Des conditions de confinement plutôt favorables dans le Grand Est

Le confinement met en exergue des inégalités économiques et sociales jusqu’ici insoupçonnées. Parmi elles, les conditions de logement indiquent, selon l’INSEE, un Grand Est plus favorablement équipé pour cette contrainte sanitaire.

Dans son étude sur les conditions de vie des ménages en période de confinement, l’INSEE estime que les mesures du confinement touchent différemment les populations selon le type de logement occupé, la composition des ménages et l’accès aux technologies de la communication. Sur ce dernier point, il faut rappeler que si 12% des Français n’ont aucun accès à Internet, 53% des plus de 75 ans sont dans ce cas. Dans les critères qu’il retient, outre la segmentation logements collectifs et maisons individuelles, ces dernières équipées à plus de 90% d’un espace extérieur, l’INSEE note 5 millions de personnes vivant dans des logements au nombre de pièces insuffisant et 10 millions d’habitants, dont 2,4 millions de plus de 75 ans, vivant seuls dans un logement.

L’étude pointe les fragilités augmentées en période de confinement : sur-occupation des logements familles monoparentales avec des jeunes enfants dans un habitat exigu, personnes âgées seules en zones rurales dépourvues de commerces, absence de liaisons numériques. En ce qui concerne les isolés de plus de 75 ans (3,6% en Métropole et 3,7% dans le Grand Est), les extrêmes régionaux se situent en Haute-Marne (4,9%) et dans les Vosges (4,5%), d’un côté, le Bas-Rhin (3,1%) et le Haut-Rhin (3,4%), d’un autre côté.

DEUX FOIS MOINS DE SUR- OCCUPATION DANS LA RÉGION

Dans son indicateur de confinement, logements supposant plus d’habitants que de pièces à l’exception des studios, l’INSEE à partir d’un indice national de 5% dresse une géographie régionale du confinement qui place le Grand Est dans une position médiane, mais deux fois moins critique (2,7% de logements en sur occupation) que le niveau métropolitain.

Les deux grosses sur occupations des logements se trouvent à Paris (15,9%) et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (7,5%) avec notamment 11,7% pour le département des Alpes Maritimes. Les sur occupations moindres sont le fait de la Bretagne (1,5%), des Pays de la Loire (1,8%), de la Bourgogne-Franche-Comté (2,1%) ou de la Nouvelle-Aquitaine (2,2%).

Les statistiques intrarégionales, sur cette moyenne de 2,7%, indiquent une plus forte sur occupation des logements dans le Bas-Rhin (4,1%) et le Haut-Rhin (3,3%). Cet indicateur est de 2,2% pour la Marne, 2,9% pour l’Aube et 1,5% pour les Ardennes. Si 10% des foyers parisiens accueillent quatre personnes et plus dans un logement de une à deux pièces, on ne s’entasse pas et loin de là dans le Grand Est (de 0,5% en Haute-Marne à 1,9% dans la Bas-Rhin).

Si les conditions d’un confinement sont meilleures en maison individuelle qu’en logement collectif, là encore, la région trouve un terrain favorable : 97% d’appartements à Paris et 70% dans les Alpes Maritimes au lieu de 36% dans le Grand Est (de 20% en Haute-Marne à 46% dans le Bas-Rhin).

LA CARTE DES EXILÉS DU CONFINEMENT

Environ 1,2 million de Franciliens (17% de la population régionale), dont la moitié de Parisiens, a quitté la région pour vivre ailleurs le confinement. Cette information provient de la téléphonie mobile de chacun, recueillie par l’opérateur Orange qui signe avec l’INSEE l’étude Taux d’évolution des nuitées avant et après le début du confinement.

Le but de cette étude : « Pandémie et confinement ont abouti à une nouvelle répartition de la population sur le territoire qui concerne entre 1,6 et 1,7 million de Métropolitains depuis le début de la crise sanitaire ». Orange explique sa méthode : comptage des activations des mobiles entre minuit et six heures, un intervalle de temps que l’INSEE qualifie de « nuitée », terme employé généralement dans l’hôtellerie. L’opérateur qui détient 29% du marché de la téléphonie mobile extrapole les résultats à l’ensemble de la population métropolitaine.

On apprend ainsi que 2,6% de la population nationale ont changé de territoire durant le week-end 14 au 15 Mars et que ce chiffre monte à 22% pour Paris. Dans le Grand Est, trois départements, la Marne, la Moselle et le Haut-Rhin ont provisoirement perdu 1% de leur population. Les huit autres gagnent en résidents, surtout les Ardennes et la Meuse (+4%), les Vosges (+3%), la Haute-Marne et l’Aube (+2%). Six départements, l’Eure, le Gers, la Haute-Loire, le Lot, la Nièvre et l’Yonne, tous au-dessus de +5%, sont de véritables havres de paix pour ces exilés d’un nouveau genre.