L’Occitanie, vers un risque de décrochage?

La Banque de France en région publie une nouvelle note de conjoncture décevante.

« Alors qu’elle faisait partie, historiquement, des régions les plus dynamiques de France, depuis la crise, en raison de sa spécialisation sectorielle – tourisme et aéronautique –, la région Occitanie est plutôt dans le peloton du bas de classement. » En une phrase où perce l’inquiétude, le directeur de la Banque de France d’Occitanie résume la note de conjoncture régionale que l’établissement vient de publier. Une enquête réalisée auprès de plus de 800 chefs d’entreprise de la région et dont les résultats sont, de fait, « décevants », a reconnu Stéphane Latouche, le 21 juillet, lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la publication du rapport annuel de la Banque de France et de la lettre introductive adressée par son gouverneur au président de la République.

Alors que sur le plan national, « la reprise est plus rapide qu’attendue », l’économie régionale est clairement moins bien orientée. « Depuis mars, en complément de notre enquête mensuelle, nous avons demandé aux dirigeants quelle était leur appréciation sur le niveau d’activité de leur entreprise au regard du même mois de l’année 2019, détaille Pascal Robert, chef de cabinet, chargé de mission à l’économie à la Banque de France. Or, dans l’industrie, si on constate qu’en début de reprise, au mois d’avril, on était, en Occitanie, légèrement au-dessus des chiffres nationaux, depuis mai, on note une accélération – idem en juin et juillet – de la reprise au niveau national, tandis qu’en région, on enregistre une stabilité complète. » Même schéma dans les services marchands, «où on reste en deçà du niveau national même si on continue de progresser », pointe Pascal Robert.

Sans surprise, une branche pénalise particulièrement le secteur industriel régional : celle des matériels de transports « où le niveau d’activité est très en deçà de ce qu’on observe au niveau national, et c’est principalement dû à notre industrie aéronautique », poursuit Pascal Robert.

« L’industrie des transports, qui est un des fers de lance français, pénalise toute l’industrie nationale, ajoute Stéphane Latouche, mais lorsqu’on regarde l’Occitanie, l’aéronautique est encore plus impactée que l’automobile » laquelle « a mieux rebondi », confirme Pascal Robert.

Côté services marchands, deux secteurs importants en région ont été particulièrement impactés et pénalisent le niveau d’activité global : le tourisme, au travers de l’hôtellerie et de la restauration – où les entreprises « sont loin d’avoir retrouvé leur niveau d’activité de 2019 », les dirigeants se montrant « très prudents quant à leur anticipation d’activité en juillet », précise Pascal Robert – et les services informatiques et d’ingénierie, importants fournisseurs de l’aéronautique. « Dans ce secteur, nous sommes également très en deçà des chiffres nationaux. » Autre effet en cascade : le lourd tribut payé à la crise par l’intérim, ce que corrobore une note de conjoncture de l’Insee qui chiffre à -43,5 % le recul « historique » enregistré par l’emploi intérimaire en Occitanie entre le premier et le deuxième trimestre 2020.

Seul le BTP, un peu mieux orienté, est en phase avec les évolutions d’activité observées à l’échelon national. « La reprise du mois de mai s’est accélérée au mois de juin », confirme Pascal Robert, tendance qui devrait se poursuivre en juillet. « Les anticipations pour le prochain trimestre sont intéressantes », assure Pascal Robert. Pour autant, si les carnets de commandes se reconstituent dans le bâtiment, il n’en va pas de même dans les travaux publics. « L’anticipation de la situation des carnets de commandes par les chefs d’entreprise est assez défavorable, pointe le chef de cabinet. Ils témoignent d’un arrêt brutal de la commande publique et pour le moment, ils ne voient pas de reprise de la part des donneurs d’ordre ».

Selon la direction régionale de la Banque de France, 6 % des entreprises occitanes seulement, soit 54 000, ont souscrit un Prêt garanti par l’État (PGE), pour un montant global de 7,5 Mds €, sur un encours national, arrêté au 3  juillet, de 108 Mds €.

4 MDS€

C’est le montant du surplus d’épargne des ménages en Occitanie entre décembre et avril, dont près de 2 Mds € sur ce mois d’avril.