Le e-boulon, la sécurité des temps modernes

Avec le boulon connecté, la société nivernaise Texys Group se donne les moyens de révolutionner la sécurité et la maintenance prédictive.

Peut-être vous êtes-vous déjà posé la question de savoir comment les techniciens pouvaient vérifier la fixation du plus long pipe-line du monde (6.350 kilomètres) situé aux États-Unis ou comment il était possible de vérifier le serrage d’une pale d’éolienne à 60 mètres de hauteur… probablement pas. Et pourtant, la question est essentielle en termes de sécurité et de maintenance et la réponse pourrait bien venir grâce à une technologie Made in Nièvre : le boulon connecté. Si une telle technologie existe déjà dans le domaine nucléaire (la société C-Bolt dans le nord de la France déposait en 2018 un brevet de contrôle via la fibre optique), le concept mis au point par la société d’ingénierie nivernais Texys, déjà parmi les leaders des capteurs embarqués pour la course automobile, permet d’élargir les applications notamment à l’industrie ou au transport. Équipé d’une jauge de contrainte (un capteur) dont les données dynamométriques sont définies lors de la conception, le boulon est capable de transmettre ces données sans source d’alimentation particulière. L’idée est née chez Airbus.

La compagnie, régulièrement sous les feux de l’actualité pour des problèmes de visserie avait vu son A380 cloué au sol en 2008 suite à plusieurs problèmes de boulons et le Bureau d’enquêtes et d’analyse avait lancé en 2019 une grande battue en Bourgogne pour retrouver une pièce qui s’était détachée d’un A220 de la compagnie Swiss.

UN BOULON BON POUR LA PLANÈTE

Le boulon Texys est aujourd’hui à l’essai chez un fabricant d’hélicoptères dont le nom est scrupuleusement tenu secret. Et pour cause, les applications pourraient bien révolutionner la sécurité mais surtout la maintenance prédictive dans de nombreux domaines industriels : « C’est un procédé qui convient autant aux éléments en mouvement que statiques : on peut l’appliquer à la sécurité des barrages ou des pipe-line de plusieurs milliers de kilomètres mais aussi à des pâles d’éoliennes à 60 mètres de hauteur, des trains… et pourquoi pas des satellites… il n’y pas de limite », explique Emmanuel Esnault, directeur général de Texys Group. Alors comment ça marche ? Interrogerait Michel Chevalet (célèbre journaliste de télévision spécialisé dans l’actualité scientifique)… À l’aide de deux techniques : le filaire via un boitier qui se connecte à la tête du boulon (de 4 à 27 millimètres) où est placé le capteur dans un cône usiné, ou, pour les contrôles plus compliqués, comme les équipements en hauteur, avec un téléphone ou une tablette portable grâce au Wireless : « On peut ainsi immédiatement savoir s’il y a un problème de serrage, un défaut sur n’importe quelle partie de n’importe quel objet, conclut Emmanuel Esnault, et intervenir immédiatement ». Au-delà de l’intérêt pratique, cette technologie a aussi un impact économique : en offrant de limiter les interventions de maintenance et donc aussi les erreurs humaines, elle permet également d’anticiper les arrêts de production ou de fonctionnement, l’un des cauchemars de la compétitivité.