L’abeille mal protégée en Europe

Malgré le déclin massif des abeilles en Europe depuis presque trente ans, l’Union européenne freine continuellement les tentatives de protection de ces pollinisateurs.

À la mi-juillet 2019, un comité technique de l’Union européenne a décidé d’adopter un texte qui repousse encore un peu plus la mise à jour du système d’homologation des pesticides qui permet toujours la commercialisation de molécules dangereuses pour les pollinisateurs en passant outre l’avis de ses propres experts et de la communauté scientifique.

Une mesure de révision des tests d’évaluation en vigueur des risques des pesticides sur les abeilles, surnommés « tests abeilles », a été proposée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) il y a déjà six ans, en juillet 2013, après avoir montré l’année précédente les failles du système en place. Mais le texte adopté le 17 juillet 2019 repousse les mesures proposées par l’Efsa à un examen ultérieur, au mieux, après l’été 2021.

Pour le moment, les tests en laboratoire ne cherchent par exemple qu’à déterminer la toxicité aiguë d’un pesticide pour l’abeille adulte, alors que des tests ont montré que l’exposition au long terme des abeilles à certains pesticides comme l’imidaclopride, dont la dose est plusieurs milliers de fois inférieure au seuil de toxicité aiguë, peut tout de même tuer une abeille en quelques jours.

En 2013, l’Efsa a rédigé des lignes directrices prenant en considération les risques associés à l’exposition chronique et les risques potentiels pour les larves, ainsi que les différentes voies d’exposition et les effets non mortels des produits chimiques sur les abeilles, comme la perte de fertilité. Mais ce texte n’a aucune valeur légale.

Entre 2013 et 2019, ce document guide a été présenté une trentaine de fois au comité technique concerné, composé de représentants de chaque État membre de l’UE, mais jamais aucun accord pour l’adopter n’a été trouvé, faute de majorité qualifiée. L’association française Pollinis, qui participe au comité des parties prenantes, dénonce l’intense lobbying des industriels de l’agrochimie sur le sujet.

La nouvelle mesure adoptée en juillet 2019 ne fait pas avancer le dossier. L’exécutif européen a demandé à son agence de réviser son document en s’axant sur les preuves relatives à la mortalité des abeilles, en tenant compte des avancées des connaissances sur le sujet. Le tout pour juin 2021.