Éric Dupont-Moretti, nouveau garde des Sceaux

La cérémonie de passation de pouvoirs entre Nicole Belloubet et Éric Dupond-Moretti, nouveau garde des Sceaux, ministre de la Justice s’est déroulée le 7 juillet sur le perron de l’hôtel de Bourvallais, siège de la Chancellerie. Ponctuée par la traditionnelle remise des Sceaux, elle a été l’occasion pour l’ancien avocat de tracer les grandes lignes de son action. « La justice peut être améliorée, a-t-il notamment affirmé. D’ailleurs, la France, dans le classement des pays les plus condamnés par la Cour européenne des droits de l’homme, occupe la douzième place sur 47 pays, la plupart de nos condamnations intervenant à raison de procès inéquitables. Je ne fais de guerre à personne. Je veux avec vous garder le meilleur et changer le pire. J’entends bien sûr, dans le dialogue et la concertation, faire évoluer la magistrature dans le sens d’une plus grande ouverture sur la société et remettre à plat l’ordonnance de 58. Je veux avancer sur un projet qui me tient à cœur : l’indépendance de la justice. Je souhaite être le garde des Sceaux qui portera enfin, lors d’un congrès, la réforme du parquet tant attendue. Je veillerai à ce que les enquêtes préliminaires restent préliminaires et ne soient pas éternelles, comme c’est, hélas, parfois le cas. Je vais demander à la Direction des affaires criminelles et des grâces de me faire des propositions en ce sens. Il convient de trouver un juste équilibre entre l’efficacité de l’enquête et le principe du contradictoire sans lequel la justice n’est rien. Je souhaite également que nous travaillions ensemble sur la présomption d’innocence et le secret de l’enquête. Bien sûr, des journalistes seront associés à ces réflexions. La justice ne se rend pas dans la rue, ni sur les réseaux sociaux, ni dans les médias. Et l’honneur des hommes, pas plus aujourd’hui qu’hier, ne mérite d’être jeté aux chiens. J’entends également, et c’est une volonté forte du président de la République, mettre en place une justice plus proche du citoyen, meilleur accueil des victimes. Je compte réunir l’ensemble des procureurs généraux rapidement pour échanger sur ces questions. Est-il admissible aujourd’hui qu’une victime ne soit pas systématiquement entendue? Je compte porter avec détermination ce que vous avez commencé : la PMA, le parquet européen, la réforme de l’ordonnance de 45, pour moi, absolument essentiel. Je veux restaurer le secret professionnel des avocats. Bien sûr, je n’oublie pas la condition pénitentiaire. Je pense aux prisonniers, à leurs conditions de vie inhumaines et dégradantes. Je pense bien sûr aux personnels de l’administration pénitentiaire que j’assure de mon indéfectible soutien ». Il a également adressé un message bienveillant à toute la famille judiciaire : magistrats, greffiers et membres des professions réglementées.