En Haute-Garonne aussi, le défi de la pérennité des stations de ski

Superbagnères

La station de Superbagnères.

Le conseil départemental a présenté ses investissements pour la nouvelle saison hivernale.

À en croire Maryse Vezat-Baronia, la vice-présidente du conseil départemental de Haute-Garonne en charge du tourisme, ladite activité serait, à Luchon, si ancienne qu’elle remonterait… au 18e siècle ! Toutefois, si les aristocrates de l’époque venaient y apprécier l’air pur et les eaux thermales, ce sont les touristes du 20e siècle, bien plus ordinaires, qui ont fait le succès de la station de Superbagnères – la première à avoir ouvert dans les Pyrénées, et la deuxième en France après Chamonix. Tout comme les touristes et leurs envies « ont changé depuis quelques années », observe Didier Cujives, le président de Haute-Garonne Tourisme, qui, le 29 novembre, animait aux côtés de la vice-présidente, une conférence de presse consacrée aux nouveautés des stations de ski haut-garonnaises dans l’un des salons de réception du conseil départemental. En effet, « les touristes partent le plus souvent pour des séjours plus courts, donc il est important de s’adapter à leurs attentes. La pratique du sport d’hiver diffère de ce que nous connaissions il y a quelques années » : que ce soit par envie de « butiner » ou « parce que l’on est un peu moins sportifs qu’avant », le touriste n’a plus envie de passer sa journée à monter et descendre les pistes à ski, mais semble demander désormais « d’autres pratiques sportives, comme les raquettes ou le ski de randonnée ». D’où, souligne Didier Cujives, une double problématique pour les stations de ski de Haute-Garonne – et d’ailleurs – qui, pour continuer d’attirer la clientèle, doivent « être particulièrement innovantes pendant la saison hivernale » et, le reste de l’année, développer « le tourisme quatre saisons ».

Pour les y aider, le conseil départemental de Haute-Garonne a voté en avril un soutien financier qui, joint à celui de la communauté des communes de tutelle de Superbagnères, Le Mourtis et Bourg d’Oueil (réunies depuis août 2018 dans le syndicat mixte Haute-Garonne Montagne), représente 4,8 M€. Un financement qui permettra « de moderniser le réseau de neige de culture (1,6 M€), pour que chaque station ait un ski de qualité dès cette saison » grâce à de nouveaux enneigeurs, explique Maryse Vezat-Baronia. L’enveloppe a été également utilisée pour créer « un système modernisé et harmonisé de billetterie pour les trois stations » pour 700 K€, afin d’offrir au client « confort et rapidité d’achat, ce qui se fait déjà dans d’autres stations » du massif pyrénéen. Ce à quoi il faut ajouter, aussi, un investissement dans de nouveaux portiques et bornes, dont près d’une trentaine de ces dernières pour le seul Superbagnères !

« Mais la grande nouveauté réside dans les tarifs [des forfaits] : nous avons décidé de revoir entièrement la grille tarifaire, pour en proposer dès cette année une version harmonisée, avec l’objectif de booster la fréquentation », par exemple avec une carte donnant droit à la fréquentation illimitée des trois domaines skiables. Grâce au financement du conseil départemental, ont été en outre mis en place « de nouveaux tarifs préférentiels pour attirer de nouvelles catégories d’âge : la gratuité sera ainsi totale pour les enfants de moins de six ans et les adultes de plus de 65 ans, tout comme il y aura des avantages pour les personnes allocataires du chômage et du RSA ».

MISSION SÉDUCTION… TOUS AZIMUTS

Et afin d’attirer le chaland, Maryse Vezat-Baronia ne se prive pas de rappeler que le 13 et le 14 décembre, Le Mourtis et Superbagnères « seront entièrement gratuits en préouverture, une manière de faire découvrir les stations haut-garonnaises aux familles et aux clients potentiels ». La première des cibles restant évidemment « la population de l’agglomération toulousaine », rappelle l’élue, « même si on voit aussi des habitants de la métropole bordelaise ». Cependant, précise à son tour Didier Cujives, « cela fait deux ans que nous avons mis en place une action à destination du public chinois » ! Mais attention, non pas les Chinois qui vivent en Chine, « mais ceux qui résident en France, et en particulier la communauté chinoise de Toulouse, qui est très importante ». Composée en majorité « d’étudiants et de salariés, qui ne sont pas appelés à rester en France », ces touristes inattendus se sont ainsi vus invités, l’an dernier, à des sorties ski. L’objectif étant, selon le président de Haute-Garonne Tourisme, qu’ils « deviennent les ambassadeurs de nos belles Pyrénées » auprès de leurs compatriotes restés en Chine, afin qu’ils leur donnent envie de venir skier ici. Et déjà, Didier Cujives affirme réfléchir « à proposer ce type d’action à d’autres nationalités »

Reste une question de taille, encore non résolue : quand les stations de ski de Haute- Garonne seront-elles à l’équilibre ? Prudente, Maryse Vezat-Baronia préfère rappeler que « le président [du conseil départemental, Georges Méric] a fixé un objectif à cinq ans, vers 2024. Si effectivement à cet horizon, on n’a pas rétabli une meilleure santé financière et qu’on n’a pas créé de véritable dynamique “quatre saisons”, nous nous interrogerons sur le dispositif. Mais il ne fait que commencer » ; un travail de réflexion restant à mener aux services du département, « au bureau d’études et aux acteurs locaux pour essayer de dynamiser ce tourisme quatre saisons qui est encore à construire ».