Égalité femmes-hommes: l’ESS sur la bonne voie

ESS

L’ESS représente en Occitanie quelque 17 800 strcutures (associations, fondations, coopératives, mutuelles, etc.) et près de 214000 salariés.

Comment l’égalité femmes-hommes est-elle prise en compte dans les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui promeuvent l’utilité sociale et un fonctionnement démocratique ? La chambre régionale de l’ESS (Cress) a mené l’enquête. Elle montre qu’il reste des marges de progrès.

Peut mieux faire, c’est en substance la conclusion que l’on pourrait tirer de l’étude menée par l’observatoire de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) d’Occitanie sur le respect de l’égalité femmes- hommes dans les structures de l’ESS, un secteur qui regroupe en Occitanie quelque 17 800 structures (associations, fondations, coopératives, mutuelles, etc.) et près de 214 000 salariés. L’étude, présentée à Balma le 3 décembre à l’occasion d’une table ronde à laquelle participait notamment Catherine Hugonet directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité, montre en effet que les structures du champ de l’économie sociale et solidaire (ESS), définie comme « un mode d’entreprendre et de développement économique » qui promeut des valeurs telles qu’« une finalité sociale, une gouvernance démocratique et une gestion responsable », ont elles aussi des progrès à faire en matière d’égalité femmes-hommes. Sans surprise, l’étude fait le constat que l’économie sociale et solidaire est un secteur particulièrement féminisé : 70 % des salariés de l’ESS en Occitanie sont des femmes contre 40 % dans le reste de l’économie privé et 62 % dans le public. Un phénomène lié à la spécialisation sectorielle des entreprises de l’ESS, les secteurs d’activité les plus développés dans ce champ économique comportant de nombreux métiers « historiquement et culturellement » considérés comme féminin, à savoir les métiers du « care », au sens de prendre soin, c’est-à-dire la santé, l’action sociale ou encore l’enseignement. Ces secteurs où les taux de féminisation oscillent entre 71 % et 81 % sont aussi ceux qui offrent les conditions de travail les plus précaires : postes à temps partiel, faibles rémunérations et évolutions de carrières réduites…

Pour les rédacteurs de l’enquête, « cette forme de non mixité est, avant tout, la conséquence de stéréotypes véhiculés par l’éducation et la socialisation, lesquels sont portés aussi bien par les employeurs que par les salariés eux-mêmes. Ils se cristallisent au moment de l’orientation professionnelle et conduisent à des rôles sociaux différents pour les femmes et pour les hommes. »

UNE SÉGRÉGATION VERTICALE PLUS FORTE DANS L’ESS

Autre constat formulé par l’étude : les structures du champ de l’économie sociale et solidaire, comme celles du reste du secteur privé et du secteur public, comptent une proportion moindre de femmes aux postes de cadres et parmi les professions intellectuelles supérieures. L’écart entre la part de femmes et celle des hommes appartenant à ces catégories socioprofessionnelles atteint 8,6 points dans le champ de l’ESS, contre 5,4 points dans le reste de l’économie privée et 7,8 points dans l’économie publique. Ce phénomène, dit de ségrégation verticale, apparaît donc plus marqué dans l’ESS, avec cependant de fortes disparités selon la nature de la structure. Ainsi le différentiel est très supérieur dans les mutuelles, où il atteint -24,5 points avec 13,1 % des femmes contre 37,7 % des hommes relevant de la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures, contre -10,6 points dans les fondations, -8 points dans les coopératives et -6 points dans les associations.

L’autre réalité que met en évidence l’étude menée par la Cress Occitanie, c’est la précarisation marquée des emplois dans le secteur de l’ESS. Le travail à temps partiel y est nettement plus développé, tous sexes confondus, que dans les autres secteurs de l’économie. Les salariés travaillant à temps partiel représentent en effet plus de 40 % des effectifs de l’ESS, contre près de 24 % dans le reste de l’économie privée et un peu plus de 27 % dans le public. Mais les femmes sont les premières concernées : en Occitanie, 70 000 femmes travaillent à temps partiel dans l’ESS contre 19 500 hommes.

Sur le plan de l’égalité salariale, le secteur de l’ESS affiche en revanche de meilleures performances que les autres champs de l’économie. Quel que soit le secteur observé, le salaire annuel brut moyen des hommes est supérieur à celui des femmes mais l’écart est moindre dans l’ESS : il plafonne à 24 %, soit autant que dans le public, mais grimpe à 34 % dans le privé hors ESS. Selon l’activité concernée, les disparités entre hommes et femmes peuvent toutefois être plus importantes dans l’ESS : elles atteignent 27 % dans les activités financières et l’assurance, voire 31 % dans la santé. Les auteurs de l’étude expliquent cette moindre disparité de salaires entre hommes et femmes dans l’ESS, en partie par le fait « que les rémunérations y sont assez réduites, de sorte que des effets de plancher peuvent en résulter ».

« Partir des stéréotypes de genre, agir sur la culture de l’égalité est un enjeu majeur de l’égalité professionnelle, confirme Catherine Hugonet directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité. L’orientation professionnelle qui se construit très tôt dans la vie, on le voit, a des incidences sur les formes d’emploi, le temps de travail, etc. L’intérêt de balayer toutes ces conséquences permet de mesurer ces enjeux. »

Une charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes

Le préfet de région Occitanie et 42 structures membres du RÉSO ont signé l’engagement.

Plus de 40 structures membres du Réseau Égalité, une Stratégie en Occitanie (Réso) ont signé, le 5 décembre à la préfecture de Région à Toulouse, la charte d’engagement pilotée par la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité (DRDFE).

Ces structures, dont la Cress Occitanie, s’engagent ainsi « à mener des actions concrètes en faveur de l’égalité femmes-hommes, à mener des actions communes, à partager des savoir-faire et des expériences, et à mutualiser des outils et ressources ». La signature de la Charte d’engagement constitue une étape charnière de la vie du réseau, créé il y a un an.

À l’occasion de cette rencontre à l’initiative du préfet de Région, Étienne Guyot, Rachel Silvera, économiste, maîtresse de conférences à l’université Paris-Nanterre, codirectrice du groupe de recherche Mage (Marché du travail et genre en Europe), a donné une conférence sur l’articulation des temps de vie, démontrant qu’elle constitue un enjeu majeur pour asseoir l’égalité femmes-hommes.

La rencontre du 5 décembre a également donné l’opportunité à six acteurs régionaux de témoigner des actions concrètes qu’ils mènent d’ores et déjà en faveur de l’égalité femmes-hommes : la Région Occitanie, avec « Génération Égalité », une action de sensibilisation des jeunes à la prévention du sexisme ; le Club de la presse Occitanie qui promeut le « Guide des expertes », lequel a pour ambition d’offrir plus de visibilité aux femmes dans les médias ; la délégation régionale du centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) qui favorise la formation des agents des collectivités à l’égalité femmes-hommes ; la direction régionale des Finances Publiques (DRFIP) qui mène des actions en interne afin de sensibiliser ses agents aux violences sexistes et sexuelles au travail ; le Mouvement HF Occitanie Toulouse, qui développe « Allié.es », une plateforme contre les violences sexistes et sexuelles dans le secteur culturel ; et SNCF Mobilités Occitanie, qui encourage la mixité dans les métiers de la SNCF.