La biodiversité dans toute sa diversité

À l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité, le 22 mai dernier, la Mission Coteaux, Maison et Caves de Champagne – Patrimoine mondial, en collaboration avec l’Institut Georges Chappaz, a organisé une conférence en ligne consacrée à « La biodiversité dans les paysages de Champagne ». Une remarquable initiative !

Depuis 2015, l’Unesco s’engage en faveur de la biodiversité. A sa suite, la Mission Coteaux, Maison et Caves de Champagne – Patrimoine mondial s’est emparée du sujet pour y sensibiliser le plus large public. Et pour les nombreux internautes qui ont suivi la conférence en ligne du 22 mai dernier sur le thème de « La biodiversité dans les paysages de Champagne », comment ne pas être convaincu de l’intérêt – et aujourd’hui de la nécessité – de la biodiversité en général, dans les paysages de Champagne et du vignoble champenois en particulier ?

LES RISQUES DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Difficile, cependant, de résumer dans un simple article la qualité des exposés. Joël Rochard, enseignant et représentant de l’OIV, a ainsi rappelé l’importance des impacts sur la faune et la flore engendrés par la modification d’une seule donnée sur l’agro-écosystème culturel qu’est le terroir viticole champenois. Il citait l’appauvrissement de la culture des cépages dû à la crise phylloxérique (aujourd’hui une dizaine de cépages représentent les deux tiers de l’encépagement viticole mondial !), mais également le retour de cépages anciens en Champagne (l’arbane, le petit meslier…) en raison du réchauffement climatique.

Lequel réchauffement climatique risque de favoriser le développement de maladies fongiques ou d’insectes nuisibles (comme la cicadelle verte, par exemple…), et la modification ultérieure des paysages… Vaste problème !

PORTE-GREFFES ET CÉPAGES

Chef de projet au service technique du Comité Champagne, Alexandra Bonomelli, rappelait que les composantes professionnelles du vignoble avaient mis en œuvre, depuis une vingtaine d’années, plusieurs plans d’actions, et réalisé de nombreuses analyses environnementales de l’activité du champagne (plan eau, plan carbone, biodiversité…).

Elle rappelait également que s’il existe actuellement 31 variétés de porte-greffes inscrites au catalogue national, le célèbre 41 B est utilisé à 80 % en Champagne alors même que d’autres sont tout aussi adaptés aux sols calcaires ; que seuls 7 cépages sont autorisés en Champagne quand il y en a 450 en France et 6 000 dans le monde ; et que parmi ces cépages, il existe 31 clones de chardonnay et 47 de pinot noir. D’où l’intérêt de « piocher » dans cette diversité pour trouver des cépages plus résistant à la sécheresse, par exemple. Reste qu’il n’y a pas une seule et unique forme de biodiversité à envisager, mais une multitude de biodiversités à prendre en compte et à aborder, et qu’en ce qui concerne les paysages de Champagne cette biodiversité passe par la mise place de pratiques viticoles durables (enherbement, réduction des intrans…), la conservation de ce qui existe aujourd’hui, le réaménagement du vignoble pour créer des habitats favorables. A qui veut appréhender la biodiversité dans toute sa… diversité, on ne saurait trop conseiller de se rapprocher du Comité Champagne et d’Alexandra Bonomelli !

DES PRATIQUES QUI VONT DANS LE BON SENS

Pour sa part, Jérémy Miroir, consultant naturaliste, soulignait que malgré quelques particularités locales, le vignoble champenois dispose d’une faune et d’une flore commune.

Et si la biodiversité évolue selon les pratiques viticoles, celles-ci vont aujourd’hui dans le bon sens… Les actions ainsi réalisées depuis quelques années ont favorisé la réapparition de certaines espèces – l’enherbement pour la chouette notamment, mais cela se vérifie aussi pour d’autres pratiques et d’autres espèces. Le mode de conduite culturale et le principe de gestion appliqué détermine l’évolution de la biodiversité au sein du vignoble. Et il s’agit bien là d’une façon de protéger, de défendre et de transmettre le patrimoine naturel champenois.

Signalons enfin qu’il est possible de trouver l’ensemble de cette remarquable conférence en ligne sur le site YouTube de la Mission Unesco.