Du tango pour faire bouger nos ainés !

Au travers de la société ABB Reportages basée à Dijon, l’artiste Anne Bramard-Blagny travaille depuis huit ans avec l’université de Bourgogne et l’Inserm sur le pouvoir du tango sur le cerveau et le corps, et particulièrement en direction des aînés des Ehpad. Avec la pandémie, sa démarche a trouvé une résonance toute particulière. Découverte.

Offrir une récréation, une bulle d’émotions joyeuses, du lien, du partage et du mouvement aux résidents des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), tel est le but des ateliers de « musique et mouvement » basés sur le tango, imaginés par Anne Bramard-Blagny et proposés par sa société ABB Reportages fondée en janvier 2010. Ces derniers sont conçus par des professionnels de la musique, de la danse, de la gériatrie et de la recherche médicale. Le projet est mené avec le soutien du gérontopôle Pierre Pfitzenmeyer et celui du fonds « Transmission et fraternité ». « En date du 17 mars, nous avions déjà 300 ateliers programmés dans une trentaine de lieux et six pays. La crise sanitaire nous a conduit à reconvertir notre projet en live, en un exercice en ligne, qui touche maintenant plus d’une soixantaine d’établissements dans six pays et six langues différentes, témoigne Anne Bramard-Blagny, qui contribue, depuis 1974, à bâtir un patrimoine audiovisuel assis sur la recherche des vraies valeurs au- delà des frontières, des générations et de tout type de catégorisation. En Bourgogne, l’ARS nous a introduit dans une douzaine d’Ehpad, mais le projet étant d’une part, parfaitement rodé et d’autre part, financé par la Fondation Alzheimer, l’objectif est de le proposer au maximum d’établissements ».

UNE RÉINVENTION DU « PRENDRE SOIN »

Dans le détail, le dispositif ne nécessite qu’une tablette, un téléphone ou un ordinateur. « Vous nous donnez une adresse mail. Vous recevrez alors le lundi, tous les 15 jours, pendant 20 semaines, une newsletter avec un lien vers la vidéo de l’atelier. Ensuite, une personne : cadre de santé, animatrice, aide-soignante, bénévole, membre de la famille… démarre le visionnage de l’atelier », développe Anne Bramard-Blagny, tout en précisant que pour les établissements qui n’ont pas de bonne connexion, l’atelier peut être envoyé par weTransfer. Une série d’exercices qui peuvent être proposés à la même personne plusieurs fois pendant chaque période, compose le contenu de ces récréations au rythme du tango. L’accès à une playlist offre le choix entre des exercices en versions de 26 minutes ou par épisodes de deux à cinq minutes. « En période de confinement, la mobilisation dans les premiers ateliers s’est faite en position assise, avec des exercices très faciles. Il s’agissait de vivre l’expérience comme un échange entre la personne qui met l’atelier en marche et l’aîné qui le reçoit. Puis, à partir du déconfinement, nous avons pu mettre en place les premiers pas de danse encadrés. La projection des ateliers a alors lieu devant un groupe et sur la télévision ». Ces moments de complicité ont généré des retours positifs des personnes qui se sont appropriées cet outil : elles ont chanté, bougé et sont allées jusqu’à danser. Des retours qui ont pris la forme de textes, photos ou petits films… Chaque quinzaine, l’un d’eux se voit récompensé d’un prix du plus beau témoignage remis par les deux partenaires soutiens du projet : le Cassis Boudier et la Chocolaterie de Bourgogne.

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