L’Europe croule sous le lait et le fromage

La crise sanitaire a eu raison de la filière laitière. Confinement oblige, la chaîne d’approvisionnement en a été singulièrement perturbée.

Selon Erwin Schöpges, le patron belge de l’European milk board (EMB), conglomérat de 16 pays producteurs, « le vieux continent croule sous trop de lait et les cours s’effondrent ». En effet, l’Europe, premier bastion laitier mondial, se trouve en raison des effets du confinement, en surproduction avec des prix orientés à la baisse. Le pic habituel de production laitière printanier, moment où les veaux naissent et où les vaches retrouvent les prairies après un hiver à l’étable, coïncide avec la fermeture des rayons de découpe des supermarchés, des restaurants, des cantines et des marchés de plein air. Il s’agit d’une des innombrables perturbations des chaînes d’approvisionnement créées par l’épidémie de Covid-19 car il est difficile de trouver dans l’urgence de nouveaux débouchés pour des produits frais hautement périssables comme le lait et le fromage. Certains producteurs européens sont dans des situations catastrophiques et sont contraints de jeter une partie de leur production. D’autres ont choisi plutôt de réduire la production, les producteurs français de Comté ont annoncé une baisse de 8 % pour le trimestre à venir.

VERS UNE APPROCHE COORDONNÉE

De leur côté, les Ministres de l’agriculture français et allemand ont interpellé la Commission européenne, en réclamant une approche coordonnée. Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume demande à l’Union européenne de soutenir le marché et de pouvoir stocker du lait. Il veut aussi que soit accordée la possibilité de congeler le fromage AOP, ce qui est interdit aujourd’hui. Erwin Schöpges préconise qu’ »il faut absolument plafonner la production en Europe et indemniser les producteurs » et s’oppose catégoriquement à la solution de stockage privé avancée par les ministres français et allemand, soulignant qu’une telle approche pèserait encore bien après le confinement sur les cours et les épaules des producteurs. Des cours en chute libre car en quelques semaines seulement, la tonne de poudre de lait écrémé est passée de 2.600 à 2.000 euros.