Des projets de recrutement moins nombreux

Thierry Lemerle, directeur régional de Pôle emploi.

Pôle emploi vient de publier les résultats de son enquête annuelle sur les besoins de main-d’œuvre.

Malgré le contexte de crise sanitaire, les intentions d’embauche pour 2021 en Occitanie se maintiennent à un haut niveau selon Pôle emploi qui vient de publier les résultats de son enquête annuelle sur les besoins de main-d’œuvre. Les entreprises de la région, interrogées entre octobre et décembre 2020 – soit en plein cœur du deuxième confinement –, se montrent, de fait, confiantes dans les capacités de rebond de l’économie locale. Elles prévoient ainsi quelque 246 580 recrutements sur l’année dans le territoire de l’Occitanie. Un chiffre toutefois en recul de 3,6 % (soit 9 340 projets de recrutement en moins) par rapport à 2019, année de référence particulièrement dynamique puisque les intentions d’embauche avaient crû de plus de 13 % par rapport à l’année antérieure. L’Occitanie affiche ainsi sa singularité puisque dans l’Hexagone, les projets de recrutement pour 2021 sont, dans leur ensemble, orientés à la hausse : +1,1 % par rapport à 2019.

Dans le détail, 28 % des entreprises occitanes envisagent de recruter contre 29 % deux ans auparavant, sachant que quatre projets sur cinq émanent d’entreprises de moins de 50 salariés, les TPE (de moins de 10 salariés) concentrant 58 % des intentions d’embauche.

RECUL DE 28 % DES PROJETS D’EMBAUCHE DANS L’INDUSTRIE

Comme les années précédentes, le secteur des services (hôtellerie, restauration, services aux entreprises et aux particuliers) est le plus pourvoyeur d’emplois en Occitanie : il représente à lui seul 59 % des intentions d’embauches. Toutefois, le nombre de projets de recrutements recule dans l’ensemble des secteurs à deux exceptions près. Si dans l’agriculture et l’agroalimentaire, les perspectives d’embauche restent stables, on constate de nets reculs dans d’autres secteurs d’activité : -17 % dans l’hébergement-restauration, – 7 % dans les services aux entreprises, -3 % dans le commerce, tandis que dans l’industrie, qui, en Occitanie, a payé un très lourd tribut à la crise sanitaire et économique, les projets de recrutement sont en retrait de 28 % cette année. Seul le secteur de la construction connait une hausse du nombre des projets de recrutement, progressant en effet de 10 % cette année.

« Cette enquête, rappelle Thierry Lemerle, directeur régional de Pôle emploi, a deux objectifs majeurs : cerner les besoins des entreprises et leurs difficultés de recrutement, ce qui permet aux conseillers de Pôle emploi, au vu des résultats de cette étude, de mieux accompagner les entreprises. Et puis, cela permet aux demandeurs d’emploi d’être bien informés, dans chacun de leur bassin d’emploi, sur les entreprises qui ont l’intention d’embaucher ». En découle également la mise en œuvre de formations pour faire coïncider profils des demandeurs d’emploi et besoins des entreprises, avec notamment le lancement, ajoute Thierry Lemerle, « de plans d’action pour aider certains secteurs à embaucher ». Deux sont déjà en cours : dans le bâtiment et la santé. Un troisième vient d’être enclenché dans le secteur des cafés, hôtels, restaurants (CHR) qui anticipe la reprise d’activité.

DES EMPLOIS PLUS DURABLES

Autre point positif observé cette année : « les entreprises sont prêtes à investir dans des embauches durables », note le directeur régional. CDI et CDD de plus de six mois représentent en effet 59 % des projets de recrutement.

D’année en année, le palmarès des 10 métiers les plus recherchés reste relativement constant, les aides à domicile et aides ménagères étant les plus convoitées (6 750 projets de recrutement non saisonniers), devant les aides-soignants (5 730), les agents d’entretien et l’agent territorial spécialisé des écoles maternelles (4 610) et employés de cuisine (4460). On observe cependant une petite variation en 2021. Crise sanitaire oblige, les infirmiers font en effet leur entrée dans le classement, en cinquième position (3 810), relégant de ce fait, au-delà du 10e rang, les ingénieurs et cadres informatiques, pourtant habituellement abonnés aux premières places. De fait, ces derniers comptent parmi les plus touchés (-48 %) avec les ingénieurs de l’industrie (-37 %).

Sans surprise, les départements des deux métropoles régionales totalisent 41 % des intentions d’embauche, avec, une fois n’est pas coutume, un petit avantage pour l’Hérault qui comptabilise 50 872 projets de recrutement contre 49 723 pour la Haute-Garonne où leur nombre recule plus nettement, de 5 à 10 % cette année. D’autres départements, à savoir le Gers, le Lot et les Hautes-Pyrénées voient le nombre d’intentions d’embauche refluer plus fortement de 10 à 15 %.

Si les projets d’embauche en Occitanie sont traditionnellement marqués par une forte saisonnalité (due au poids du tourisme et des activités agricoles et agroalimentaires), la part des projets de recrutement saisonniers recule de 46 % à 43 % cette année, soit 12 000 projets en moins en 2021, ce qui selon Pierre Brossier, responsable des études statistiques à Pôle emploi, explique en grande partie, le recul du nombre global des intentions d’embauches en région Occitanie cette année.

Autre phénomène observé : la part des recrutements jugés difficiles est, elle aussi, en baisse, passant de 45 % à 43 %. La hausse du nombre de demandeurs d’emploi (plus de 605000 en Occitanie), et donc de candidats disponibles, pourrait l’expliquer en partie. Les principaux motifs invoqués sont cependant toujours les mêmes : des candidats au profil inadéquat et une pénurie de candidats dans 79 % des cas. Sans surprise aussi, les infirmières sont les plus difficiles à recruter, juste derrière les aides à domicile et aides ménagères.

REPÈRES

Pôle emploi dénombre en Occitanie 605 100 demandeurs d’emploi, 3,6 Mds€ d’indemnités versées par an dont 88 % au titre de l’assurance chômage, et 355 000 personnes indemnisées.