Diagnostiquer vite et bien les vertiges : le CHU de Dijon fait appel à la hightech

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Face à la difficulté d’examen des patients vertigineux, le CHU Dijon Bourgogne s’est doté d’un simulateur en réalité virtuelle pour former les médecins à la prise en charge des vertiges.

En France, une personne sur dix est concernée par les vertiges. Ce symptôme multiforme (on dénombre plus de 300 types de vertiges de toutes sortes) entraîne environ 300 000 consultations par semaine. Aujourd’hui, la difficulté majeure, pour un médecin qui se trouve face à un patient vertigineux, notamment aux urgences, est de savoir rapidement si on est face à une situation grave (AVC par exemple) ou si le vertige est complètement bénin. Dans ce contexte, l’outil standard c’est l’IRM mais celle-ci n’est pas forcément disponible et accessible. De récentes études ont, par ailleurs, démontré que quelques examens simples pouvaient permettre de conclure, de manière nettement supérieure à l’IRM, à la cause du symptôme de vertige. Pour la prise en charge d’un vertige, ce qui prime c’est l’examen des yeux (le désalignement vertical des yeux est un signe très discret pouvant faire penser à un AVC). « Il y a ensuite le nystagmus, qui est un mouvement oscillatoire des yeux, généré par une anomalie du système de l’équilibre, indique le professeur Bozorg- Grayeli , chef du service d’ORL du CHU Dijon Bourgogne. Son sens, sa direction, sa vitesse, ses conditions de déclenchement sont un indicateur pour voir où se situe “la panne” ».

ACQUÉRIR LES BONS RÉFLEXES

Pour infirmer ou confirmer l’origine neurologique d’un vertige, le médecin peut également s’appuyer sur le test d’Halmagyi, qui permet, avec une très bonne spécificité, de dire si le symptôme provient d’un dysfonctionnement dans l’oreille interne. Ce test consiste à prendre la tête du patient et à lui donner un mouvement très rapide et très bref en lui demandant de fixer un point du regard. Une manipulation très facile à décrire, à montrer sur vidéo mais difficile à répéter sur un patient vertigineux chez qui tout mouvement sera cause d’aggravation des symptômes. C’est cette difficulté d’examen du malade qui a poussé les équipes du service d’ORL du CHU à se rapprochées de l’Institut Image de Châlon-sur-Saône. En quelques mois un simulateur en réalité virtuelle a ainsi vu le jour. « L’objectif de cet outil est d’apprendre aux médecins et aux futurs médecins à se débrouiller vite et bien. Il plonge l’apprenant dans un cabinet médical et propose un scénario de prise en charge d’un patient vertigineux qu’on va pouvoir examiner, déplacer, à qui on va pouvoir faire faire des mouvements oculaires », indique le spécialiste. Le simulateur, composé d’un mannequin représentant la tête d’un patient et de lunettes de réalité virtuelle, va montrer à l’utilisateur différentes sortes de nystagmus. L’outil propose deux modules : l’un qui permet de distinguer le vertige grave de celui qui ne l’est pas et l’autre qui permet la prise en charge d’un vertige positionnel paroxystique bénin, traitable par des manœuvres et qui ne nécessite ni hospitalisation ni même de traitement médical. « Avec cet outil, on peut bouger la tête du patient, le mettre dans diverses positions, ce qui constitue, en soi, une prise en charge car, parfois, pour mettre fin aux vertiges, il suffit de manipuler le patient de manière à repositionner des petits cristaux dans l’oreille interne », explique le professeur.