Dijon Métropole carbure à l’hydrogène

Maquette projet Dijon Métropole

La société Dijon Métropole smart energhy, porteuse de la future unité de production d’hydrogène, a réalisé une maquette Lego pour expliciter son projet. Cette unité sera installée sur le site de unité de valorisation énergétique de la ville.

Dijon, finaliste du concours « Capitale verte européenne 2022 » et labellisée « Cit’ergie », a lancé la création d’une unité de production et de distribution d’hydrogène « verte ». Objectif : alimenter une flotte de véhicules propres et ainsi franchir une étape supplémentaire vers une collectivité décarbonée.

Après le développement des modes de déplacement doux à Dijon (Tram, Bus hybrides, vélo), la création de secteurs piétons, les plans d’actions en faveur de la biodiversité et de la préservation des insectes pollinisateurs, le développement du réseau de chaleur urbain (120 kilomètres sur deux réseaux interconnectés, le quatrième de France en taille) Dijon métropole poursuit son engagement pour le développement de l’écologie urbaine et des mobilités douces au travers d’un nouveau projet très ambitieux, en partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et la région Bourgogne Franche-Comté, basé sur l’utilisation de l’hydrogène.

L’hydrogène combine tous les atouts pour relever le défi de la transition énergétique. Il est stockable sous pression, il ne rejette que de l’eau et génère zéro bruit, zéro gaz à effet de serre et zéro particule. Dijon métropole a donc imaginé un système en circuit court afin de produire localement de l’hydrogène d’origine renouvelable. Dans l’unité qui sera créée à proximité du site de valorisation énergétique (UVE) de la métropole (rue Alexander Fleming), le gaz sera fabriqué par électrolyse de l’eau. Sa production s’appuiera essentiellement sur l’électricité « verte » issue du groupe turbo alternateur de l’UVE et donc de la combustion de déchets ménagers. Elle sera complétée à terme par de l’électricité provenant de la ferme photovoltaïque appelée à prendre place sur l’ancienne décharge de la ville, ou par d’autres productions renouvelables de proximité.

L’électrolyseur fournira dans un premier temps 500 kilogrammes d’hydrogène par jour distribués au travers de six pompes. Conditionné sous 350 à 400 bars de pression, cet hydrogène permettra une recharge des véhicules légers en moins de cinq minutes et dix minutes pour les véhicules lourdes. Le gaz alimentera les piles à combustible des véhicules électriques à hydrogène d’une flotte de la métropole de huit bennes à ordures ménagères et de six véhicules utilitaires légers. « L’objectif étant ensuite de déployer cette technologie aux bus lors du prochain renouvellement de parc », précise Frédéric Baverez, directeur exécutif France Kéolis tout en affirmant que la métropole, par sa gestion vertueuse n’a eu de cesse d’être un catalyseur de leur propre innovation. « Pour une mobilité verte l’électricité est la meilleur des énergies. Cependant la question des batteries est prégnante. Dans un bus électrique classique de 12 mètres les batteries représentent une surcharge de trois tonnes, avec l’hydrogène ces dernières ne représentent plus qu’un excédant de 30 kilogrammes ». « In fine, la station permettra de recharger tous types de véhicules électriques à hydrogène sur le territoire. Elle sera ouverte à tous ceux qui le souhaitent, entreprises et particuliers », ajoute François Rebsamen, président de Dijon Métropole et maire de la ville. La création de cette unité est portée par Dijon métropole et l’entreprise Rougeot Energie (depuis 2017, elle propose, sous le nom de Justy, des services d’ingénierie et de formation en énergies renouvelables : éolien et hydrogène notamment), dans le cadre d’une société par action simplifiée (SAS) baptisée Dijon Métropole smart energhy (DMSE). DMSE sera accompagnée par Keolis, et Hynamics, filiale du groupe EDF. Labellisée « Territoire Hydrogène », la Bourgogne Franche-Comté, a déployé un plan hydrogène ambitieux « épine dorsale de notre développement et de la réussir de l’indispensable transition énergétique », argue Marie-Guite Dufay, président de la région. Si à ce titre, elle soutient la création de l’unité de production, de distribution et de stockage de Dijon métropole, elle travaille également à la mise en place de stations de stockage d’énergie renouvelable et de ravitaillement de véhicules à hydrogène dans cinq de ses lycées : Germaine Tillion (Montbéliard), Louis Davier (Joigny), Pierre Bérégovoy (Nevers), Duhamel (Dole) et Vauban (Auxerre). Objectif : former les futures générations à la maintenance des véhicules à hydrogène.

Le coût global de la station dijonnaise est estimé à 6,5 millions d’euros. Le projet a été labellisé par l’Ademe qui cofinancera l’installation de l’infrastructure à hauteur de 1,8 millions d’euros et 1,6 million d’euros pour les véhicules. La mise en service de l’unité de production est prévue pour l’été 2021. Dès 2022 : une économie de 1.750 tonnes de CO2 par an est prévue, soit l’équivalent de 700 allés-retours Paris- New-York. « Aujourd’hui, 75 % de la stations est déjà préemptée. Celle-ci est appelée à évoluer pour doubler ses capacités », précise l’édile.

BFC terre d’hydrogène

La région ambitionne aujourd’hui de devenir un territoire leader du vecteur hydrogène en France et au-delà. Elle bénéficie pour cela d’un écosystème robuste et d’un tissu industriel dynamique (à l’image du projet d’installation de Faurecia, centre mondial de recherche et de développement de prototypes de réservoirs hydrogène à Bavans (25), soutenu à hauteur de près de cinq millions d’euros par la collectivité régionale), d’équipements structurants (plateforme FC Lab – Fuel cell lab – de recherche sur la pile à combustible, à Belfort). La région a décidé d’amplifier la dynamique de structuration de cette filière en votant, en novembre 2019, la feuille de route régionale consacrée à l’hydrogène pour les dix années à venir. L’objectif est non seulement d’accompagner le développement des usages stationnaires et de mobilité comme l’acquisition d’un premier parc de rames ferroviaires hydrogène, mais également d’investir dans la recherche, la sensibilisation et la formation. Cet effort régional représente plus de 100 millions d’euros pour soutenir l’essor et le déploiement de la filière.