« Un phénomène de rebond insuffisant pour couvrir les pertes »

Jeudi 11 février, la Banque de France présentait les résultats de son enquête « Les entreprises en Bourgogne Franche-Comté bilan 2020 – perspectives 2021 ». Les perspectives de l’institution reflètent ainsi une grande diversité en fonction des différents secteurs économiques, tout en étant entourées d’une certaine incertitude liée à une évolution des conditions sanitaires difficilement mesurable.

Avant de faire le portrait robot de la situation économique liée à la pandémie en région, François Bavay, directeur régional BFC de la Banque de France a souhaité faire un point sur le contexte mondial et national. « La pandémie de Covid-19 s’est accompagnée d’une crise économique d’une ampleur considérable. Les mesures sanitaires mises en œuvre pour lutter contre la propagation du virus ont pesé sur l’activité mondiale, qui a reculé de 3,5 % sur l’ensemble de l’année 2020 par rapport à 2019 selon le FMI. Le PIB de la zone euro a enregistré un repli plus prononcé encore, de 6,8 % ». En France, le premier confinement, du 17 mars au 10 mai, a engendré une baisse brutale de l’activité. Le PIB a ainsi chuté de 5,9 % au premier trimestre, puis de 13,7 % au deuxième trimestre. Après avoir rebondi de 18,5 % au troisième trimestre, le PIB a de nouveau chuté au quatrième trimestre sous l’effet du second confinement (du 30 octobre au 15 décembre), mais de manière plus contenue (-1,3%). Ainsi, au dernier trimestre de 2020, le PIB s’est établi 5 % sous son niveau du dernier trimestre de 2019. La quasi-totalité des secteurs de l’économie ont été touchés, mais de manière inégale. L’industrie et le bâtiment ont surtout vu leur activité chuter lors du premier confinement, même si certains secteurs, tels que l’automobile ou plus encore l’aéronautique et les autres transports, présentaient toujours des niveaux d’activité très dégradés fin 2020. Les commerces et les services à la personne (notamment l’hôtellerie, la restauration et les activités culturelles et de loisir) ont été particulièrement impactés. « Au final, l’économie française a connu en 2020 sa plus forte récession depuis la seconde guerre mondiale, avec une chute du PIB de 8,3 % sur l’ensemble de l ’année. L’inflation a ralenti, avec une croissance annuelle de l’indice des prix à la consommation harmonisé passant de 1,2 % en 2019 à 0,5% en 2020». À partir de ces données, la Banque de France imagine plusieurs hypothèses. Le scénario central, fondé sur l’hypothèse que l’épidémie ne s’aggraverait pas davantage et que le déploiement généralisé de vaccins ne serait pleinement effectif que vers fin 2021, suppose une croissance du PIB de 5 % en 2021, 5 % en 2022 et 2 % en 2023. Des scénarios alternatifs présentent une croissance du PIB plus élevée (+7 % en 2021) ou au contraire plus faible (-1 % en 2021) selon les hypothèses retenues pour les conditions sanitaires. Dans le premier scénario, le taux de chômage s’accroitrait en 2021, à 10,7 % après 8,5 % en 2020, avant de refluer les années suivantes, à 9,5 % en 2022 et 8,9 % en 2023. L’inflation ne se redresserait que progressivement, avec une hausse de l’indice des prix à la consommation harmonisé de 0,5 % en 2021, comme en 2020, puis de 0,8 % en 2022 et de 1 % en 2023. « En Bourgogne Franche- Comté les chiffres 2020 de l’impact de la crise sur l’économie suivent un mouvement similaire à ce qui se passe au national avec toutefois un secteur automobile à l’arrêt plus longtemps affichant une activité (-7,6 % du chiffre d’affaires) de dix points en dessous de celle enregistrée au national et des investissements en baisse de 23,4 %. L’industrie enregistre une baisse de 12 % des chiffres d’affaires, un recul de 4,2 % des effectifs et une diminution des investissements de 24,7 %. Dans la construction, si les effectifs se maintiennent, la production chute de 5,4 % et les investissements se réduisent de 21,3 %. Enfin, dans l’ingénierie, les chiffres d’affaires s’inscrivent en baisse de 4,2 %, tandis que les effectifs progressent de 1,3 %. Les investissements reculent de 15,3 % ». Côté perspectives 2021, « les entrepreneurs de la construction envisagent une progression de 4,1 % de la production totale. Les effectifs augmenteraient de 1 %, et les investissements de 1,7 %. Dans l’industrie, les chiffres d’affaires seraient en hausse de 4,6 % avec des effectifs quasi stables (-0,1 %). Les investissements progresseraient de 29,1 %. Ce phénomène de rebond serait toutefois insuffisant pour couvrir les pertes de 2020, notamment dans le secteur des matériels de transport. Dans les transports, la croissance des chiffres d’affaires serait de 4,8 %, les effectifs se renforceraient (+1,5 %) et les investissements augmenteraient faiblement de 1,8 %. Enfin, l’ingénierie devrait bien rebondir. Elle verrait son chiffre d’affaires croître de 6,9 %, tiré notamment par l’export (+33,9 %). Les effectifs progresseraient de 5,4 %, et les investissements de 1,9 %». Côté comptes des entreprises si 50 à 60 % des chefs d’entreprises estiment que leur rentabilité va baisser en 2020, ils sont 65% à tabler sur une amélioration de cette dernière en 2021. « Notre étude met en lumière une situation très hétérogène où se mêle des secteurs qui on su tirer leur épingle du jeu et d’autres qui ont plus mal à rebondir. Point positif, elle démontre également la grande résilience de l’économie, qui rebondit aussitôt que les mesures sanitaires s’allègent ».