Après 17 années passées dans les coulisses des tournages de cinéma, il vient de reprendre l’activité hôtelière du château de Terrides dans le Tarn-et-Garonne. Son projet, tourné vers l’événementiel, vient de faire des débuts prometteurs.
Mehdi Abdesslam est soulagé. Mieux, il est même « gonflé de confiance ». Les premiers clients de l’imposant château de Terrides, qui vient de rouvrir ses portes, sont repartis ravis de leur séminaire d’entreprise début avril. « J’étais un peu stressé, il peut toujours y avoir des surprises avec un château. Mais tout a fonctionné ». Ces bons débuts ont motivé le jeune patron – associé avec son père, ancien gérant de cet établissement hôtelier de luxe – à accélérer les travaux de rénovation. « On pensait faire une pause pour des raisons de budget, mais on va continuer, en rognant sur d’autres postes ».
Pour le moment, 22 chambres sur les 52 que compte la vieille bâtisse sont disponibles à la location pour des événements collectifs. Mais les demandes de devis pour des groupes importants, de l’ordre d’une quarantaine de personnes, se multiplient. Le chantier va donc reprendre, et 30 chambres supplémentaires devraient être prêtes en juin. « Elles sont en bon état, il n’y a que quelques petits travaux à faire : repeindre les murs, changer les moquettes, des appliques, etc ».
La reconversion professionnelle de Mehdi Abdesslam commence donc particulièrement bien. Une première victoire pour celui qui n’avait jamais travaillé dans l’hôtellerie ni dirigé une société. Ce quadragénaire n’est d’ailleurs pas né châtelain. Il a grandi à Montauban, dans une maison « normale ». Ce n’est qu’après son départ du foyer familial pour aller faire ses études à Toulouse que son père, kinésithérapeute, a lâché son travail et, en 1995, racheté le château de Terrides.
« À l’époque, je me suis dit qu’il était gonflé, surtout après avoir vu l’engin. Ce n’est pas une maison bourgeoise, c’est un vrai château avec une façade de 70 m de long et trois tours ». L’ancien propriétaire n’avait tenu que deux ans, et les professionnels du monde de l’hôtellerie de la région de Montauban n’auraient pas misé un kopeck sur l’ancien kiné. « Mais 24 ans après, il est toujours là ! »
Au milieu des années 1990, Mehdi Abdesslam fréquente la fac de science de la Ville rose. Mais les débouchés ne lui parlent pas et il décide de changer de voie. Ce sera l’audiovisuel. À Toulouse, puis à Paris. « Je suis entré à l’Esra, l’école supérieure d’audiovisuel. Mais je ne suis resté qu’un an et demi. Après quatre ans d’université, j’en avais assez des études, j’avais envie de commencer à travailler ».
À la suite d’un stage très concluant, il est appelé comme régisseur assistant pour un projet de film. Son boulot est de gérer la logistique sur le plateau de tournage, faire en sorte que tout se passe bien. « Cela m’a tout de suite plu. Ça m’impressionnait de travailler au milieu de stars. Et puis, dans ce métier, on bouge tout le temps, on rencontre des gens venus de tous horizons – du braqueur au directeur de banque. On avait accès à des sites où personne n’allait. On a tourné à la tour Eiffel, dans des endroits interdits au public, sur les tours de Notre-Dame, au Panthéon, sur la verrière du Grand Palais… »
Mehdi Abdesslam travaille beaucoup mais aime ça, et il est plutôt bon. Il gravit les échelons, d’assistant passe adjoint, puis régisseur général et même directeur de production. S’il a changé de métier depuis, il en garde de bons souvenirs. « J’ai tourné deux films avec Depardieu, c’est un acteur vraiment impressionnant quand on le voit jouer. Mais je me rappelle surtout de déplacements, d’ambiances de tournages, pas forcément de films particuliers. J’ai beaucoup d’anecdotes mais il ne faut pas les mettre dans le journal ! »
Après 15 ans dans le monde du cinéma, puis de la publicité, le futur responsable hôtelier commence à avoir envie d’un autre challenge. « Je trouvais moins d’intérêt à mon métier, il fallait que j’arrive à me renouveler ». En 2015, son père décide de lever le pied à l’approche de ses 70 ans. Le château est en sommeil. « Un jour, en redescendant avec des amis, je me suis dit qu’il fallait relancer la bête ». La demeure seigneuriale est en bon état mais la tâche est immense. « Il fallait tout remettre en route, c’était un sacré boulot. Surtout pour ce qui touche l’entreprise. Je ne connaissais pas la gestion, le côté administratif. On perd vite du temps avec les impôts, la gestion du personnel, les charges, la comptabilité ».
Mehdi Abdesslam quitte Paris fin 2017 pour le Tarn-et-Garonne, se retrousse les manches et contacte les institutions pour obtenir des financements au titre du tourisme. Accompagné par la CCI, il apprend à gérer une société. Pour le reste, il trouve rapidement ses marques. « Relancer le château, ce n’était pas un problème. En tant que régisseur, je travaillais entre 16 et 18 heures par jour. Là, j’ai choisi de ne pas faire appel à un architecte ni à un maître d’œuvre, ce qui fait encore un peu plus de boulot ». Travailler avec son père, ce n’est pas toujours facile. Mais les Abdesslam s’entendent bien. « Il me donne toujours un coup de main, et il me laisse faire plein de choses ».
Bien ficelé, le projet de relance du château de Terrides démarre sur les chapeaux de roues. C’est d’autant plus réjouissant que très peu de communication a été faite, l’inscription du lieu sur une poignée de sites de location de salles et d’hébergement a suffi. Avec ses 52 chambres, ses grandes salles et son parc de 93 hectares, le château de Terrides, situé à quelques kilomètres de Montauban sur la commune de Labourgade est un lieu parfait pour les événements aussi bien privés que professionnels ou institutionnels. Les demandes de réservations affluent. Trois mariages sont calés, et l’augmentation du nombre de chambres disponibles prévue pour le début d’été va permettre de répondre à davantage de sollicitations. « Je suis très optimiste pour la suite ! »