Diptyque Audio : une entreprise qui sonne juste

Gilles Douziech et Eric Poix ont fondé Diptyque Audio.

Futuristes, connectées, allongées… Les enceintes ne se cachent plus. Eric Poix et Gilles Douziech ont trouvé l’accord parfait. Ils fabriquent des enceintes d’une pureté et d’une finesse inégalées. Leur qualité est reconnue dans le monde entier. Coup de projecteur sur un produit montalbanais à haute valeur ajoutée pour audiophiles exigeants.

Chez Diptyque audio, on ne parle pas, on écoute… Les deux fondateurs de l’entreprise montalbanaise se sont rencontrés dans une autre vie, leur passion commune pour le son a donné naissance à la création d’une entreprise. « Je travaillais avec Éric, je gérais la maintenance de l’électronique médical en milieu hospitalier », explique Gilles Douziech. C’était en 2001.

« On bidouillait des enceintes dans notre garage », se souvient-il. Quelques « bidouillages » et tests plus tard, ils ont sorti leur première réalisation, un haut-parleur extra-plat destiné à une exposition d’art contemporain, un tableau sonore. « Nous voulions que le son sorte des photos, explique le cofondateur. Il faisait 2 m2, le panneau servait d’écran et de haut-parleur. »

Gilles Douziech s’est formé en électroacoustique, il est devenu enseignant spécialisé en technologie. Tous deux ont continué à perfectionner leurs produits.

L’ENTREPRISE PASSE À LA VITESSE DEUX

« Nous fabriquions nos enceintes en dilettante, sourit Gilles Douziech. Les professionnels de la boutique ADHF à Toulouse ont essayé nos produits et ont proposé de les commercialiser. C’était une belle opportunité. »

En 2017, Gilles Douziech et Éric Poix remportent ainsi le 1er prix au concours de start-up organisé par le Grand Montauban et intègrent la pépinière. « Trois ans après, on peut dire que nous sommes prêts. »

En 2018, le salon High End de Munich a ouvert à l’entreprise les portes de l’export. Avec le soutien financier et logistique de l’agence de développement Ad’Occ, Diptyque a loué un auditorium pour faire tester ses produits. Elle a décroché de jolies commandes dans toute l’Europe mais aussi aux USA, à Hong-Kong, en Corée… Elle exporte 80 % de ses produits, « mais pas à Dubaï, plaisante Gilles Douziech, nos prix ne sont pas assez élevés. »

UN TRAVAIL D’ARTISTE

Les haut-parleurs plats donnent la sensation d’être face à l’orchestre contrairement aux HP classiques qui projettent le son. Tout est réglé au millimètre, les passionnés veulent retrouver l’émotion du concert dans leur salon. « On a perdu cette qualité avec les enceintes Bluetooth », souligne le dirigeant. Modestement, il ajoute que le principe de fabrication d’une enceinte n’a pas beaucoup évolué depuis 1870 : une membrane, un aimant, une bobine… L’approche de Diptyque est comparable à celle des artisans d’art : « Éric et moi sommes complémentaires, je suis spécialisé en électroacoustique et Éric en mécanique et ébénisterie. Nous fabriquons nos pièces avec une fraiseuse à commande numérique. Notre façon de travailler se rapproche de celle du luthier. »

Les modèles sont vendus entre 20 et 40 000 € la paire d’enceintes. « Sur le marché, les prix peuvent grimper jusqu’à 1 M€ », ajoute Gilles Douziech.

LE FUTUR DE L’ENTREPRISE

« Doucement mais sûrement », c’est la devise des fondateurs. Diptyque Audio fabrique 200 haut-parleurs par an. « Nous espérons doubler dans les prochaines années, changer de locaux et agrandir notre showroom à Montauban ». Le duo collabore avec des ingénieurs du son de jazzmen renommés tels que Michel Portal. « On se prend à rêver de concerts immersifs. On pourrait placer nos haut-parleurs dans le public et proposer des paysages sonores autour de l’artiste, créer des univers acoustiques différents. »

Faire entrer le son dans les musées, encastrer des enceintes dans des portes, des cloisons, développer des projets architecturaux et sonores avec des hôtels… Éric Poix et Gilles Douziech n’ont pas encore franchi le mur du son.