Des prévisions de croissance alarmantes en Europe pour 2020

La Commission européenne a publié le 6 mai ses nouvelles prévisions de croissance pour l’année 2020.

En raison de l’épidémie de coronavirus, tous les pays membres devraient entrer dans une profonde récession bien qu’à des degrés divers. Des perspectives qui, selon Bruxelles menacent l’équilibre de la zone euro et appellent à une plus grande solidarité entre États.

Alors qu’en novembre, Bruxelles anticipait une croissance de 1,1 % en 2020 dans la zone euro, c’est désormais une récession historique qui va s’abattre sur le continent. La richesse des économies européennes pourrait se contracter de 7,4 % en 2020 et de 7,7 % dans la zone euro. Il s’agit d’une récession bien plus importante que la baisse de 4,5 % enregistrée en 2009, pire année de la crise financière.

Toutefois, tous les pays n’encaissent pas le choc de la même manière et la crise du coronavirus menace la stabilité de la zone euro et exacerbe les divisions économiques et sociales au sein de l’Union européenne. Sans surprise les pays qui vont payer le plus lourd tribut sont ceux qui ont le plus durement confiné leur population : Italie (- 9,5 %), Espagne (- 9,4 %), France (- 8,2 %) alors que ceux qui ont été plus souples s’en sortent un peu mieux : Pologne (- 4,3 %), Autriche (- 5,5 %), Suède (- 6,1 %) et Allemagne (- 6,5 %).

La forte dépendance au tourisme de certains pays est un autre élément de fragilité. Les pays pour lesquels la Commission européenne anticipe les pires récessions cette année sont dans l’ordre : la Grèce (- 9,7 %), l’Italie (- 9,5 %) et l’Espagne (- 9,4 %), tous trois très dépendants des dépenses des touristes. Pour ceux-ci, Bruxelles prévoit en effet une reprise plus difficile en raison de la baisse permanente des niveaux d’investissement et de l’impact sur des secteurs tels que le tourisme.

Bien que l’exécutif européen anticipe un début de rebond au deuxième semestre, l’année 2020 dans son ensemble s’annonce très difficile. Pour 2021, la Commission anticipe une reprise de l’activité mais ne croit pas à un rebond suffisamment fort pour effacer totalement le choc. Seules l’Allemagne, l’Au- triche, la Croatie, la Slovaquie et la Pologne devraient retrouver le niveau d’activité économique du dernier trimestre de 2019, contrairement à l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas où le niveau de production resterait inférieur de plus de 2% au niveau de fin 2009 sur la même période.

Sans un effort coordonné des États membres la crise risque d’introduire de graves distorsions entre pays du Nord et du Sud au sein du marché unique et pourrait à terme menacer la stabilité de l’union économique et monétaire. Pour le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, l’Union doit « se montrer solidaire, et prendre à sa charge une grande partie des dépenses que devront faire Rome, Athènes, ou Madrid pour se remettre de cette récession sans précédent ».