Du vin au féminin

Maguelone Pontier. DG du Min et fille d’agriculteurs, elle a cofondé l’an dernier Rouge Tanin, une entreprise de production et de négoce de vins.

Dépoussiérer le monde du vin et défendre ses valeurs du féminin, c’est l’ambition de Maguelone Pontier, la directrice générale du Grand Marché – MIN Toulouse Occitanie, qui a cofondé Rouge Tanin en 2019, dont le siège est basé dans la Ville rose et le savoir-faire dans l’Hérault. Au-delà d’être une affaire de production et de négoce de vin, c’est avant tout une histoire de famille et un trio féminin. « Lorsque mes parents, agriculteurs à Fabrègues dans l’Hérault, ont été proches de la retraite, la question de la transmission s’est posée. Avec ma sœur, nous souhaitions préserver les terres tout en conservant nos métiers respectifs. Ainsi, nous nous sommes associées à une viticultrice, ancienne présidente du syndicat des Jeunes agriculteurs de l’Hérault. Elle prend en fermage les céréales de mes parents et continue de s’occuper des vignes, tandis que ma sœur et moi prenons en charge l’assemblage et la partie commerciale », détaille Maguelone Pontier qui, à ses 16 ans, dirigeait déjà une quinzaine de personnes dans l’exploitation familiale. Une affaire de femmes qui promeut la qualité : une des parcelles situées à Villeveyrac, le mas de Bayle, est certifiée Iso 14001, Haute Valeur Environnementale (HVE). « Il s’agit d’une vision transverse de la gestion de l’exploitation, un système de management environnemental qui favorise l’agriculture durable. Sur près de 80 % du domaine, nous n’utilisons aucun herbicide », explique la cofondatrice qui espère écouler cette année 10 000 bouteilles d’une production constituée de rouges, blancs et rosés. Des cépages comme le grenache, la syrah, le cinsault, typiques de la région, qui méritent d’être connus. Maguelone Pontier tend ainsi à valoriser son patrimoine au cœur de la Ville Rose, à Paris et à Bordeaux. « À Toulouse, ce sont notamment les vins de Fronton, de Gaillac ou des bordeaux qui sont consommés aux dépens des vins du Languedoc alors que nous sommes les plus grands producteurs de rosé », regrette-t-elle. Alors que l’hôtellerie-restauration représente 60 % de sa clientèle, l’entreprise chiffre à 30 % la perte de chiffre d’affaires en 2020. « C’est difficile de mesurer la reprise dans ce secteur et le volume à prévoir l’an prochain. L’enjeu est de limiter aussi les pertes pour le rosé qui ne se conserve pas. Cependant, le bouche-à-oreille fonctionne très bien auprès des particuliers qui représentent actuellement la majorité de nos ventes ». La marque vise aussi le marché des entreprises et souhaite doubler sa production l’an prochain. Connaissant son terroir sur le bout des doigts, cette ancienne conseillère du président de la Fnsea, a souhaité produire et commercialiser du vin qualitatif qui ne se prend pas au sérieux, avec un packaging original. « Le fait d’être une femme avec d’importantes responsabilités est toujours compliqué. Avec ces noms évocateurs, j’ai voulu faire un pied de nez à ce poids du féminin dans certains milieux professionnels, dont celui du vin qui était encore un domaine très masculin il y a dix ans. Aujourd’hui, je veux me faire plaisir en partageant mon terroir et un vin que j’aime », conclut la trentenaire qui suit en parallèle une formation en marketing du vin à TBS.