Une semaine de grève pour les avocats de la région

« Qu’on nous laisse tranquille ! » C’est un véritable ras-le-bol qu’ont tenu à exprimer les avocats en se mettant en grève toute la semaine dernière. Dans leur ligne de mire ? La réforme des retraites. La profession est venue grossir les rangs des mécontents face à cette réforme qui peine de plus en plus à trouver des soutiens. Les quatre barreaux de Reims, Troyes, Charleville et Châlons étaient réunis derrière un même mot d’ordre, solidaire de l’appel qui avait été nationalement lancé par le Conseil national des Barreaux. « Nous souhaitons défendre l’autonomie de notre système de retraites », insiste Eric Raffin, bâtonnier de Reims. « Dans notre système, il n’y a pas un sou d’argent public et par ailleurs, c’est un régime solidaire puisqu’il soutient le régime des artisans et des commerçants par le biais de compensation. » Les principaux points de blocage : « Nous faire entrer dans un régime universel qui impliquerait un doublement des cotisations, passant de 14 à 28% et puiser dans nos réserves de caisse de retraite s’élevant à 2 milliards d’euros ! ». D’autant que la profession est jeune, avec une moyenne d’âge de 35 ans et en croissance numérique. De plus, les avocats partent plus tard que l’âge légal, entre 65 et 67 ans.

Autre injustice selon eux, « on veut nous faire payer le même taux de charge que les salariés alors que pour les salariés, une partie est prise en charge par l’employeur. » La philosophie du système de retraite des avocats est selon le bâtonnier de « faire payer les plus hauts revenus pour les plus bas, soit totalement inverse à la réforme qui nous est imposée. »

Outre le sort « personnel » des avocats, pour eux, la réforme aura aussi un impact désastreux sur leur clientèle. « Augmenter les cotisations mettrait en péril un certain nombre de cabinets, et ce n’est pas le gros cabinet d’affaires qui va être touché, car il aura toujours des clients qui pourront accepter des augmentations de frais, mais celui qui défend les plus humbles, qui eux, ne pourront pas assumer des augmentations », soutient Franck Dymarski, du barreau de Charleville-Mézières. « Ce n’est pas un combat corporatiste, mais bien pour défendre nos conditions d’excercice ainsi que nos clients. » Le régime tel qu’il est, selon la profession, est équilibré jusqu’en 2060 et 2080 pour les retraites complémentaires. L’objectif de cette grève, qui se manifestait par une grève des plaidoiries et avait des conséquences sur tout le système judiciaire, des gardes à vue aux audiences, est d’interpeller la Garde des Sceaux et de provoquer une rencontre avec les instances dirigeantes.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune réponse n’avait encore été apportée.