Le Président de l’association des maires de la Marne milite pour un pouvoir renforcé des maires et une meilleure reconnaissance de la fonction de premier magistrat auprès des citoyens.
Franck Leroy, dans quel état d’esprit se trouvent les maires marnais à six mois des élections municipales ?
« L’état d’esprit des maires marnais est comparable à celui des maires de France. Le mandat local est à la fois passionnant et de plus en plus difficile à exercer. Passionnant parce qu’il touche à des questions extrêmement concrètes pour nos concitoyens (cadre de vie, sécurité, offre de loisirs,…) et parce que nos concitoyens attendent beaucoup dans ces domaines. Difficile parce que certains de nos administrés ne nous facilitent pas la tâche, parce que notre pays se caractérise par un amas de normes terriblement contraignantes qui limitent la capacité d’initiative des collectivités. Enfin, on ne peut pas passer sous silence le fait que l’Etat ait affaibli la capacité financière des communes pour contenir ses propres déficits. Pour toutes ces raisons, on sent parfois des élus découragés voire ulcérés ».
Qu’est-ce qui les décourage le plus ?
« Depuis quelques années, on a privé les élus locaux d’une partie importante de leurs moyens. Très clairement, les communes françaises, qui sont bien mieux gérées que l’État, sont mises à contribution pour combler les déficits de ce même État. C’est terriblement frustrant car on sent qu’on a perdu une partie de nos moyens d’action ».
Le tragique fait divers qui a engendré la mort du maire de Signes (Var) cet été, est-il révélateur de la crise que traversent les élus aujourd’hui ?
« Oui et non. Non, car un tel drame cela reste heureusement un cas isolé mais oui, car on demande beaucoup aux maires. Même si le maire reste l’institution la plus aimée et respectée des citoyens, certains individus ont des comportements qui peuvent mener jusqu’à des cas aussi extrêmes que celui de Signes. Les élus sont régulièrement menacés quelle que soit la taille de leur ville. Mais les maires de communes rurales en particulier sont seuls à faire face à ces menaces, sans police municipale ou même de gendarmerie à proximité ».
Ces sujets seront-ils abordés sur le Carrefour des élus à l’occasion de la Foire de Châlons (30 et 31 août prochains) ?
« Dans le contexte actuel nous en parlerons forcément. D’autant que nous attendons beaucoup de l’État, au travers du projet de Loi Engagement et Proximité, par exemple. Celle-ci prévoit de réaffirmer le rôle du maire dans un certain nombre de domaines et notamment la possibilité d’intimer un ordre ou de verbaliser. Trop de plaintes déposées par les élus sont aujourd’hui classées sans suite par le Parquet. Elles sont souvent considérées comme relevant de faits mineurs alors qu’elles peuvent déboucher sur de véritables drames. La Loi devrait ainsi donner un caractère effectif au pouvoir de police du maire et lui conférer un vrai pouvoir de sanction au-delà de l’arrêté municipal ».
Comment redonner la foi aux maires ?
« Il faut prioritairement donner de la visibilité aux élus locaux.et garantir aux communes les moyens leur permettant de fonctionner. Il faut ensuite stabiliser le contexte juridique des communes ainsi que les périmètres d’intercommunalités. Notre pays ne peut se permettre de défaire ce qui a été fait précédemment même si les moyens employés n’étaient pas les bons. On ne peut pas non plus vous demander toujours plus avec des moyens d’action qui diminuent constamment. Il faut enfin alléger les normes et les contraintes qui pèsent sur le fonctionnement des communes et limitent les capacités d’agir ».