Alors que la perspective d’une nouvelle baisse des taux se fait de plus en plus menaçante en zone euro, les établissements bancaires européens alertent sur un ralentissement de leurs moteurs de croissance en 2019. Pour certains, des objectifs financiers ne pourront pas être tenus. Ainsi, UniCredit, la plus grande banque d’Italie, a ainsi annoncé qu’elle n’atteindrait pas les 19 Mds€ de revenus annuels promis. En cas d’accentuation de la politique de taux négatifs de la BCE, elle table sur 18,7 Mds€ de revenus et maintient toutefois son objectif de bénéfice annuel (retraité). Le titre d’UniCredit a cédé 5,5 % en dépit de résultats trimestriels porteurs. Dopée par la vente de sa participation de 17 % dans le gestionnaire d’actifs Fineco, UniCredit affiche un bénéfice net en croissance de 81 %, à 1,9 Md€ au deuxième trimestre. Après avoir supprimé 14 000 emplois ces trois dernières années, la banque pourrait à nouveau réduire ses effectifs de 10 000 postes en 2020. En Allemagne, Commerzbank a aussi alerté sur l’impact des taux d’intérêt sur son plan de marche, faisant chuter son titre de 6,6 %. Compte tenu de ses performances au premier semestre, de la détérioration de la situation macroéconomique et géopolitique et de l’évolution des taux d’intérêt, la banque estime que faire croître son bénéfice en 2019 est devenu
« extrêmement ambitieux ». Elle tablait sur une légère hausse de ses bénéfices par rapport à ceux dégagés en 2018, soit 865 M€. Les banques espagnoles et néerlandaises voient aussi leur horizon s’assombrir. La semaine passée, Caixa a indiqué viser une progression de ses revenus de 1 % en 2019 contre 3 % jusqu’ici. Dans ce contexte, la banque néerlandaise ABN Amro indique vouloir s’appliquer une « rigueur stricte » sur ses coûts en dépit d’un bénéfice net en hausse de 1 %, à 693 M€ au deuxième trimestre. En France, les banques se montrent pour le moment rassurantes et maintiennent leur cap stratégique. Invoquant les conséquences de la baisse des taux aux États-Unis, BNP Paribas a toutefois déprécié sa filiale de banque de détail outre- Atlantique, BancWest, pour 500 M€ au deuxième trimestre.