RTE continue d’investir dans la région Occitanie dans le domaine des énergies renouvelables, à travers un plan d’investissement 2019- 2023 de 995 M€, dont 158 M€ dépensés en 2018 pour renouveler le réseau électrique, en particulier en vallée de la Garonne et de l’Aude, mais aussi pour l’adapter aux EnR. Par exemple avec deux projets de raccordement de parcs éoliens expérimentaux en mer Méditerranée, l’un de 20 km entre Leucate et Port-Barcarès, l’autre de 27 km de Gruissan à Port-la-Nouvelle.
Le projet, qui prévoit d’aménager des liaisons sous-marines et souterraines capables d’acheminer la production électrique éolienne des deux parcs de quatre éoliennes de 6 MW chacune à travers des câbles de 63 000 volts, en est encore au stade d’enquête publique ; « l’enjeu étant de commencer les travaux entre cette année et 2020, pour une mise en service prévue en 2021 », explique Erik Pharabod. Lequel espère que « si ces démonstrateurs sont concluants, ils fassent à terme l’objet d’un développement significatif pour contribuer à couvrir les besoins de la région » ainsi que l’ambition du conseil régional de devenir la première région à énergie positive d’Europe. Quant au coût du projet, « il faut compter environ 1 M€ par kilomètre de raccordement ».
Autre donnée intéressante, celle de la production hydraulique en 2018 qui, du fait des fortes intempéries, a connu un « record », observe Erik Pharabod, « supérieure quasiment de 50 % à la production de l’année précédente, du fait d’une pluviométrie qui, elle-même, était supérieure de 80 % à la normale ». Au total, ce sont ainsi 14 TWh qui ont été produits sur les 37,7 TWh d’énergie totale produite, « ce qui n’avait pas été atteint en Occitanie depuis au moins 10 ans ».
Concernant cette fois la consommation d’électricité dans la région l’année dernière, RTE constate qu’elle est restée stable à 35,5 TWh, à l’image de celle du reste de la France. Cependant, le délégué de l’entreprise pour le Sud-Ouest remarque que la vague de froid de février 2018 a entraîné, comme celle de 2017, une croissance de la consommation qui s’est manifestée, le 28 février, « par la deuxième pointe de consommation la plus élevée de ces 10 dernières années » avec 8495 MW, « même si elle reste moins forte que celle de 2012 ».
De manière plus générale, Erik Pharabod souligne que « le résidentiel étant ce qui tire plutôt la consommation, on voit s’accroître le contraste entre des métropoles et un littoral de plus en plus consommateurs, tandis que les régions rurales restent stables, voire s’orientent à la baisse ». Pour preuve, l’année dernière, la Haute-Garonne a consommé 7,9 TWh, l’Hérault 6,4, le Gard 5,2 ; tandis que le Lot, l’Ariège et le Gers n’ont dépassé que de peu 1 TWh, et la Lozère s’est, elle, cantonnée à 0,5 TWh.
Quant aux 37 TWh qui ont été consommés en 2018, 21 l’ont été par les professionnels et les particuliers (soit une hausse de 2,3 %), 12 TWh par les PME et PMI (+0,5 %) et seulement 2,5 TWh par la grande industrie qui a plutôt tendance à consommer de moins en moins, « grâce à l’efficacité énergétique et à l’activité économique, du fait que ces entreprises ont tendance à se développer dans des secteurs technologiques moins énergivores, au détriment de la métallurgie, de la sidérurgie ou de la chimie ».