Le recul des ventes de Champagne se limite à 20% pour les trois premiers trimestres

À fin septembre, les ventes de Champagne ont reculé de 23% sur l’ensemble des marchés, dont 20% en France, 24% dans l’Union Européenne et 26% dans les pays tiers. Au cœur de la deuxième vague de la Covid, la baisse des expéditions pourrait d’ici à la fin de l’année dépasser les 30% annoncés.

Sur les neuf premiers mois de l’année, les expéditions de Champagne, dans le monde entier, atteignent 140,6 millions de bouteilles, soit un recul de près de 23%, l’équivalent de 41,5 millions de bouteilles. Sur les douze derniers mois, les expéditions mondiales reculent de 44,3 millions de cols. À peu de nuances près, les trois opérateurs de l’interprofession se partagent ce recul d’ensemble sur les trois premiers trimestres : respectivement -23,7% pour les maisons et -23,6% pour les coopératives, les vignerons connaissant une baisse moindre de 18,4%.

CHUTE DES VENTES, LE PRÉCÉDENT DE L’AN 2000

Face à ce recul d’étape, quasi modéré dans ce contexte de crise, on peut conserver en perspective les prévisions du Comité Champagne du mois de juin dernier selon lesquelles les expéditions de 2020 pourraient diminuer au final 100 millions de bouteilles et donc estimer à 46 millions le solde des volumes encore à perdre. Entre temps, la deuxième vague de la Covid risque de confirmer ce recul annoncé d’au moins 30% et donc aller bien au-delà des 74 millions de bouteilles manquantes au bilan de l’année 2000.

Avec une progression timide des ventes en juin (+1%) et surprenante en août (+15%), le marché français confirme sa déprime : -9% en septembre et -20% pour les 9 premiers mois, sans oublier les abysses d’avril (-74%) et de mai (-55%). Au bilan provisoire, le recul des expéditions est pratiquement partagé à égalité par les trois opérateurs : -19,7% pour les maisons, -19,3% pour les vignerons et -18,5% pour les coopératives. Sur une année glissante, le recul est cependant plus prononcé pour les maisons (-13%).

C’est au mois d’avril que le marché de l’Union Européenne a connu sa plus grande dépression (-65%), avant les -50% de mai. Les trois mois de juillet (-2,5%), d’août (-8%) et de septembre (-3%) marquent un certain répit dans la baisse des expéditions qui totalise cependant un total de 24% sur neuf mois et 15% sur les douze derniers mois.

LES EXPORTATIONS PLUS TOUCHÉES QUE LE MARCHÉ INTÉRIEUR

Sur cette destination, de janvier à septembre, les vignerons (-3,3%) font mieux que les maisons (-25%) et les coopératives (-27%). Les vignerons enregistrent même une légère progression (+0,4%) sur les douze derniers mois.

Les expéditions vers les pays tiers ont connu un excellent score en janvier (+23%), dans la foulée de la dynamique des années précédentes, et des baisses, plus ou moins prononcées de février (-13%) à septembre (-16%), avec les chutes remarquables d’avril (-60%) et de mai (-62%). Désormais, les pays tiers enregistrent une baisse cumulée plus importante qu’en France et que dans l’Union Européenne, de 26% pour les maisons et les vignerons et de près de 34% pour les coopératives.

Si la crise de la Covid impacte fortement les ventes du Champagne dans le monde dès le mois d’avril (-68%), puis de Mai (-56%), les scores de janvier (+1,7%) et de février (-11,4%), puis de mars (-22%) indiquaient bien un ralentissement puis un recul, confirmé tout au long de l’été et du mois de septembre (-10%).

LES FRANÇAIS BOIVENT DE MOINS EN MOINS DE CHAMPAGNE

Il faut remonter à 1999 pour trouver le record des ventes de Champagne en France métropolitaine. Les 190 millions de bouteilles de l’époque seront par la suite approchées par six années consécutives d’euphorie hexagonale (entre 181 et 188 millions de bouteilles) de 2006 à 2011, en passant par 2007, année du record des expéditions dans le monde (339 millions de bouteilles).

À partir de 2011, le marché français va décliner régulièrement de 182 à 141 millions de bouteilles, soit un recul de 22,5%. Dans le même temps, entre 2011 et 2019, le marché mondial, tout en passant sous la barre des 300 millions de bouteilles en 2019, ne cède que 7,5%, avec bien des fluctuations. Dans les vingt dernières années, la consommation des Français a chuté de près de 26%.

L’évolution du poids de la France métropolitaine dans le marché mondial illustre bien cette tendance. On est passé de 70 à 75% dans les années soixante et quatre-vingt à moins de 50% aujourd’hui, un cap franchi en 2017. Les neuf premiers mois de 2020 ramènent ce poids relatif à 45,3%.