L’hypermarché de Reims-Champfleury engage des travaux d’envergure (près de 7 millions d’euros) pour reconquérir la clientèle de proximité et répondre à ses nouvelles attentes.
Alors que la crise sanitaire a bousculé les habitudes de consommation des Français, les enseignes doivent s’adapter à cette nouvelle donne. Proximité, local, bio, vert, drive… le commerce doit se réinventer pour répondre aux attentes de sa clientèle. Et la grande distribution n’échappe pas à ce constat. C’est d’ailleurs ce qui a incité Wenceslas Fandre, directeur de l’hypermarché Leclerc de Champfleury à lancer un programme de travaux d’ampleur dans son magasin.
« Les travaux étaient prévus, mais le Covid a accéléré les choses. Aujourd’hui les gens ont de plus en plus peur de circuler, de se retrouver avec d’autres personnes dans un espace fermé… Ce qui fait que nous avons perdu du trafic dans nos magasins », souligne-t-il. « De plus, les gens se sont rabattus sur les circuits ultra-courts et les drive. Et à Reims la situation est assez spécifique car toutes les enseignes ont des drive et des drive piétons. Les consommateurs ont donc réduit le temps de contact avec leur point de vente, et plus particulièrement avec leur hypermarché ».
Si son enseigne est en pointe au niveau du drive justement, l’enjeu de faire vivre les magasins reste prégnant pour la grande distribution. C’est en effet dans les allées que se font les achats d’impulsion, faisant gonfler le panier moyen, souvent réduit au strict nécessaire au niveau du drive. « Ce problème était latent, il a juste été accentué avec la crise du Covid », précise Wenceslas Fandre.
Pour tenter de contrer cette tendance, le directeur de l’hypermarché de Champfleury a donc lancé un programme de rénovation mais surtout toute une réflexion en matière d’agencement de l’espace de cet hyper de 13 000 m2. « Nous avons décidé de faire des travaux pour redynamiser le magasin au niveau de sa valeur ajoutée, à savoir l’alimentaire », explique le dirigeant qui s’est fait accompagner par un cabinet d’architectes spécialisé dans l’ingénierie commerciale pour ce chantier de près de 7 millions d’euros. Car la démarche va bien au-delà d’un programme de travaux, elle est presque philosophique. Elle est aussi hautement stratégique.
DU NOUVEAU ET DU VERT
« Paradoxalement, notre objectif est de faire paraître ce magasin plus petit qu’il ne l’est ». En effet, afin de reconquérir une clientèle qui s’est remise à consommer dans des boutiques plus petites, spécialisées, de proximité, Wenceslas Fandre n’a pas hésité à s’inspirer de ce modèle, à commencer par celui du Bon Marché. Un choix assumé de montée en gamme pour rester attractif. « Dans nos rayons nous proposons déjà de l’alimentaire traditionnel et nous faisons énormément de choses sur place (traiteur, boulangerie, pâtisserie…), mais les clients ne le savent pas toujours ».
La création d’espaces boulangerie, italien, sushi et burger fera donc la part belle à ce que le directeur appelle les produits traditionnels, à savoir des produits peu voire pas transformés, proposés par un vendeur sur place et, dans la mesure du possible, issus d’un circuit court. « Nous avons depuis longtemps des alliances locales avec des producteurs locaux, surtout de légumes et de viandes, rappelle-t-il. Nous voulons aussi faire de l’hypermarché un lieu de convivialité et de rencontres, avec la possibilité de consommer sur place », explique le dirigeant qui veut ainsi créer de nouvelles habitudes et casser l’image presque industrielle que peuvent parfois avoir les consommateurs de la grande distribution. Parmi les nouveautés à venir : la vente de fleurs et l’ouverture d’une véritable cave de qualité avec de belles maisons en références et surtout des producteurs locaux. Pour répondre aux attentes « vertes » des clients, Leclerc Champfleury va installer plus de bornes de recharge rapides pour véhicule électrique, passer tous ses flux en eau glycolée, fermer toutes ses portes pour moins de déperdition de chaleur. « Nous avons passé toutes nos ampoules en LED, ce qui nous fait économiser 70% d’énergie en la matière ».
Elargissement des allées pour plus de confort, recomposition des espaces, rayonnages plus bas et parés de bois, réfection des 13 000 m2 de carrelage (le principal poste de dépenses et casse-tête de ces travaux), caddies en plastique pour un meilleur confort sonore, rénovation des espaces de vente et des caisses avec le concours des salariés… rien n’a été laissé au hasard pour ce chantier d’ampleur, pour lequel il a sollicité uniquement des entreprises locales. Les travaux ont démarré à Pâques et devraient durer un an pour être terminés au printemps 2021, et ce, sans fermer le magasin.