L’Europe contre VISA et Mastercard

En raison de la montée des tensions politiques et commerciales, vingt établissements bancaires, parmi les plus puissants d’Europe, soutenues par la Banque centrale européenne (BCE) planchent en coulisses sur le sujet devenu stratégique : mettre fin à l’hégémonie américaine dans les moyens de paiement en mettant en place un système purement européen. Le projet nommé avec humour Pepsi (Pan European Payment System Initiative) vise à développer des technologies européennes concurrentes efficaces avec lesquelles on pourra payer partout dans le monde. L’objectif est de développer un standard reposant sur le paiement instantané capable de gérer toutes les formes dématérialisées de versement, soit par carte, virement, prélèvement ou mobile. Ce projet est ambitieux car il souhaite atteindre au moins 60 % des paiements électroniques en Europe.

La dépendance européenne des moyens de paiement est une vraie question politique de souveraineté, c’est pour cela que la BCE pilote ce projet. Parmi les établissements bancaires qui participent à cette discussion, on trouve notamment BNP Paribas côté français, mais aussi des établissements italiens, allemands, néerlandais, belges, portugais ou encore espagnols. De plus, certains observateurs s’inquiètent de l’influence grandissante des réseaux chinois Alipay, Hipay et WeChat Pay qui voient dans l’Europe un terrain propice pour s’implanter à l’international. Ils s’inquiètent également des précédents incidents qui ont conduit Moscou à développer son propre système de paiement. Toutefois, les banques européennes ne sont pas à leur coup d’essai car une initiative quasiment similaire, le projet Monnet, avait été lancée en 2012 sans toutefois aboutir. À ce stade, le coût du projet est estimé à quelques milliards d’euros, avec le changement envisagé d’au moins 400 millions de cartes en Europe et des migrations technologiques.