Les abattoirs de Rethel toujours en observation

Créés en 1968, les abattoirs de Rethel tentent de redresser une situation financière tendue depuis 2013.

Repassée par la case du tribunal de commerce de Sedan, la société coopérative d’intérêt commun « Viandes et territoires » qui gère les abattoirs de Rethel depuis 2017 a obtenu une prolongation de poursuite d’activité jusqu‘au 7 octobre 2021.

Toujours en période d’observation depuis sa mise en redressement judiciaire le 9 janvier 2020, la structure du sud des Ardennes devra à cette échéance prouver sa viabilité et présentant un plan d’épurement de son passif, estimé à 2,6 millions d’euros.

« Après la signature d’un contrat avec la coopérative ovine des Bergers du Nord-Est, ce qui nous a permis de gagner un marché de 500 tonnes d’agneaux par semaine et de devenir le plus important centre d’abattage du Grand-Est et des Hauts-de-France, nous avons aussi engagé des discussions avec nos créanciers pour mettre en place un plan de remboursement de nos dettes et réduit notre personnel à 26 collaborateurs et 4 CDD, résume Kevin Tinant, le directeur général de la SCIC, portée par 70 actionnaires. Il nous reste maintenant à poursuivre nos tractations avec d’éventuels partenaires pour trouver de nouvelles prestations et conclure des volumes de travail supplémentaires ».

DÉNICHER DE NOUVELLES PRESTATIONS

Spécialisés dans le commerce de viandes et dans la découpe et l’abattage de bovins, ovins et de porcs pour les éleveurs, bouchers et chevillards des Ardennes, du sud de l’Aisne et de la Marne ainsi que la grande distribution, les abattoirs de Rethel réalisent encore un chiffre d’affaires de 5,5 millions d’euros en abattant près de 2 500 tonnes de bêtes par an.

Pour assurer leur pérennité et consolider leur retournement, ils savent pouvoir compter sur l’Etat. La Région a elle envoyé un signal fort en 2018 en accordant une avance de 250 000 euros remboursable sur sept ans, tandis que le Pays Rethélois s’est rendu propriétaire pour 350 000 euros des murs et des parcelles avant de les proposer en location-vente à la SCIC. Tous ont épaulé cet outil de proximité qui peine à investir massivement à cause d’un manque récurrent de trésorerie depuis 2013. Désormais certifié « « International Food Security », l’équipement souhaite maintenant trouver le modèle économique rentable et autonome lui permettant d’arriver à 3 000 tonnes d’abattage par an. « La réorganisation commerciale que nous avons opérée commence à porter ses fruits et on génère des économies », tient à préciser Kevin Tinant tout en reconnaissant que la structure « tourne encore à 50 % de ses capacités ».

Rethel n’est d’ailleurs pas la seule commune à compter des abattoirs en difficulté. En début d’année 2020, la Cour des comptes dans son rapport annuel fustigeait d’ailleurs la production trop faible des 80 structures françaises, les abattoirs publics ne traitant à l’époque que 7 % des 3,7 millions de tonnes de viande produites annuellement en France et 90 % d’entre eux abattaient moins de 5000 tonnes de viande.