Deux Francs-Comtois à la barre d’un snacking sain et français

Sur un marché du snacking en barres déjà bien segmenté (céréalière, chocolaté, énergétique…) et riche en concurrents, deux jeunes entrepreneurs francs-comtois ont fait le pari de l’innovation en proposant des barres différentes, saines et 100 % française. À ce jour, ils produisent plus de 2.000 « Bonnes Barres » sous la marque Hubert par jour et envisagent une prochaine levée de fonds de 200.000 euros pour investir dans de nouveaux moyens de production.

Venir titiller le piédestal des grandes marques de l’univers du snacking en barre avec un produit original, maison et local : il fallait oser ! Ce pari fou, est né, en 2018, de la rencontre, dans les allées de la Foire gastronomique de Dijon, d’Antoine Boileau et d’Hugo Hiolin. Le premier de ce binôme franc-comtois – créatif et jamais à court d’idées – est déjà à la tête d’une petite entreprise, qui ne connait pas la crise, développant la marque de biscuits et de pains d’épices Délicassie, depuis mai 2017. Le second sortait tout juste de BSB, l’école de commerce dijonnaise. De leur déambulation au gré des stands, ils acquièrent la conviction que l’offre de produits de snacking sains est très maigre. Ils décident alors d’unir leurs compétences pour créer des barres napées de chocolats « saines, bonnes et sympa », d’abord pour eux, puis pour les autres. Conforté par l’accueil plus que positif de leur famille et amis, le duo décide de se lancer. « Aujourd’hui, les habitudes alimentaires des consommateurs et des consommatrices changent, et ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix de produits haut de gamme sains et locaux. L’offre n’est toutefois pas toujours au rendez-vous : c’est notamment le cas dans le domaine du snacking, qui n’évolue que très lentement. C’est donc pour proposer une alternative aux barres industrielles et ultra-caloriques que nous avons voulu lancer notre propre produit, explique Antoine Boileau. Nous aurions pu commercialiser notre nouveauté sous la marque Délicassie. Mais cette dernière étant distribuée quasi exclusivement dans les épiceries fines, avec un positionnement proche de celui du secteur du luxe, totalement étranger à l’univers du snacking, il nous est paru plus judicieux de créer une nouvelle marque aux codes plus jeunes, où humour et décontraction sont les bienvenus ». Basés à Loray, dans le Doubs, Hubert et ses « Bonnes Barres » remportent un succès immédiat au niveau régional. Nos gourmets fondateurs partent alors à la conquête du national via une première opération de crowdfunding sur la plateforme Ulule, en septembre 2019. Un mois plus tard, ils dépassent leur objectif avec 11.000 euros récoltés, au travers de 260.000 contributions. Aujourd’hui, la jeune entreprise fabrique 2.000 barres par jour et s’apprête à amorcer une nouvelle levée de fonds de 200.000 euros pour réaliser des investissements dans les moyens de production (achat d’une enrobeuse à chocolat notamment).

INNOVANT, SURPRENANT, BIO ET LOCAL

Qu’est-ce qui fait le succès de cette nouvelle marque dont le nom rappelle « ces anciens patronymes hérités d’une époque où les valeurs faisaient encore sens », selon les créateurs ? Il y a d’abord cet engagement du sain. « L’originalité des Bonnes Barres, c’est que leurs ingrédients ne subissent aucun ajout chimique : il n’y a ni colorant, ni conservateur », affirme Antoine Boileau. Le second argument de point c’est la dimension locale de la production : « Les ingrédients sont tous soigneusement sélectionnés, et proviennent dans la mesure du possible de Franche-Comté, grâce à une relation de confiance avec des producteurs locaux », appuie le duo. Dans le détail, Hubert propose pour l’instant deux « Bonnes Barres » : une barre rouge baptisée « Coup de fouet », et une barre verte « Force et énergie ». Un nombre très limité d’ingrédients entre dans la composition de ses encas biscuités. De l’anis vert, du bicarbonate, du sucre, du miel d’acacia, au faible indice glycémique, produit en Franche-Comté par des apiculteurs qui travaillent avec des méthodes artisanales… « Notre farine est garantie sans traitement ni améliorant. Elle vient du Moulin de l’Abbaye, tenu par la famille Pouthier, à L’Isle-sur-le-Doubs. Nos œufs sont bio et pondus par des poules vivant en plein air », poursuit Antoine Bouleau. La barre « Coup de fouet » contient des baies de goji, du chocolat noir 45% et du guarana moulu maison. La barre Force et énergie met quant à elle à l’honneur le chocolat blanc, la pomme séchée des vergers de Haute-Saône et la spiruline. « Cette algue, considérée comme un super-aliment est fabriquée, sous label bio, à Baume-les-Dames, dans le Doubs ». Une troisième barre, jaune, est en projet. Si la démarche éco- responsable d’Hubert apparaît clairement dans le choix des ingrédients, elle transparait également dans le mode de production et la fabrication des emballages. « Ces derniers sont réalisés par des travailleurs en situation de handicap œuvrant à l’Unap de Pontarlier, un Établissement et service d’aide par le travail (ESAT). Par ailleurs, les matières premières des emballages sont françaises. Le film qui emballe les barres vient du Nord-Est, tandis que les boîtes cartonnées sont de Belfort ». Le particularisme et l’aspect unique de l’aventure Hubert se traduit aussi dans le choix des lieux de distribution. « En plus de la vente en ligne, nous avons développé un ensemble de points de vente physiques. Convaincus que le marché était cloisonné sans raison valable et compte tenu du fait que nous proposions un produit hybride convenant autant aux sportifs qu’au grand public, nous avons basé nos critères de sélection des enseignes sur la convivialité, l’engagement, la passion et un authentique sens du contact avec les clients… Épaulés par des agents commerciaux indépendants répartis par secteurs géographiques, nous distribuons ainsi nos “Bonnes Barres” dans une typologie de magasins très variés allant du vendeur de tronçonneuses, aux bureaux de tabac, en passant par les hôtels, les boulangeries ou les épiceries fines… ». Enfin, nos jeunes entrepreneurs, désireux de réduire davantage leur empreinte écologique, envisagent de planter leurs propres pommiers, pour contrôler la production, planchent sur des emballages biodégradables en compostage domestique, réfléchissent à des boîtes réutilisables, imaginent coller une graine à l’emballage qui serait ré-implantable, cogitent à un système de récupération de l’énergie de leurs fours pour chauffer les bureaux…