Ecocert de nouveau à l’assaut des États-Unis

Ecocert

Philippe Thomazo dirige Ecocert depuis 13 ans.

L’un des leaders mondiaux de la certification biologique renforce son positionnement outre-Atlantique avec l’envie d’insuffler une impulsion au secteur.

Le groupe gersois de la certification bio, Ecocert, renforce pour la deuxième fois sa présence aux États-Unis, avec le rachat en novembre dernier de Nature’s International Certification Services (NICS), un organisme de certification en agriculture biologique américain basé à Viroqua dans le Wisconsin.

Cette acquisition permet ainsi au groupe de se positionner dans le top 5 des plus grands certificateurs américains et de sauver l’un de ces organismes engagés, fortement fragilisés par les mastodontes du secteur. « Beaucoup d’organismes de certifications sont nés avec les mouvements de la bio, mais ne peuvent pas faire face aux géants qui ont un spectre plus large de certifications. NICS en faisait partie. Son fondateur étant décédé, sa famille a fait le choix de transmettre l’entreprise à un groupe qui conserverait les valeurs de son créateur. Et cela nous permet d’être présents dans un secteur qui reste à développer. Car si les Américains sont les premiers consommateurs de produits biologiques, ils produisent peu », explique Philippe Thomazo, qui tient les rênes du groupe depuis 13 ans et qui avait déjà opté en 2011 pour le rachat de Indiana Certified Organic, réalisant pour l’heure un CA de 5 M$ outre-Atlantique.

L’entreprise NICS, créée en 2005 par Dave Engel, pionnier du mouvement bio américain dans les années 70, forte d’une vingtaine de salariés, certifiait jusqu’alors plus de 1 200 opérations principalement au Texas et dans le Middle West. Grâce au rachat, le groupe espère atteindre 4 000 opérations d’ici 2020 en élargissant son périmètre dans les États du Nord.

Le marché américain représentant la moitié des ventes mondiales de produits biologiques, la transformation des terres devrait quant à elle se mettre en mouvement. « Le marché américain est un grand marché d’importation et les agriculteurs saisiront bientôt cette opportunité. Comme ailleurs, nous souhaitons prendre part à cette promotion et nous engager auprès de diverses institutions et ONG ».

QUATRE SECTEURS D’ACTIVITÉ

Ecocert, qui pèse aujourd’hui 69 M€ de chiffre d’affaires, compte désormais 27 filiales et 1 500 salariés dont 800 auditeurs répartis aux quatre coins du globe (dont 40 % localisés en France), accompagnant et contrôlant la création ou le passage des productions en bio. « Actuellement, nous opérons dans 24 pays, ce qui nous permet de réaliser des prestations dans plus de 130 pays. Nos plus importantes filiales sont le Canada, les États-Unis, le Chili, le Brésil, l’Argentine, l’Allemagne, la Chine et la France évidemment », précise le directeur. Au total, l’organisme a déjà certifié plus de 70 000 entreprises selon 150 référentiels, le marché international représentant 60 % de son business, suivant différents cahiers des charges propres à chaque pays. « On certifie l’ensemble de la chaîne ». L’organisme gascon compte parmi ses fidèles clients, Biocoop, Danival, Ethiquable, Léa Nature, Nuxe, etc.

Si l’entreprise a trouvé le bon filon dès sa création en 1991 par un groupe d’ingénieurs agronomes, elle a rapidement su s’imposer sur le marché, avec l’essor du bio, grâce à la création de ses premières filiales sept ans plus tard, à ses acquisitions ainsi qu’à sa diversification. Aujourd’hui, cette entreprise indépendante déploie son savoir-faire dans quatre secteurs d’activité en France : la certification de production et de transformation alimentaire bio, la certification des écoproduits, la certification de filière équitable et durable et une filiale dédiée à la formation et à l’accompagnement des entreprises concernant la RSE. « Cette activité lancée il y a trois ans se développe très vite. Les entreprises prennent conscience des attentes des consommateurs et sont de plus en plus désireuses de réduire leur empreinte écologique et sociétale ».

Quant à son activité historique, Ecocert constate de nombreux progrès : le marché français devient un bon élève, surtout en termes de production. Selon l’Agence Bio, l’Hexagone compte plus de 41600 fermes engagées, soit près de 9 % des exploitations du pays, avec plus de 5 000 exploitations supplémentaires en 2018, passant ainsi le cap symbolique de 2 millions d’hectares cultivés sans pesticides. « La France affichait un sérieux retard face à ses voisins européens, dont l’Espagne et l’Italie, mais elle le rattrape depuis cinq ans et pas seulement en surface exploitées mais dans toute la filière. La bio représente une chance pour l’agriculture française », clame le directeur gersois d’origine, ancien manager au sein de Vivendi Universal Game.