Un deuxième confinement moins toxique pour l’économie régionale

L’économie régionale a moins souffert du deuxième confinement que du premier. L’emploi salarié en baisse s’est stabilisé à la fin 2020. L’activité partielle est passée de 29% au printemps à 5% en fin d’année. Pour autant, l’activité économique de l’année accuse une baisse globale que 2021 pourrait bien amplifier.

Au quatrième trimestre 2020, l’emploi salarié est globalement stable malgré le deuxième confinement. Cette évolution est cependant contrastée selon les secteurs d’activité. L’emploi augmente dans la construction et les services non-marchands et il repart à la baisse dans les services marchands, en raison des mesures sanitaires prises dans certains secteurs (hébergement, restauration, loisirs, culture …). Dans cette même période l’industrie perd toujours des emplois.

Sur l’année 2020, l’emploi baisse de 1,2% en région contre 1,1% en moyenne nationale. Le Grand Est accuse ainsi une perte globale de 23 900 emplois en un an. Géographiquement, cette tendance affecte plus des départements comme la Haute-Marne (-2,2%), le Haut-Rhin (-2,1%), les Vosges (-1,8%) ou l’Aube (-1,7%). La Haute-Marne et le Haut-Rhin souffrent de leur fort positionnement industriel (automobile, métallurgie et fonderie). Si l’emploi industriel a chuté de 2,5% au niveau régional, il a baissé de 4% en Haute-Marne et de 2,9% dans le Haut-Rhin.

PRÈS DE 8 000 POSTES PERDUS DANS L’HÉBERGEMENT- RESTAURATION

Sur l’ensemble de l’année 2020, l’hébergement-restauration a perdu 7 800 postes, soit près d’un tiers de la baisse de l’emploi régional. L’emploi des services aux particuliers diminue de 3 800 postes. Dans le même temps, l’emploi industriel a chuté de 2,5%, soit 7 600 postes perdus, ce secteur est notablement marqué par le recul de l’emploi (-4,3%) dans la fabrication de matériel de transport. Sur l’année, l’emploi augmente de 1,5% dans la construction, secteur qui a bien résisté au premier confinement et progressé de 0,6% au quatrième trimestre 2020. Le marché de l’emploi reste cependant très dégradé. Après s’être largement redressées durant l’été de l’après premier confinement, les embauches diminuent nettement en fin d’année 2020. Le nombre de déclarations préalables à l’embauche de décembre 2020 est inférieur d’un tiers à celui de décembre 2019.

La tendance perdure en ce début 2021.

L’ACTIVITÉ PARTIELLE BEAUCOUP MOINS SOLLICITÉE

Le recours à l’activité partielle a fortement augmenté lors du premier confinement. Alors que ce dispositif ne concernait que 1% des salariés avant le premier confinement, ce sont 29% des effectifs qui ont fait appel au travail partiel dès la fin mars 2020. Le deuxième confinement a relancé le dispositif mais dans une moindre mesure (9% des salariés à fin novembre). Alors que l’activité partielle avait été forte dans le Grand Est au premier confinement, elle est inférieure à la moyenne nationale lors du deuxième confinement et n’atteint plus que 5% à la fin de l’année.

Le repli du chômage reste en trompe-l’œil. Au quatrième trimestre, le taux a reculé de 1,1 point pour s’établit à 7,7%, une baisse identique à celle du niveau national. Cette baisse s’explique par le recul de la recherche active d’emploi de nombreux demandeurs. En baisse au quatrième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (293 070) reste en progression sur un an (+7,6%), une tendance meilleure que celle du niveau nationale (+8,1%).

Après un redressement durant l’été, le nombre d’heures rémunérées a de nouveau baissé en novembre, mais nettement moins qu’en avril, lors du premier confinement. Le recul était de 35% en avril, il n’est plus que de 7% en décembre 2020. L’hébergement-restauration reste le secteur le plus touché avec une baisse de 63%. Le commerce a connu un léger mieux en décembre, avec une activité en baisse de 5%, contre 13% un mois auparavant.

LA CRÉATION D’ENTREPRISES TOUJOURS EN PROGRÈS

Les créations d’entreprises sont en léger repli de 3,4% au quatrième trimestre, mais en progrès de 13% sur un an. On constate des baisses importantes dans le secteur du commerce (-9,4%) et des hausses dans la construction (+15%) et l’industrie (+29%). Le nombre de créations sur l’année 2020 atteint un chiffre (47 600 entreprises) jamais atteint auparavant. Entre janvier et décembre 2020, 2 200 entreprises ont été placées en redressement ou liquidation dans le Grand Est. Ce nombre est historiquement bas, avec des cessations qui baissent de 13,1% au 3e trimestre et de 41,8% au quatrième. Cette tendance est quasiment la même au niveau national et intéresse tous les secteurs.

Avec 1,28 million de nuitées, la fréquentation hôtelière du Grand Est a été divisée par trois au quatrième trimestre. Elle s’était effondrée en avril et mai (-90%). Sur l’ensemble du quatrième trimestre, elle baisse de 65%, contre 63% au niveau national. La différence est accentuée avec la fréquentation du mois de décembre : -76% dans le Grand Est et -69% en France métropolitaine.

Sources : Insee Conjoncture avril 2021