Des vœux placés sous le signe de la proximité

Voeux interconsulaires

Les présidents des trois chambres étaient réunis en présence du Préfet, Denis Conus, du président du Département, Christian Bruyen et du président de Région, Jean Rottner.

Cela fait trois ans que les trois chambres, celle du commerce et de l’industrie (CCI), de métiers et de l’artisanat (CMA) et de l’agriculture (CA) présentent ensemble leurs vœux, dans un esprit de cohésion et de synergie des métiers et des territoires.

Il a été beaucoup question de fierté lors de la présentation des vœux interconsulaires de la Marne. Fierté des métiers et des personnes qui mettent en valeur le territoire, ses atouts et ses compétences. L’optimisme était de mise en ce début d’année, peut-être pour contrer un contexte social tendu depuis plusieurs mois. « Nos trois chambres forment un poumon économique du territoire, celui des personnes qui ont fait le choix de prendre des risques et de se lancer dans le métier d’indépendant. 68% de notre département est voué à l’agriculture, c’est pourquoi la volatilité climatique ainsi que la pression des prix sont des enjeux incontournables de l’année à venir », indique Béatrice Moreau, présidente de la Chambre d’Agriculture de la Marne.

LE MODÈLE AGRICOLE FRANÇAIS ÉLU « LE PLUS DURABLE AU MONDE »

Et pour cause, le modèle agricole français défendu par les uns et décrié par les autres avec ces derniers mois, un « agribashing » pesant, a été élu par le magazine The Economist, pour la troisième année consécutive, « modèle le plus durable au monde ». « Il nous faut être ambitieux et volontaire. Les Français savent aussi combien le Made in France est important pour dynamiser nos territoires », poursuit Béatrice Moreau. Ce à quoi abonde le président de la CCI, Jean-Paul Pageau, en soulignant : « Nous devons chasser en meute », afin de rappeler que les acteurs des trois chambres font partie d’un même ensemble.

Le président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat, Michel Boulant, a eu pour sa part, une pensée pour ceux ayant perdu une grande part de leur chiffre d’affaires durant l’année, avec successivement le mouvement des Gilets jaunes et celui pour la défense du système de retraite, espérant « un changement de logiciel de pensée sociale ».

Il a néanmoins insisté sur les créations d’entreprises, « plus de 1000 dans l’année » et « le besoin de la jeunesse de regarder l’avenir avec optimisme ». Pour cela, le rôle des politiques publiques s’avère déterminant tout comme le soutien des instances locales, telle que l’Agence de développement économique créée en novembre 2019 et ayant pour but de soutenir le développement des entreprises du territoire.

LES TERRITOIRES AU COEUR DU DÉBAT

Ces vœux ont par ailleurs été l’occasion d’écouter une conférence donnée par l’économiste Philippe Dessertine sur l’attractivité des territoires, conférence au contenu très optimiste, qui aura donné du baume au cœur aux personnes présentes ce soir là. Celui qui est aussi universitaire a assuré que le problème de recrutement généralisé dans les filières artisanales était moins le signe d’une conjoncture économique défavorable que d’une atteinte du plein emploi. « On considère que l’on atteint le plein emploi à 7% de chômage. Or, si officiellement les chiffres sont à 8,5%, nous avons une spécificité en France qui est qu’aux chiffres officiels, il faut ajouter les officieux représentant le travail non déclaré. »

Philippe Dessertine l’assure : « Le changement de modèle économique est à l’œuvre. » La preuve ? L’impérieuse question du changement climatique, qui entre aujourd’hui dans toutes les considérations et problématiques des entreprises. « Le chômage n’est d’ailleurs plus la première préoccupation des Français depuis un ou deux ans, mais la question environnementale. »

Mais la question de l’environnement ne s’envisage pas sans celle de la démographie. « La population mondiale a augmenté de 30% en 20 ans passant de 6 à 8 milliards d’êtres humains. On estime qu’on atteindrait un pic à 11 milliards et la planète, avec notre système économique actuel, celui crée lors de la révolution industrielle au 19e siècle et fait pour s’appliquer à l’époque à 500 millions d’occidentaux. Or, aujourd’hui, c’est la planète entière qui utilise ce système qui est arrivé à bout de souffle. »

Si l’analyse peut être angoissante, l’économiste rassure tout de suite :

« Le changement de modèle économique arrive quand il y a de grandes avancées technologiques. » Et l’emblème de ce nouveau modèle est Uber. « Uber représente la déconcentration des services. La maitrise des big data permet cela. La concentration c’est ce qui produit le dérèglement climatique. » Néanmoins, ce que ne précisait pas l’économiste c’est que les data center sont la cause d’une des plus grosses pollutions de la planète et de véritables gouffres énergétiques…

Mais l’heure était au positif, la déconcentration appelant à la décentralisation et donc à la proximité, célébrée lors de ces voeux.

Jean Rottner a présenté ses voeux
au Club de la Presse

C’est dans les locaux de Quartier Libre, projet multidimensionnel porté par la société Le Bloc SAS et dont l’objectif est de développer des solutions éphémères et pérennes, visant la valorisation de l’innovation, la création et l’entrepreneuriat sur notre territoire, que le président de la Région Grand Est, Jean Rottner, est venu présenter ses vœux aux journalistes conviés par le Club de la Presse Reims Champagne. Ce temps d’échange a été l’occasion de parler des rapports entre les politiques et les journalistes au sein d’un territoire dont les distances sont devenues exponentielles lorsque l’entité Grand Est a pris forme. « La presse évolue et il faut faire avec ce grand territoire. On s’est rendu compte qu’il était irréalisable de faire venir de Champagne des journalistes pour une conférence de presse à Strasbourg. C’est pourquoi, il faut développer les axes de collaboration et la capacité de se rendre service », a souhaité le président de Région. Et si la surface de la région Grand Est est un questionnement permanent, Jean Rottner a appelé les citoyens champenois à se tourner aussi bien vers Paris, qui se situe à 45 minutes en train de Reims que vers Strasbourg, la région ayant besoin de tous les talents, « on a besoin que Reims se sente l’égal de Strasbourg ». Pour fédérer cette grande entité, des pistes de réflexion sont à l’œuvre notamment concernant le tourisme. « On réfléchit à des offres touristiques axées sur le luxe, avec un pack premium. On a sur un même territoire, Lalique, LVMH, Buggati…»

Qui dit distance, dit aussi transport, dont la question de l’ouverture à la concurrence de certaines lignes de TER a été abordée. Jean Rottner a ainsi jeté un pavé dans la mare en confirmant un appel d’offres lancé pour deux lignes, Vittel-Nancy, sur la totalité de l’offre et Épinal-Saint-Dié sur l’exploitation. « L’ouverture à la concurrence va permettre de revenir à la ruralité, mais avec de nouvelles modalités. Le train omnibus avec des passages toutes les heures c’est terminé, mais on peut changer de modèle pour plus d’efficacité », insistait le président de Région, faisant définitivement de la proximité, le grand enjeu de 2020.

Jean Rottner, le président de la Région Grand Est, en présence du président du Club de la Presse, Benjamin Busson.

Philippe Dessertine a donné une conférence sur l’attractivité des territoires.