Des femmes qui entreprennent et innovent

Fanny Levebvre s’est elle-même convertie au vrac il y a deux ans.

Fanny Lefevre, Laura Legin et Laure Clerget viennent d’intégrer le programme de soutien au développement « Femmes entrepreneuses » d’Orange. Ces trois startuppeuses champardenaises font partie d’une promotion de 13 femmes dans le Grand Est. Elles ont comme point commun de se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat avec des projets digitaux. 

Pour beaucoup, l’année 2020 et plus particulièrement le confinement, aura été un révélateur de projet professionnel. C’est le cas de Fanny Lefevre, qui pendant dix ans a mené une brillante carrière de chef de produit dans le textile, puis dans le marketing et le packaging dans le champagne. « Bien que ces projets professionnels étaient enthousiasmants, à un moment donné, je n’étais plus forcément en accord avec mes valeurs, tournées vers l’environnement et l’écologie. C’est un vrai choix de me concentrer à 100% sur mon entreprise. Ce n’était pas évident, mais j’ai choisi de privilégier l’épanouissement personnel », livre celle qui est aussi maman de deux enfants. 

UNE APPLICATION ET UN KIT DE VRAC 

Sa future société, dont le nom est encore à valider juridiquement, est un outil permettant de se convertir à la consommation raisonnée et responsable, par le vrac. « Le vrac, c’est comme un meuble Ikea », image-t-elle. « Si on n’a pas la notice, on a peu de chance d’y arriver. » Son projet s’articule autour de deux supports : l’un pédagogique, l’autre pratique. « La partie pédagogique prend la forme d’un site internet, une sorte de guide des bonnes pratiques. Elle est accompagnée par un équipement de courses, un kit de vrac, avec un cabas transformable ainsi que des cartons », détaille celle qui s’est convertie au vrac, il y a deux ans. Sa cible principale est un usager urbain, qui veut transporter ses courses aussi bien à pieds qu’à vélo. 

« Le cabas transformable peut se porter à la main, sur l’épaule ou sur le dos. Il se veut bien sûr éco-conçu avec une fabrication 100% française. » Pour concevoir ce sac, Fanny Lefevre a fait appel à une styliste qui a élaboré le design de l’objet. Le site internet a quant à lui été créé avec l’aide d’une illustratrice qui est venue imaginer un personnage « icone » représentant la future marque et aidant le consommateur pas à pas, au grès des étapes. 

« Le site internet qui est encore en construction s’articulera autour de plusieurs rubriques : une « informative », exposant la notion et la philosophie du vrac, une autre « pratique », afin d’aider concrètement le consommateur dans la mise en place de cette nouvelle manière de consommer, une rubrique « nutrition » avec quelques recettes simples puis une rubrique « bien-être », plus globale », explique Fanny Lefevre qui fourmille d’idées, pensant aussi développer podcasts et forum d’entraide. Volontariste, la jeune femme souhaite avant tout « transformer ce qui peut être vécu au départ comme une contrainte, en allégement de charge mentale. Consommer en vrac, quand on est une femme active, avec un emploi du temps chargé et des enfants demande de l’organisation », insiste-t-elle. « Je me déplace avec mes contenants étiquetés, mes recharges de produits… » 

Incubée chez Innovact depuis septembre en incubation collective, et février en individuelle, c’est après un pitch de 7 minutes et un vote à l’unanimité qu’elle a intégré l’incubateur, l’aidant dans un premier temps à définir les grandes lignes de son projet et à affiner la stratégie commerciale et financière. « J’ai été encouragée dans mes démarches à partir du moment où j’ai gagné le concours Alva, initié par My Retail Box, les fondateurs des magasins vrac Day by day. Avec Innovact, l’incubateur permet d’entrer dans la phase « go to market », de préparer véritablement le projet à être lancé sur le marché. » Fonctionnant sur des capitaux propres, Fanny Lefevre est aujourd’hui également accompagné par le programme « Femmes entrepreneuses » d’Orange. « Ça ouvre indéniablement des portes d’être intégrée dans un tel programme, et c’est très précieux pour l’aide que l’on reçoit de professionnels. Il y a aussi l’avantage de faire partie d’un réseau. Je suis entourée de deux personnes ressources « un sponsor » et « un mentor », qui grâce à leurs compétences complémentaires aident à faire avancer le projet et apportent aussi en visibilité. » Le site ainsi que le kit d’achat devraient être lancés au mois de juin, le tout accompagné d’un appel à financement participatif. 

“ Un coup de pouce pour celles qui osent “ 

Thomas Longuemart est directeur territorial Innovation chez Orange. Il s’occupe du programme #FemmesEntrepreneuses. 

En quoi consiste le programme #FemmesEntrepreneuses ? 

Thomas Longuemart : C’est un coup de pouce à l’entrepreneuriat au féminin. Les créations de start-up par des femmes ne représentent que 10%. Or, les entreprises créées par des femmes, sont souvent plus performantes. Le but de ce programme est donc d’apporter une aide à celles qui osent, car se lancer dans l’entrepreneuriat, lorsqu’on est une femme, avec la vie d’aujourd’hui, entre famille et travail, ce n’est pas aisé. Elles sont ainsi 100 femmes des Hauts de France et de la Champagne Ardenne à avoir été sélectionnées. C’est un accompagnement sur-mesure. Un mentor est attribué en fonction des compétences et des besoins que cherche la startuppeuse. Les salariés d’Orange qui interviennent sont tous volontaires. Outre cet accompagnement, on invite les entrepreneuses sur des salons, lors de la saison 2 du programme, elles étaient présentes sur le corner Orange aux salons « Women’s forum » et « Change now ». Avec le contexte sanitaire, on espère pouvoir refaire ce genre d’opérations bientôt. En attendant, nos lauréates sont aussi invitées en boutique pour présenter leur application auprès des clients. Elles y recueillent des avis et peuvent ainsi affiner leur concept. Lors d’un salon des maires, une de nos startuppeuses qui travaillait sur une appli pour les collectivités a ainsi pu la présenter à des dizaines d’élus. C’était une immense occasion. 

Quel est l’intérêt pour Orange de proposer un tel programme ? 

Cela fait partie de l’implication dans la RSE mais c’est même plus que cela, c’est un vrai engagement. C’est la patronne d’Orange France, Fabienne Dulac, qui est à l’origine de ce programme. Et en tant que femme à la tête d’une grosse entreprise, elle sait parfaitement de quoi elle parle. L’engagement au féminin, l’importance du réseau, les pousser à s’orienter dans des métiers techniques, à prendre des postes de direction sont autant de motivations qui font partie de ce programme. Dans les télécoms et en école d’ingénieur, il y a encore très peu de femmes qui peuvent ensuite espérer arriver à la tête de grands groupes. 

Recruter des femmes, les promouvoir, c’est aussi montrer le chemin à suivre demain, être un exemple. Et inversement, les femmes que l’on accompagne nous donnent aussi, à nous salariés, une sacrée énergie ! Elles nous inspirent par leur volonté d’entreprendre, de prendre des risques, elles nous sortent aussi de notre zone de confort. Et coacher quelqu’un, l’aider à grandir, c’est aussi valorisant. 

Orange propose-t-il d’autres programmes de ce genre à destination des entrepreneurs ? 

Tout à fait ! Derrière #FemmesEntrepreneuses, nous avons cette fois-ci, un programme d’accélération “Orange FabFrance”, dont le but va être là, de faire du business, de commercialiser l’application développée dans le catalogue Orange. Ce programme lance chaque année, deux fois par an et dans 14 pays différents, des appels à projets auxquels répondent les start-up. C’est la filiale Orange entreprises « business services » qui chapeaute l’ensemble. 


Une appli pour organiser sa vie

Laura Legin propose une application pour organiser son budget, ses courses, ses placards…

Laura Legin est conseillère en organisation depuis 2018. À la partie « pratique » elle a décidé l’année dernière d’y ajouter une application, en développement grâce à son incubation chez Rimbaud’Tech. 

Après des études de commerce et une carrière dans l’immobilier, Laura Legin a créé, en 2018, son autoentreprise de conseils en organisation. « C’est après avoir aidé une amie à trier ses affaires alors qu’elle venait de se séparer que j’ai eu l’idée d’en faire mon métier », explique celle qui a aussi travaillé dans le monde de la presse. Car coach en organisation n’est pas qu’une histoire de rangement. « Ranger un appartement, c’est aussi faire le tri dans son esprit. Si on est mal dans sa vie, que l’on voit un psychologue, que l’on se couche le soir en allant mieux, mais que l’on se lève le matin dans un bazar pas possible, l’effet est immédiatement annulé », explique-t-elle. C’est pourquoi elle intervient en conseil, aide à gérer non seulement le rangement mais aussi le budget ou les courses. « J’ai eu un déclic au moment où je suis devenue maman. À ce moment-là, j’avais l’impression d’être débordée car je voulais être à la hauteur de tout. Il faut aussi apprendre à lâcher la pression », précise-t-elle en toute bienveillance. C’est pourquoi elle apporte aussi ses services aux associations ou dans les centres sociaux. « Mon but premier est de simplifier la vie, d’alléger la charge mentale et de redonner le sourire. On peut considérer cela comme une vraie thérapie. » 

DES APPLIS POUR TOUT MAIS PAS POUR S’ORGANISER 

« J’ai réalisé que j’avais sur mon smartphone des applications de coaching pour maigrir, pour faire du sport, pour cuisiner et être plus zen. Cependant, je n’avais rien pour m’organiser. Le déclic s’est fait ! Il était temps de passer à l’étape suivante. » En janvier 2020, j’ai passé le comité d’engagement à Rimbaud’Tech. « Ce sera un programme de coaching à suivre étape par étape, en vidéo et avec des fiches pratiques. Différents outils permettront de suivre les progrès mais aussi de mettre en place de bonnes habitudes. » 

En plus de l’accompagnement de l’incubateur ardennais, Laura Legin bénéficie d’une bourse de 30 000 euros de la Région. Grâce au programme Orange, la jeune maman développe encore un peu plus son produit. « On explique à nos mentors les avancées et les barrières que l’on peut rencontrer. Par exemple, moi la question de données personnelles est incontournable. Autant je gère la partie commerciale, autant j’ai besoin de soutien pour la partie technique », indique-t-elle. L’application de coaching en organisation devrait être disponible et opérationnelle en juin. 


Avec Maat Data, l’auboise Laure Clerget veut démocratiser le recyclage des déchets

Créatrice de la start-up Maat Data, Laure Clerget est également dirigeante d’Artémise, une PME auboise de recyclage et valorisation de sources lumineuses.

L’idée est dans l’air du temps : concevoir une application permettant au consommateur de savoir ce qu’il doit faire avec ses différents types de déchets et lui indiquant les lieux de collecte en vue de leur recyclage et leur valorisation. Le projet de la start-up auboise Maat Data est d’une utilité sociale et environnementale évidente. « Nous espérons lancer l’application au niveau national à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine, après une phase de validation dans l’Aube », précise Laure Clerget, présidente de Maat Data, qui est aujourd’hui incubée à la Technopole de l’Aube. Pour l’occasion, elle s’est associée avec un entrepreneur aubois, Jean-Marie Bailly, et un étudiant de Yschools, Valentin Millot. Un développeur informatique est venu compléter l’équipe. 

L’EXPÉRIENCE D’ARTÉMISE 

Laure Clerget connaît parfaitement les problématiques liées au recyclage des déchets puisqu’elle dirige par ailleurs Artémise, une PME auboise basée à Vulaines et spécialisée dans le traitement des sources lumineuses telles que les lampes et les néons par exemple. Des déchets qui sont justement valorisés après récupération des différents composants, auprès de filières industrielles. « Le soutien de la part d’Orange va se traduire de diverses manières telles que le mentorat ou en proposant de la visibilité dans le réseau de boutiques en France et dans les salons par exemple », poursuit-elle. Un accompagnement qui a déjà commencé avec la désignation de deux mentors, cadres de la grande entreprise, qui vont aider la dirigeante de la start-up troyenne dans la phase de développement de la future application. Dans un second temps, le réseau Orange sera un précieux allié pour le déploiement de l’application auprès du grand public au niveau national. 

Thomas Longuemart, Directeur territorial Innovation Hauts-de-France / Champagne Ardenne.