Déclin démographique continu dans la moitié du Grand Est

Loin de l’influence des grandes villes, la baisse démographique prédomine depuis 50 ans. C’est cette déprise, diminution récurrente de population, qui place le Grand Est en 2e position des régions les plus touchées, derrière les Hauts-de-France.

Globalement la population du Grand Est a augmenté de 12% entre 1968 et 2015, loin de la progression métropolitaine, hors Ile-de-France, de 29 %. C’est sur cette période de près de 50 ans que l’INSEE évalue le phénomène de diminution de population, dit de déprise. Sur cette durée, près de la moitié du territoire régional a perdu de la population. Cette spécificité fait du Grand Est la première région métropolitaine en déprise, phénomène qui ne touche qu’un tiers de la France de province.

Cette déprise concerne surtout les zones les moins densément peuplées (Vosges et espace allant de la frontière belge à la Haute-Marne, par exemple). En 2015, 27 % de la population du Grand Est vit dans un territoire en déprise, soit 12 % de plus qu’en France de province. Sur ce critère, le Grand Est occupe le deuxième rang des régions, derrière les Hauts-de-France (30 %). Cependant, cette déprise qui a entraîné une perte de 13 % des populations concernées, a des conséquences moindres qu’en province (15%).

HAUTE-MARNE ET MEUSE EN DÉPRISE MARQUÉE

La Haute-Marne et la Meuse sont les départements les plus touchés par cette baisse récurrente de population depuis 1968, baisse qui touche 83 et 90 % des deux territoires, contre à l’inverse 2 % pour les deux départements alsaciens, le Bas Rhin et le Haut-Rhin. Entre 1968 et 2015, le déclin démographique régional découle principalement d’un déficit migratoire, en partie compensé par un excédent des naissances sur les décès. Le Grand Est se caractérise par un déficit migratoire supérieur à celui de la France de province. Le solde naturel positif, confronté à un vieillissement de la population, est en déclin.

La déprise n’est pas homogène dans le Grand Est. Elle est régulière et modérée aux alentours des villes de taille intermédiaire comme Chaumont, régulière et plus marquée loin des villes centrales comme le long du corridor entre Nancy et Strasbourg, irrégulière en marge des grandes métropoles (Luxembourg et région parisienne), en accroissement puis en déclin comme à Chaumont (-1,4 % de la population entre 2006 et 2016), Saint-Dizier (-1,9 %) ou Bar-le-Duc (-1,1 %).

EVOLUTION CONTRASTÉE DANS LE CENTRE ARDENNAIS

Avec un focus sur Chaumont, le corridor Nancy-Strasbourg et le nord lorrain, l’INSEE évalue le centre ardennais sous l’influence rémoise et la frontière belge. Ce centre ardennais, zone de 123 500 habitants, compte près des deux tiers de son territoire en déprise, mais n’a perdu que 3,2% de sa population entre 1968 et 2015 et de façon très hétérogène. Le nord-ouest de cette zone a perdu plus du quart de sa population, la zone de Charleville-Mézières n’a cédé que 8,9% de sa population et, a contrario, l’ouest de ce territoire a connu une croissance de 60%.

Ce centre ardennais a enregistré une forte croissance naturelle entre 1968 et 1975, mais également un déficit migratoire qui s’est creusé par la suite. Entre 1999 et 2015, cette zone a subi un déficit migratoire important. Le Nord-ouest de ce territoire ardennais ne compte que 20 habitants/km2 et entre dans la catégorie déprise régulière, tout comme le nord-est et le sud-est de la zone, plus peuplés (300 habitants/km2) qui attirent une part importante des actifs des territoires voisins.

LA PLUS FAIBLE CROISSANCE DES DIX DERNIÈRES ANNÉES

Pour rappel et selon les statistiques les plus récentes, le Grand Est compte 5 549 586 habitants au 01/01/2017, soit 5 600 habitants de moins sur un an, une baisse imputable essentiellement au solde migratoire négatif. Avec les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est enregistre la plus faible croissance (+0,1 %) de population entre 2007 et 2017. Quatre départements gagnent des habitants (Aube, Meurthe-et-Moselle, Bas-Rhin et Haut-Rhin) et quatre en perdent (Ardennes, Haute-Marne, Meuse et Vosges). La Marne et la Moselle restent stables.

Parmi les six plus grandes communes de la région, les deux premières, Strasbourg et Reims, enregistrent une croissance de leur population entre 2006 et 2016. Les trois suivantes, Metz, Mulhouse et Nancy, perdent des habitants. Colmar, en sixième position est en net progrès (1,2 %). À noter les renversements de tendances entre les périodes 2006-2011 et 2011-2016, pour Reims (de -0,3 à +0,3 %), Troyes (de -0,4 à + 0,2 %) et Romilly-sur-Seine (de -0,6 à + 1,1 %).