Dix candidats pour un fauteuil rémois

Dans la dernière ligne droite, certains candidats ont été invités par des organisations professionnelles (FFB, Medef, CPME, CCI...) à présenter les grandes lignes économiques de leur programme. Ici Arnaud Robinet, Eric Quénard et Gérard Chemla.

Le premier tour des Municipales se déroule le dimanche 15 mars prochain. Focus sur les programmes économiques dans les principales villes du territoire.

Élu en 2014 avec 46,2% des voix au second tour, face à la maire sortante Adeline Hazan (42,8%) et Roger Paris (FN, 11%) Arnaud Robinet a annoncé sa candidature à sa propre succession mi-décembre 2019.

Six ans plus tard, le scrutin s’annonce bien différent. En premier lieu par le nombre de listes en présence, deux fois plus nombreuses (dix en 2020, contre cinq en 2014). En second lieu par le remodelage complet de l’échiquier politique national et local, qui a vu la quasi-disparition des investitures partisanes pour lesquelles les candidats bataillaient mais aussi l’apparition de nouveaux partis, La République en Marche en tête.

En 2020, le maire sortant Arnaud Robinet est l’une des deux seules têtes de liste déjà présentes six ans plus tôt, avec le candidat de Lutte Ouvrière, Thomas Rose. Face à lui, le conseiller municipal d’opposition Eric Quénard (Liste Faisons respirer Reims), le représentant du Rassemblement National Jean-Claude Philipot et l’avocat rémois Gérard Chemla (La République en Marche) font figure de principaux concurrents, parmi les dix listes déposées en préfecture (voir encadré).

« REIMS DOIT ÊTRE UNE VILLE QUI SE MARCHE »

Pour sa première candidature municipale, pour laquelle il a été investi par La République en Marche dès l’été 2019, Gérard Chemla se présente comme un chef d’entreprise. Avocat, il est aujourd’hui à la tête d’un cabinet de 70 personnes et le revendique dans cette campagne : « Je sais ce qu’est que faire des choix d’entreprise, de crouler sous les charges et d’être confronté à l’administration… Je ne modifierai pas et n’augmenterai pas les montants de la fiscalité locale », assure-t-il tout en se prononçant « plutôt contre la fiscalité assise sur la production car elle pénalise le produire en France ».

Si le Grand Est « n’est pas une chance pour Reims », il faut selon lui engager une réflexion sur la possibilité de créer une métropole avec le concours d’autres villes voisines. « Un chemin à ouvrir », précise-t-il.

En matière d’infrastructures, le candidat déplore des « modes de déplacement rarement adéquats », notamment au niveau ferroviaire. « La première question que l’on doit poser est celle de la finalisation du contournement de la ville », avance-t-il, favorable à la création d’une alternative à la traversée urbaine Jean-Taittinger. « Il est urgent de pouvoir contourner Reims sans traverser la ville ». Une question de santé publique mais aussi un enjeu de développement. « Nous ferons des appels à projet. Nous les évaluerons, puis ils seront soumis à la consultation publique ». Une politique de concertation qui serait adoptée dans de nombreux autres domaines d’ailleurs.

S’il ne prévoit pas une deuxième voie de tramway, trop coûteuse, il pro- pose que tous les tramways desservent le CHU et la polyclinique de Bezannes, avec une augmentation du cadencement. Cycliste convaincu, Gérard Chemla propose des autoroutes à vélo. Sans lutter aveuglément contre la voiture, il souhaite aussi promouvoir la piétonnisation. « Reims doit être une ville qui se marche ». En matière d’attractivité, réfléchir aux moyens de faire plus et mieux pour faire davantage travailler les entreprises locales dans la commande publique. « Il faut mettre des clauses de circuits courts dans les appels d’offres et inclure la gestion des déchets dans les appels d’offres ». Pour l’emploi, il prône la valorisation des filières qui forment « des gens immédiatement employables, il faut favoriser l’apprentissage ». Ecologie toujours, Gérard Chemla prévoit la création d’un « budget carbone » à l’échelle de la collectivité.

Conseiller municipal d’opposition sortant, à la tête de la liste Faisons respirer Reims, Eric Quénard propose un programme alliant écologie et économie. Avec une proposition emblématique : coupler à la politique d’investissement la notion de transition énergétique. « Reims et le Grand Reims injectent chaque année 150 M€ dans l’économie. Je souhaite insérer une clause carbone pour faire en sorte que les entreprises vertueuses en matière environnementale aient accès plus facilement aux marchés publics des collectivités ».

RÉCUPÉRER LA VOIE JEAN-TAITTINGER

Face à des taux d’emprunt très faibles, le candidat propose que la Ville s’endette un peu plus pour financer d’autres plans d’investissements tels que la rénovation énergétique des écoles et bâtiments communaux et communautaires qui le nécessitent. « C’est un programme de 100 M€ sur le mandat soit 15M€ par an, qui va à la fois déboucher sur des travaux pour les entreprises locales et des économies d’énergie pour la collectivité ».

En matière d’emploi, Eric Quénard met l’accent sur les besoins de renforcer une offre de formation en adéquation avec les besoins des entre- prises en main d’œuvre qualifiée. Il faut penser le territoire en soutenant quatre grandes filières en particulier, estime-t-il. « La bioéconomie, la santé et le vieillissement de la population, le développement durable et le luxe ».

Sensible à la question des mobilités, le candidat l’assure : « On ne peut pas s’intéresser à l’aménagement des berges du canal si on ne traite pas la question de la traversée urbaine, qui voit passer 60 000 véhicules par jour ». Sous concession Sanef jusqu’en 2032, la voie Jean-Taittinger pourrait être récupérée par la collectivité si elle le souhaite, estime Eric Quénard. « Il faut le vouloir ». Et s’il ne croit pas à la suppression pure et simple de cette traversée, il imagine davantage « un bus à haut niveau de service, allant de Cormontreuil à Tinqueux, par exemple ». « J’ai un regret », avoue-t-il. « Que nous ayons mis de côté cet outil que l’on appelait le G10, et constitué autour de toute la zone d’attractivité du territoire rémois, sur la Marne, l’Aisne et les Ardennes. Il faut le réactiver ».

Sécurité, emploi, bien vivre la ville. Trois axes majeurs du projet du maire sortant qui vise un deuxième mandat. Conscient de l’adage bien connu en politique selon lequel on ne gagne pas une élection sur un bilan, Arnaud Robinet préfère évoquer l’avenir de Reims. L’attractivité tout d’abord. « Elle se joue sur différents paramètres dont la fiscalité et le bassin de formation et de recrutement. C’est pourquoi nous nous battons pour accueillir des formations et Reims espère pouvoir annoncer bientôt la venue d’une nouvelle école parisienne ».

« RECOUDRE LA VILLE »

En matière de fiscalité, le maire rappelle le respect de ses engagements de 2014 et leur poursuite en cas de réélection : « Nous avons baissé la taxe sur les ordures ménagères de 20%, baissé la taxe sur les enseignes de 50% et diminué la part communale de la taxe foncière de 50% lorsque les propriétaires réalisent des travaux de rénovation énergétique . Il n’est pas question de promettre monts et merveilles en matière de fiscalité mais avec la suppression de la taxe d’habitation la collectivité doit être encore plus rigoureuse en terme de gestion. C’est pourquoi nous avons mis en place une gestion maîtrisée de nos dépenses de fonctionnement pour continuer à investir et maîtriser la fiscalité ».

En matière de grands projets, tandis que sont en cours de réalisation l’Arena et le complexe aqualudique, il souligne : « Reims est la 12e ville de France, elle aura d’ici 2023 tous les équipements dignes de ce nom. Mon grand projet c’est de recoudre cette ville ». Un projet qui vise à relier les deux parties de la ville se situant de part et d’autre du canal et de la voie Jean-Taittinger. « À propos de la traversée urbaine, attention aux fausses bonnes idées et à reporter la circulation ailleurs avec les embouteillages et la pollution que cela implique ». Pour le maire sortant, la diminution de la circulation passe plutôt par un contournement de Reims via le barreau Est. « Il fallait pour cela que les collectivités soient propriétaires du foncier, ce qui est budgété à hauteur de 25 M€ ».

Hors programme, le maire de Reims n’exclut pas la couverture d’une partie de cette fameuse traversée urbaine.

Quant à la place de la ville et de la communauté urbaine dans le Grand Est, Arnaud Robinet l’envisage davantage tournée vers Strasbourg que vers Paris comme c’est le cas actuellement. « Nous avons aussi des collaborations à étudier avec Troyes, Charleville, Châlons et Epernay, pour constituer une sorte de sillon champenois de Troyes à Charleville. Pour cela il faut des projets. Jouons sur nos atouts, nous n’avons rien à envier aux autres villes ».

LES DIX CANDIDATS REMOIS

Léo Tyburce, tête de liste Europe écologie les verts « Reims Verts l’avenir »

Laure Manesse, tête de liste La France Insoumise « Reims en commun »

Thomas Rose, tête de liste Lutte ouvrière

Emmanuel Ludot, tête de liste « Les oubliés de la politique »

Hadhoum Tunc, tête de liste « Nous, citoyens rémois »

Fatima El Haoussine, tête de liste Union Des Rémois

Jean-Claude Philipot, tête de Liste Rassemblement National

Arnaud Robinet, tête de liste « Reims Naturellement »

Eric Quénard, tête de liste « Faisons respirer Reims »

Gérard Chemla, tête de liste LREM « Osons Reims »