Valentin et Baptiste BodiéDu melon made in Aube

Outre la production de melons, Valentin et Baptiste Bodié se sont lancés dans les cultures maraîchères.

Deux ans après avoir pris les rênes de l’exploitation familiale, les deux frères se sont lancés dans la culture du melon aubois.

Au départ, c’est le sport qui les a unis. De leur enfance à la campagne, les frères Bodié gardent le souvenir d’avoir beaucoup jouer au foot ou à la guerre dans les champs, quand ils n’étaient pas sur un vélo. Après une scolarité à Bar-Sur-Aube, ils ont suivi leur route, chacun son chemin, pour mieux se retrouver il y a trois ans sur les terres de l’exploitation familiale à Aubeterre.

Valentin Bodié, l’aîné, est parti à Dijon en 2005 suivre ses études supérieures. Tout en travaillant chez Décathlon, il a continué à aider son père sur l’exploitation agricole. Une licence de sport en poche, il est entré en master 1 à l’École supérieure de commerce de Troyes.

« J’ai effectué mon stage marketing de fin d’études dans une entreprise en Russie. À mon retour, j’ai travaillé comme chef de rayon au Décathlon de Court-Montreuil (Seine-Saint-Denis), au rayon cycles. Je courais alors en compétition cycliste au niveau régional », explique-t-il.

Mais un encadrement trop strict et le fait d’être enfermé ne lui convenaient pas, même s’il admet que ce poste, très formateur, lui a permis d’acquérir de bons réflexes en matière de gestion. Cherchant le soleil sous d’autres cieux, – et parlant bien l’anglais, un peu l’allemand, et un petit peu le russe -, il travaillera pendant deux ans comme négociant, chez le producteur Top pommes de terre, à Bar-sur-Aube. « Je commercialisais une partie de la production en Allemagne et dans les pays de l’Est. Et j’étais acheteur en Champagne », détaille-t-il.

L’aîné des frères Bodié aura ensuite l’opportunité de reprendre l’exploitation des terres agricoles d’un cousin de son père. Tout en continuant des prestations de négoce de pommes de terre. Il exploite alors une parcelle de 60 hectares. « Avec mon père, nous faisions les assolements, à Saint-André-les Vergers et à Aubeterre, sur une surface totale de 200 hectares de culture de blé, d’orge, de betteraves, de luzerne et de pommes de terre » , précise-t- il. Germe alors « l’idée d’être à [s]on compte ». En 2012, il complète sa formation en préparant à Saint-Pouange, dans l’Aube, un Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole.

C’est en janvier 2014 que Valentin s’installe comme co-gérant de l’exploitation familiale. Tout en exerçant pour Agromar France une activité de commerce international de pommes de terre vers l’Allemagne de l’Est et le Moyen Orient – « qui a bien marché jusqu’en 2017 ».

RÉUNIS SUR L’EXPLOITATION

En 2017, lorsque son père part à la retraite, Valentin prend les rênes de l’exploitation avec son frère, « dont le profil est un peu différent » du sien : « Je suis également issu du milieu rural, j’aime également le sport, mais surtout le football. Moi aussi, je suis allé à la fac de sport à Dijon », relate Baptiste. « Il faisait du foot à un bon niveau régional, avant de se blesser », ajoute l’aîné. Avec en poche un diplôme universitaire de préparation physique, Baptiste travaillera dans une salle de sport à Troyes, puis une deuxième et deux autres à Reims.

« J’ai géré l’ouverture et la gestion de ces quatre salles de sport jusqu’en 2016 », se souvient-il.

Même s’il est resté salarié au service de la remise en forme pendant les premières années de sa vie professionnelle, Baptiste, contrairement à son frère aîné, a toujours eu en tête l’idée, un peu plus présente de jour en jour, de s’atteler au travail de la terre.

Dès la première année où les frères Bodié sont – à nouveau – réunis sur l’exploitation, ils réfléchissent à une diversification de leur activité : « Nous voulions vite mettre en place une stratégie pour nous soustraire de la dépendance de la fluctuation des marchés internationaux. Nous avons décidé de nous orienter vers des cultures de niche », expliquent-ils.

PRODUCTION DE MELONS

Seize hectares de leur exploitation seront ainsi réservés au lancement de nouvelles cultures et au bio. Les frères Bodié ont l’idée de s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique, perceptible dans la région depuis plusieurs années : « Nous avons un climat propice à des cultures méridionales et nous avons commencé par essayer de produire du melon sur un demi-hectare. Nous avons toujours vu nos parents en cultiver avec succès dans le jardin. Et du fait de nos productions à la ferme, comme celle de pommes de terre, nous avons toujours travaillé sans beaucoup de mécanisation. Avec des gens pour le désherbage, l’arrosage, la récolte et le calibrage ». Le fait d’être situé en bordure d’un axe routier très passant a fait le reste. Les melons, vendus sur place ont rapidement conquis les curieux, amateurs de produits frais, heureux de trouver des melons sucrés, cueillis à maturité. Les frères Bodié ont également écoulé une partie de leur production auprès de la grande distribution.

« Les GMS (grandes et moyennes surfaces) ont joué le jeu en termes de tarifs et de mise en valeur de nos produits », se félicite Valentin.

UN DISTRIBUTEUR AUTOMATIQUE

Fort de ce succès, les jeunes agriculteurs ont décidé de se lancer dans le maraîchage, en ajoutant à la culture du melon celles de courgettes, concombres, poivrons, carottes bio et pastèques. Avec toujours cette idée de vendre les produits aux gens qui passent. « Nous avons investi dans un distributeur automatique. Grâce à la mise en valeur d’un ancien hangar avec un habillage en bois et un accès depuis la route, il est destiné à fournir tous les produits de la ferme ainsi que ceux d’agriculteurs voisins et amis (crèmerie, œufs, choux, tomates, farine bio faite à la ferme, lentilles, fromages, bœuf et agneau ponctuellement en précommande) ». Les frères Bodié travaillent également en circuits courts avec des supermarchés locaux.

Parcours

1984 Naissance de Valentin à Troyes le 24 février.
1985 Naissance de Baptiste à Troyes le 19 décembre.
2014 Installation de Valentin comme exploitant agricole.
2017 Baptiste rejoint son frère sur l’exploitation.
2019 Début de la culture du melon.