Alors que l’économie française décélère, le département n’échappe pas à la tendance.
On ne peut pas battre des records chaque année. Après une année 2017 très favorable, l’an dernier l’économie haut-garonnaise a ralenti son rythme de croissance, réalisant un score moins bon qu’attendu. La croissance est cependant toujours au rendez-vous : les chiffres d’affaires ont progressé de 2,4 % l’an dernier dans le département, une progression corroborée par une hausse des effectifs de 3,3 % sur l’année. Pas de quoi rougir donc, même si l’an dernier à pareille époque, Philippe Robardey, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse (CCIT), s’enthousiasmait d’une hausse des chiffres d’affaires dans le département de plus du double, à +5 %, confortée par une croissance des effectifs de 3,1 % pour 2017.
« Après deux années de bons résultats, 2018 accuse un ralentissement, mais conserve une croissance positive, et ce dans chacun des secteurs », pointe Anouk Déqué, première vice- présidente de la CCIT qui présentait cette année les résultats de l’enquête de conjoncture que l’institution consulaire réalise depuis 17 ans en partenariat avec la Banque de France, représentée pour l’occasion par son nouveau directeur régional, Stéphane Latouche. « Ce ralentissement de la demande a cependant des répercussions sur les marges et la rentabilité », a-t-elle précisé.
En 2018, le secteur des services s’est montré le plus dynamique, affichant une progression des chiffres d’affaires de 3,7 % et une croissance des effectifs de 4,3 %. Ce n’est pourtant pas le secteur où les effectifs ont crû le plus notablement. En effet, le secteur du BTP et de l’immobilier, après quatre années de marasme, continue de reconstituer ses effectifs, ceux-ci ayant crû de 5,5 % l’an dernier après +5 % en 2017. Le secteur, qui a enregistré une hausse de 1,9 % des chiffres d’affaires l’an dernier, se montre confiant pour l’avenir. Confortés par un carnet de commandes fourni, les chefs d’entreprise de la branche s’attendent à une nouvelle progression en 2019, tablant sur une hausse d’activité de 2,8 % tandis que les effectifs devraient croître de 3,2 % sur l’année.
Dans la filière du BtoB, l’optimisme est également de rigueur. Le secteur, qui réunit l’industrie, les services aux entreprises et le commerce de gros, s’attend pour 2019 à une progression de 3,1 % des chiffres d’affaires, contre +2,7 % en 2018. Les effectifs, suivant la même tendance, pourraient gonfler de 3,6 %, après avoir fortement crû en 2018, de 4,1 %.
L’industrie qui affichait en 2017 une progression de 6,5 % des chiffres d’affaires, accuse en 2018 un très net ralentissement, à +1,8 %, soutenue par une croissance du même ordre des effectifs. L’aéronautique notamment, après avoir connu deux années de forte hausse des courants d’affaires (+13 % en 2016, +8 % en 2017), atterrit en douceur à +4,2% en 2018. Décélération qui devrait se poursuivre cette année à +1,7 %. Pour autant, dans leur ensemble, les industriels, qui anticipent une reprise significative des investissements, prévoient une hausse de 2,8 % des courants d’affaires cette année tandis que les effectifs enregistreraient une hausse plus modeste, à +1,1 %.
Dans ce contexte, portés par les activités de conseil, les services aux entreprises ont joué un rôle moteur l’an dernier, rôle qu’ils devraient continuer d’assumer cette année. Les chefs d’entreprise du secteur envisagent une hausse de 4,8 % des chiffres d’affaires cette année (contre +3,9 % l’an dernier), soutenue par une forte hausse des effectifs, de l’ordre de 5,4% (après +5,8% en 2018).
De son côté, la filière du BtoC, qui regroupe le commerce et les services aux particuliers, affiche des perspectives très légèrement positives, alors que le commerce de détail, impacté par les mouvements sociaux, marque le pas. Les chefs d’entreprise de la filière, interrogés en janvier, anticipaient une progression des courants d’affaires de 3,8 % sur l’année et d’ 1,4 % des effectifs. « Il n’est pas certain que, les mouvements sociaux se prolongeant, si nous les interrogions aujourd’hui, leur appréciation serait la même », reconnaît Anouk Déqué.
La première vice-présidente de la CCIT en a d’ailleurs profité pour faire un point sur l’impact du mouvement des Gilets jaunes sur le commerce de centre-ville. L’enquête, menée fin janvier début février auprès de 700 commerces et cafés, hôtels, restaurants en Haute-Garonne, révèle qu’une part très importante des commerçants (87 %) est affectée par une baisse de chiffre d’affaires depuis le début du mouvement. Cette perte atteint 24 % en décembre et de 22 % en janvier pour la moitié des commerçants.
Selon Anouk Déqué, la cellule de crise, constituée au sein de la CCIT pour faire face à l’urgence, a reçu 547 appels. 152 entreprises ont sollicité par ce biais un report des échéances sociales et fiscales, qui leur a été accordé dans la quasi-totalité des cas (142). Une quinzaine d’entreprises a déposé un dossier de demandes d’avances remboursables auprès du fond de solidarité consulaire. Des chiffres qui pourraient progresser en fin de mois.