Le numérique rattrapé par la crise

Les entreprises du numérique sont, comme les autres, fortement affectées pas la crise sanitaire. C’est ce que montre une étude réalisée par Digital113, en collaboration avec la Direccte. Présentée le 8 avril, l’enquête, qui donne une photographie de la filière à un instant T, permet de tordre le cou à une idée fausse. « Certains ont pu penser que le secteur du numérique, parce qu’il avait une forte capacité à utiliser les outils numériques et à télétravailler, au sens travail déporté, était épargné, explique Simon Bretin, vice-président de Digital113. Or, c’est oublier que pour pouvoir télétravailler, il faut avoir du travail ! » De fait, parce qu’elle travaille de façon transversale avec tous les autres secteurs économiques, l’industrie de service qu’est la filière du numérique voit leurs difficultés se répercuter sur ses propres activités de manière forte. Ainsi les difficultés que connaissent Airbus ou Air France, deux gros donneurs d’ordre en région, impactent très directement les entreprises du numérique.

54 entreprises ont répondu à l’enquête dont la moitié d’éditeurs de logiciels et un tiers d’ESN. Ainsi, au 31 mars, soit seulement deux semaines après le début du confinement, 94 % des entreprises témoignent d’une production perturbée, et près d’une sur deux (47 %), d’une production très perturbée, voire à l’arrêt. Des perturbations causées par l’annulation sèche de commande pour 41 % des répondants. 61 % affirment ne voir aucun nouveau business rentrer. Seul point positif : 28 % des répondants déclarent avoir une activité récurrente qui devrait leur permettre de sauver leur année. L’impact sur le chiffre d’affaires de l’année pourrait être conséquent. Début avril, parmi les entreprises interrogées, plus d’une sur deux (52 %) estime la perte à plus de 20 % de son chiffre d’affaires annuel. Des chiffres qui, si les difficultés perdurent, vont inévitablement grossir, sachant que « certains donneurs d’ordre ont annulé toutes leurs commandes tel Safran tandis qu’Airbus maintient certaines d’entre elles, mais pour d’autres, ne s’est pas engagé », précise Amélie Leclercq, DG de Digital113. Conséquence, près de la moitié des entreprises interrogées a déposé un dossier d’activité partielle pour tout ou partie de son personnel et 30 % l’envisagent d’ici fin avril, si la situation ne s’améliore pas. Mais assure aussi Amélie Leclercq, « parmi les entreprises que nous avons contactées, certaines craignent déjà de devoir fermer leurs portes ».